Congo – Fêtes de fin d'année : Des dépenses et réjouissances parfois sources de conflits conjugaux

Des vêtements neufs pour la famille, des cadeaux, des repas pantagruéliques, des boissons, des sorties, les congolais ont de tout temps formaté leur vie à des dépenses allant parfois au dessus de la bourse, en période de fêtes. La pression est telle, qu'il en découle bien souvent des conflits conjugaux.

Dans les ménages modestes, la période des fêtes de fin d'année et du nouvel an a toujours été celle d'un climat tendu, si l'humilité y est absente.

L'inadéquation entre les besoins exprimés pour les réjouissances et les ressources du foyer entraîne souvent des tumultes au sein du couple, comme si le sens de la vie ne tenait qu'à ces festivités.

Bien souvent, la femme est à l'origine des tensions, car le cahier de charges qu'elle présente pour les réjouissances en période de fêtes ne tient nullement compte des ressources réelles du foyer, et surtout de ce que la vie continue après les fêtes.

Entre l'achat des vêtements nouveaux pour l'épouse et les enfants, la préparation du festin de Noël et du nouvel an, l’achat des jouets pour les enfants, la « bonne fête » à souhaiter aux beaux-parents à travers une enveloppe cossue, de nombreux chefs de familles sont soumis à une pression presque inextricable.

Si d'aventure, outre son ménage légitime, ledit chef de famille dispose d'autres « bureaux », autrement dit des foyers extraconjugaux, la situation devient insoutenable.

Dans chaque foyer, les besoins pour les fêtes sont présentés comme une nécessité vitale garantissant l'honneur de la famille, à travers ce goût de l'opulence. Et des couples menacent parfois de se disloquer, faute pour le mari de n'avoir souscrit à ces prescrits.

C'est à la limite une compétition pour laquelle chacun voudrait paraître. Ainsi l'angoisse s'installe t-elle auprès des démunis, qui se sentent diminués.

Même si le dicton met en garde : « après les réjouissances, s'installe la famine », beaucoup agissent comme si en ces périodes de fêtes, le monde s'arrêtait.

Les congolais s'accordent à dire que « janvier est le mois le plus long ». Un mois au cours duquel, faute d'argent, exagérément dépensé pendant les fêtes, beaucoup « tirent le diable par la queue ».

Pourtant, d'année en année, la pratique est la même. Même les campagnes de sensibilisation aux changements de mœurs semblent se heurter aux habitudes qui ont la vie dure, bien dure.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville