Dolisie va mal, la ville se dégrade, les habitants se plaignent de vivre dans un cadre peu agréable

A Dolisie, la capitale départementale du Niari (sud), la troisième ville du Congo, on en parle beaucoup pour le niveau du chômage ou de l’insécurité, mais leurs habitants se plaignent aussi de vivre dans un cadre peu agréable, dégradé et mal entretenu. Les gens observent le phénomène chez eux mais n’imaginent pas qu’il se produit la même chose partout. On s’aperçoit que le centre-ville est très touché aussi, et c’est en fait toute la capitale de l’or vert (203 587 habitants en 2021) qui se meurt dans la douleur.

Depuis 2003 date de la mise en place de la décentralisation, les maires se succèdent, mais Dolisie ne change pas.

En 2006, date de la municipalisation accélérée, il y a eu deux principales voiries urbaines, la voie qui part du quartier Tsila à l'entrée de Dolisie jusqu'à l'aéroport puis remonte vers le marché central. En dehors de quelques édifices publics (Mairie centrale, siège du conseil départemental du Niari, la Préfecture, l'aéroport...) Le quotidien des dolisiens s'est dégradé.

«Inadmissible, horrible et scandaleux», les habitants de Dolisie ne tarissent pas de critiques lorsqu'il s'agit d'évoquer les voiries dégarnies et défoncées de la ville préfecture du Niari.

Pourtant, les usagers de la route, motards ou chauffeurs de taxis en tête, savent à quel point un nid de poule ou une plaque de goudron recouverte de graviers peuvent être au mieux un problème pour le dos des conducteurs, au pire un véritable danger.

30 % des accidents mortels seraient dûs à Dolisie à un défaut de voirie. Ceci en ferait la première cause devant toutes les autres (alcool, produits stupéfiants, vitesse excessive, somnolence...). Etonnant, et presque difficile à croire.

Toutes les avenues et rues de Dolisie sont dans un état de délabrement très avancé.

Indispensable à la vie et à la santé des hommes, l’eau est une ressource d’une importance cruciale pour le bon développement d’un pays. Dans la ville de Dolisie et dans plusieurs quartiers ( Mangandzi, Tahiti, etc), l'eau est une denrée rare. Même dans les zones équipées de canalisations, il y a des coupures en permanence.

Et la question est aussi esthétique, notamment la laideur des bâtiments et habitations.

Les toitures portent la couleur rougeâtre dégagée par la poussière.

Le chômage frappe la jeunesse, mais touche aussi les plus âgés

Près d’un jeune actif sur cinq de 18-40 ans est au chômage. Cela fait plus de 20 ans que le taux de chômage des jeunes se situe à un niveau très élevé à Dolisie.

Des générations dont toute la carrière s’est déroulée sur fond de chômage approchent aujourd’hui de l’âge de la retraite. Avec des conséquences plus graves pour les moins qualifiés dont l’insertion dans l’emploi durable est plus longue.

On aurait tort de minimiser le chômage des plus âgés. Depuis la fermeture de SOCOBOIS, la société congolaise des bois, la capitale de l’or vert a enregistré davantage de chômeurs parmi les plus de 50 ans.

La drogue, un souci majeur

À Dolisie, le trafic de drogue n’est plus l’apanage des quartiers sensibles. Il a aujourd’hui essaimé dans tous les recoins de la ville, alimentant l’ensemble des strates de la population.

Pour tenter de limiter son emprise et notamment ses nuisances sur les habitants, les coups de filet se multiplient. Avec, pour effet de bord, une délinquance de plus en plus violente.

Voilà des mois voire des années que le petit manège dure au quartier Gaïa. Le trafic de drogue s’opère sans complexe. Avec des trafiquants à peine gênés par les rondes de policiers.

Conscients du danger, certains essaient de se remettre dans le droit chemin en retrouvant leur lucidité. Ce n’est pas toujours évident. Ceux qui ont déjà franchi la ligne rouge recherchent encore des issues dans une ville qui manque d’infrastructures curatives.

Le « chanvre indien » est un staphylocoque doré qui ronge plusieurs jeunes de Dolisie et ne peut être enrayé que par l’amputation. Tant qu'on ne prend pas de mesures radicales, il faudra pour les habitants serrer les dents et pleurer en silence.

Déstabilisée par la consommation de drogue et la pression migratoire, la ville Préfecture du Niari a basculé dans une violence aux accents latino-américains. Dolisie n'est plus l'Eden départementale du temps d'avant. L'alcool et les rassemblements musicaux agissent comme des mèches lentes. Les armes comme des détonateurs.

Dolisie est devenue une ville en sommeil avec ou sans soleil.

Malgré ses atouts, aujourd’hui, l’esprit dolisien est complètement éteint et n’arrive plus à entretenir cette flamme créative, transgressive, bigarrée et épicurienne.

Les travaux de la première session ordinaire dite budgétaire du Conseil municipal de Dolisie se sont achevés le 7 mars dernier par l'adoption d'un plan quinquennal 2023-2027. Il a examiné et adopté son budget exercice 2023 équilibré en recettes et en dépenses à la somme de 2 243 090 475 FCFA.

Ce budget est en augmentation de 01,35% par rapport à celui de l’année précédente qui se chiffrait à 2 213 090 475 FCFA et se fixe deux objectifs en investissement, notamment l’éclairage public et l’aménagement des voiries urbaines.

Le reste peu encore attendre !

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville