Christophe Moukouéké est mort ce jeudi à l’âge de 82 ans à Brazzaville

Très affaibli ces dernières années, Christophe Moukouéké, homme politique congolais, cofondateur du Parti congolais du travail (PCT, parti au pouvoir), député, plusieurs fois ministre et secrétaire général de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) le parti du Président Pascal Lissouba, est décédé ce jeudi matin à la clinique Leyono à Brazzaville, à l’âge de 82 ans.

Au début des années 1970, Christophe Moukouéké, enseignant de carrière, fait partie des jeunes loups du Parti congolais du travail.

Tous ceux qui l’ont connu à cette époque gardent de lui le souvenir d’un homme ouvert, disponible et travailleur.

Après le travail, le réconfort, dit-on trivialement. Bon vivant, il a ses entrées dans les concerts des Bantous de la capitale où il était une figure familière.

Il fut nommé ministre de l’Enseignement primaire et secondaire le 16 décembre 1971. Il y fit la preuve de ses qualités de grand clerc de l’État.

Après une trêve ministérielle, il retrouve le gouvernement le 9 janvier 1975 en qualité de ministre de l’Information.

Voilà un homme que la politique n’avait pas changé. Il avait su garder son habituel entregent. Pendant plus de deux décennies, à différents postes de responsabilité, il est au firmament de la politique dans notre pays, jusqu’à un passage à vide qui ne dura pas longtemps, heureusement pour lui.

La Conférence nationale, dont il fut l’un des instigateurs acharnés, lui donna l’occasion de rebondir. En politique, on n’est jamais définitivement perdu. Très vite, dans une démocratie en gestation où chacun cherchait ses marques, il se retrouva en définitive dans l’Upads, le parti du professeur Pascal Lissouba. Il en devint le secrétaire général.

Politiquement, il ne fut pas exempt de critiques. Et certains de ses propos le classèrent dans le camp des « durs » sous le régime du président Lissouba. Dans le feu de l’action, ceux qui agissent se trompent parfois. Absolution, s’il en est.

Son destin bascula avec la guerre du 5 juin 1997. Il prit avec d’autres compatriotes la route de l’exil.

Il y a un temps pour se battre, il y a un temps pour se réconcilier. Tous ceux qui étaient en exil purent rentrer au Congo. Christophe Moukouéké revint au pays et se fit élire, dans la foulée, député de la circonscription de Mabombo en 2007.

Ténor de l’opposition, Christophe Moukouéké, né le 25 avril 1939 à Mvouti, est constitutionnellement disqualifié de la course présidentielle en 2009, iniquement déclassé par le verrou de l’âge contenu dans la constitution incriminée. Il a pourtant un vrai potentiel à mettre au service du Congo. Son âge sonne, hélas, comme un thrène.

Il expose son projet de reconstruction de la République du Congo dans son ouvrage "Le Congo d'après guerre (1997-2000), Défis majeurs et nécessaires mutations". Il y préconise entre autres la réconciliation nationale, la restauration et l'approfondissement de la démocratie, la décentralisation, la réforme industrielle ainsi qu'une révolution éthique et morale.

Après maintes tentatives de réconciliation au sein de l'UPADS à la suite de querelles de positionnement, Christophe Moukouéké avec certains ténors de l'upads entre autres Tamba-Tamba Victor, Jean Itadi, Nimi Madingou et Arsene Tsaty Mboungou vont définitivement tourner la page upadesienne pour la création d'une nouvelle formation politique, le Congrès africain pour le progrès (CAP). Cette nouvelle structure, qui ne se départ en rien des idéaux essentiels du professeur Pascal Lissouba, a pour emblème fondamental la noix de palme et semble parfaitement ancrée dans l'opposition congolaise.

La mort ne consulte aucun calendrier. Repose en paix, Christophe. Tu auras bien vécu.

Les Échos du Congo-Brazzaville présentent ses condoléances les plus attristées à la famille cruellement éprouvée et à toute la population de Mabombo dans la Bouenza (sud).

Jean-Jacques DOUNDA-MFUMU / Les Echos du Congo-Brazzaville