Congo – Lieux de Cultes : Les sièges des arrondissements auraient-ils cessé d’être laïcs ?

De plus en plus de sièges des arrondissements des villes congolaises ouvrent leur espace à des séances de prières, des cultes ou encore des concerts de musique religieuse. À Brazzaville, les sièges d’arrondissement de Moungali et de Ouenzé excellent dans cette pratique. Si la dérive est perçue par les uns et les autres comme une action sociale de la mairie ou du maire principal ordonnateur, à l’égard des citoyens, elle sape hélas les fondements mêmes de l’assise républicaine, la laïcité de l’État.

Les valeurs religieuses sont bien ancrées dans la société congolaise. L’État permet à chacun de pratiquer sa religion et d’user de ses croyances, dans le strict respect du cadre garanti par la loi.

Si les relations entre les Églises et l’État restent harmonieuses, il y a qu’au plan institutionnel, une séparation existe entre ces deux institutions et l’on ne saurait tolérer un mélange de genres.

En droit, la laïcité est le « principe de séparation dans l’État, de la société civile et de la société religieuse ». Elle implique l’impartialité ou la neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses ».

Le mot laïcité désigne par extension le caractère des « institutions, publiques ou privées, qui sont indépendantes du clergé et des Églises ».

La laïcité garantit la liberté de conscience. Cela veut dire que chacun a le droit de posséder ses croyances ou ses convictions ainsi que de les exprimer dans les limites du respect de l’ordre public.

Chacun a le droit d’avoir sa religion, de la changer ou de ne pas en avoir. Nul ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses.

La laïcité n’est pas une opinion parmi tant d’autres mais le principe qui permet d’en avoir.

La laïcité implique la séparation de l’Etat et des organisations religieuses.

De cette séparation résulte la neutralité de l’État, des collectivités territoriales.

La République laïque impose ainsi l’égalité des citoyens face à l’administration et aux services publics, quelles que soient leurs convictions ou croyances.

C’est à dire que dans un lieu laïc, tel le siège d’un arrondissement ainsi que ses dépendances, le siège de la préfecture ou sous-préfecture et des services publics telles les écoles et autres centres hospitaliers, toute activité à caractère non laïc, tels les prières, les cultes, les rites ou autres concerts religieux y sont interdits. Cela vaut pour tout le monde sans exception.

Devant l’État tous les citoyens sont égaux, sans distinctions. L’aménagement d’une exception à la règle de laïcité signifierait qu’il faut rendre disponible les lieux à tous types de mouvements religieux et croyances quelconques qui en feraient la demande.

Un féticheur en manque d’espace de consultation y trouverait gracieusement un local.

Le vendredi par exemple, les musulmans viendraient avec leurs tapis de prière et investiraient la cours de la mairie. Le maire serait en droit de l’accepter, au nom de l’équité, car leur demande de jouir des lieux, préalablement formulée se devrait d’être acceptée, comme celle des autres églises de réveil qui ont pris possession des lieux.

Quelle pagaille résulterait donc de ce laisser-aller. Alors, il serait peut-être temps de refermer « la boîte de Pandore ».

Il est vrai que les Églises et l’État Congolais entretiennent d'excellentes relations. Les fréquences et échanges réguliers témoignent bien de la vivacité et du dynamisme desdites relations.

Chaque fois que l’État s’est trouvé en capacité d’aider les Églises qui en ont fait la demande, il y a toujours répondu, dans le strict respect des principes.

Plusieurs actions à l’endroit de l’Église Catholique par exemple, témoignent de l’excellence de ces relations, parmi lesquelles l’érection du clocher et la réhabilitation de la toiture de la Basilique Sainte-Anne du Congo.

On peut également citer la construction du siège de l’ACERAC (Association de la conférence épiscopale de la région d’Afrique Centrale), la finalisation des travaux de la paroisse de Madibou et bien d’’autres.

Sensible à ces demandes formulées dans un cadre bien précis, le Président Denis Sassou N’Guesso a toujours résolu de mettre un terme à la détresse des paroissiens tout en restant dans le rôle qui est le sien.

L’appel à la générosité résonne bien dans la Bible : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ». Le président congolais, s’inscrit dans l’optique de cette parole éternelle, tout en garantissant la laïcité de l'État dont il est le garant. 

Aux maires et autres administrateurs territoriaux de suivre l'exemple, dans la gestion de l'espace laïc dont ils ont autorité.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville