Congo – Lutte contre les « bébés noirs » : Le procureur de la République aurait-il donné un permis de tuer à la Force publique ?

« Nous ne devrons pas avoir peur des bébés noirs, mais ce sont ces terroristes qui doivent avoir peur de nous. La police ne doit pas se laisser faire », martelait le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Brazzaville, André Oko Ngakala, le 11 mai, lors du lancement des patrouilles mixes gendarmerie-police dans les arrondissements six, Talangaï et neuf Djiri, pour traquer les bandits communément appelés « bébés noirs ».

Dans la foulée, une vingtaine de « bébés noirs », détenus au commissariat de Kibeliba, avaient été présentés au public.

Traquer les bébés noirs et les déférer devant la justice, telle semblait être la motivation fondamentale de ces patrouilles intensives.

Samedi 13 Mai, deux jeunes présumés bébés noirs ont été arrêtés par la police. Ceux-ci ont été présentés comme faisant partie d'un groupe de bébés noirs qui semaient la terreur au quartier mfinda à Djiri, dans le secteur dit de Japon métal.

Cependant, au lieu d'être conduits au commissariat par les policiers qui les avaient appréhendés, ces deux bandits présumés, mis à nu puis traînés à travers le quartier sous les huées d'une foule excitée, auraient au final été exécutés froidement.

«Nous voulons d’une opération qui porte des fruits. La police doit nous débarrasser de tous ces bandits, car il y  a des choses que nous ne faisons plus ici la nuit, tel que faire des courses ou aller à la prière du soir » demandaient les habitants des quartiers touchés par le phénomène bébés noirs.

À défaut du tribunal, pour les juger et les faire emprisonner, la police a choisi de s'en débarrasser de la manière la plus radicale, par des exécutions sommaires. Un bien meilleur moyen d'éviter qu'ils ne reviennent inquiéter les paisibles populations.

Sans prendre fait et cause pour les bébés noirs, certains dénoncent déjà des méthodes de barbares pour des Forces dites de l'ordre, que d'exécuter en public et sans jugement des malfrats appréhendés.

Bertrand BOUKAKA