Congo : Les élèves évitent les toilettes à l'école

L'école congolaise propose-t-elle un cadre de vie favorable aux apprentissages et au bien-être des élèves ? Toilettes nauséabondes, portes ne se fermant pas de l’intérieur, pas de papier et aucune surveillance à cause de l’odeur, c’est une expérience désagréable qu’ont vécue beaucoup d’entre vous : éviter les toilettes de l’école, du collège ou du lycée parce qu’elles sont trop sales ou peu sûres. Problèmes d'hygiène, d'insécurité ou d'accès: de nombreux élèves congolais renoncent à fréquenter les WC de leur établissement avec, à la clé, des risques énormes pour leur santé.

Maux de ventre, incontinence urinaire, constipation... Les collégiens et lycéens qui ne vont pas aux toilettes à l'école et se retiennent toute la journée en subissent les conséquences.

L'absence de point d'eau n'incite pas non plus à se laver les mains avant de passer à table, ce qui favorise "la propagation d'épidémies". Dans certains établissements, il n'est même plus possible de le faire.

Parce que les élèves utilisent les sanitaires de façon intensive, pendant des périodes limitées, l'état des toilettes se dégrade vite au cours de la journée.

Certains établissements comptent un nombre nettement insuffisant de WC. Etant donné le nombre d’élèves. A cause de l’attente trop longue, certains élèves restent donc toute la journée sans aller aux toilettes.

Manque de papier, problème d'odeurs, de propreté et manque d'intimité, un tiers des collégiens et lycéens n'utilisent pas pour ces raisons les WC de leur établissement.

Sujet anecdotique ?

L'état des sanitaires n'est pas sans conséquence sur les problèmes d'hygiène et de santé des jeunes: pathologies induites, risques de transmission bactériologique, atteinte au bien-être des personnes.

Les conséquences peuvent prendre la forme de douleurs abdominales, fuites urinaires, brûlures à la miction ou encore constipation, le tout influant sur leur capacité à se concentrer. Les filles sont celles qui sont les plus touchées par ces troubles recensés.

Le cas classique, c'est l'élève qui, en sortant du collège, déboule au cabinet à 12h plié en deux parce qu'il s'est trop retenu.

Lorsqu’une constipation s'installe, il faut penser à boire beaucoup et manger des légumes et évidemment arrêter de se retenir. Il est également important d'expliquer que ne pas uriner de la journée provoque des urines qui stagnent et donc des infections urinaires. C'est un sujet tabou. Mais les élèves passent 7 heures par jour à l’école. Nous devons prendre en compte cet aspect de leur vie quotidienne même s’il est difficile à résoudre. Car quand l'établissement tente d'apporter des améliorations dans les sanitaires, ça ne dure pas trois jours, elles ne sont pas respectées par les élèves.

Pourtant, le problème des toilettes n'est pas une fatalité. S'en saisir ne doit pas être tabou, vu les conséquences induites sur la santé et le bien-être. Pistes évoquées: nettoyage des appareils par chasse automatique, portes et cloisons respectant l'intimité ou encore ventilation performante.

Les problèmes de propreté dans les sanitaires sont souvent de la responsabilité des élèves. Il n’y a pas de personnel de ménage à disposition dans les établissements scolaires du pays. C’est une façon d’éduquer et d’inculquer la notion de responsabilité aux ados souvent réfractaires.

Germaine Mapanga