«Une société se juge à l’état de ses prisons » ou « l’État de droit ne doit pas cesser à la portes des prisons » disait Albert Camus. Cependant, les prisons sont dans un tel état dans notre pays que l’emprisonnement ne peut, aujourd’hui, concrètement strictement rien apporter si ce n’est une élimination physique temporaire du délinquant, mais aussi une détérioration de ce dernier en milieu pénitentiaire et une insécurité majeure pour l’avenir. Le gouvernement prenant appui sur l’opinion publique affirme qu’il n’y a pas de punition s’il n’y a pas d’enfermement.
Les médias parlent souvent des questions qui ont trait à la justice. Ils montent en épingle certains faits divers odieux, qui provoquent en générale une réaction immédiate des pouvoirs publics. Ces temps derniers ils se sont fait l’écho des nombreux cas de suicide survenus en prison.
La situation dans les prisons au Congo est littéralement lamentable ! Maintes voix autorisées l’ont proclamé depuis des années, mais cela n’a rien changé.
Après chaque rapport le silence retombe.
Au cas où un lecteur de ces lignes viendrait de débarquer d’une autre planète, on rappelle que les ONG des droits de l’homme et le rapport 2016 sur les droits de l’homme au Congo publié par l’ONU condamnent sans nuances la situation carcérale. On y épingle notre pays pour la situation calamiteuse de ses prisons, en parlant de « traitements inhumains et dégradants ».
Partout on trouve les mêmes constats : surpopulation, promiscuité intolérable, hygiène déplorable, système disciplinaire d’un autre âge, locaux sales et dégradés, manque d’accès aux soins médicaux, maintien en détention de prisonniers malades, agressions sexuelles à l’intérieur de cellules surpeuplées, suicides…La liste n’est pas exhaustive ! Pas de mesures d’insertion !
A ce propos, il faut signaler que la surpopulation concerne surtout les maisons d’arrêt. A signaler, aussi, qu’un tiers de ces prisonniers ce sont des prévenus en attente de jugement et, par conséquent, présumés innocents !
C’est cette surpopulation qui détériore les conditions de travail des surveillants de prison.
Néanmoins, ce n’est pas seulement le manque de moyens qui explique l’état de nos prisons, mais le regard de la société vis-à-vis du délinquant.
Si, plus que jamais, on considère à juste titre que la fonction de la Justice est de protéger la société et de punir ceux de ses membres qui on enfreint gravement les règles de vie sociales en les privant de liberté pendant une période plus ou moins longue, en revanche on a tendance à oublier que le prisonnier est un citoyen comme un autre et que le droit doit lui être appliqué.
Ce délinquant reste toujours un homme à qui la prison ne doit pas infliger des situations dégradantes et inhumaines. Sa peine consiste à ne pas être libre, bien suprême de l’homme. C’est tout !
Sévèrement tancé par les ONG des droits de l’homme et l’ONU pour les conditions de détention dans ses prisons, le gouvernement congolais veut donner une véritable cure de jouvence dans les différentes Maisons d’arrêt du pays et examiner avec la plus grande attention les recommandations de l'ONU.
Pour finir sur un ton un peu plus optimiste, le Président congolais, Denis Sassou Nguesso a annoncé récemment un grand projet de loi pénitentiaire et la construction des centres pénitentiaires plus modernes et plus développés afin de mettre les détenus dans de bonnes conditions.
Nous attendons impatiemment les résultats !
Jean-Jacques Jarele SIKA