L’Ambassade du Congo à Moscou pris d’assaut par des étudiants en colère

«L'éducation est un droit», pouvait-on lire sur la bannière qui ouvrait la grande manifestation étudiante dans le centre-ville de Moscou. Plusieurs étudiants congolais, venus de plusieurs villes de la Russie, ont répondu à l'appel de leur association, prenant la chancellerie congolaise d'assaut et bloquant toutes les entrées. Comme promis, ils protestaient contre le non-paiement des arriérés de leur bourse (22 mois).

«J’ai été presque séquestré. Malgré mes explications. Difficile de se faire entendre. Seul mon gabarit a pu me sauver. J’ai évacué le personnel et j’ai fermé la chancellerie. J’ai demandé au policier, chef de la sécurité, de faire appel aux forces spéciales au cas où ces étudiants saccageaient les locaux. Je suis en ce moment à la résidence en train de suivre la situation », a écrit l’ambassadeur du Congo en Russie.

Le gouvernement congolais connu pour sa propension à faire du Congo une nation émergente, est en passe de créer un foyer inutile de tension en Russie.

Depuis plus de 22 mois, des étudiants congolais n’ont pas perçu leurs bourses. Et malgré maintes tentatives de rallier les autorités congolaises à leur cause, le Ministère des Finances traîne les pieds.

Ces étudiants envisagent pour leur part de se faire entendre par tous les moyens pour rentrer en possession de leurs bourses dans la mesure où ils soulignent que la situation serait, à les en croire, devenue "alarmante" avec les loyers impayés, les frais de scolarité non réglés, les problèmes de nourritures, de transport, d’internet, de visa, d’assurance médicale et d’assurance de police, des vêtements adaptés aux saisons, etc.

Un étudiant congolais boursier du premier cycle en Russie a 150.000 FCFA par mois, celui du deuxième cycle à 165.000 FCFA par mois et enfin 180.000 FCFA par mois pour le troisième cycle.

Qu’est ce qui peut en effet justifier le fait que jusqu’à ce jour, la quasi-totalité de ces étudiants n’aient pas reçu leur allocation de bourse depuis plus de 22 mois ? Pourquoi tant de retard ?

Il serait important qu’une lumière soit faite sur la situation que vivent les 600 étudiants congolais boursiers en Russie.

Au Congo Brazzaville, la population est durement frappée par la chute des cours du baril de pétrole. Les sociétés qui gravitaient autour de l’activité pétrolière ont fermé les unes après les autres. Les licenciements ont été massifs. La misère a gagné les grandes villes du pays où il faisait pourtant beau vivre. Le gouvernement a des difficultés à payer les salaires des fonctionnaires, les pensions des retraités et les bourses des étudiants.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville