Grève à Nkayi : c'est tendu entre les agents municipaux et le maire central de la ville sucrière

Fumée blanche au Vatican, enfumage à Nkayi ! La colère gronde chez les agents municipaux. L’intersyndicale de la Mairie de la ville sucrière a décidé, le 8 mai 2025, d’aller en grève jusqu’à nouvel ordre en raison du non-paiement des salaires. Les agents cumulent plus de 70 mois d’impayés dont 12 mois d’affilée sans avoir reçu un seul radis.

Selon l’intersyndicale, ce mouvement social est l'aboutissement d'une crise de confiance entre le président du conseil municipal, maire central de la ville de Nkayi, Michel Batomissa Malanda, et les deux centrales syndicales (CSC et CSTC).

Pression et management autoritaire

Munis de banderoles et de pancartes aux messages évocateurs, tous sont venus exprimer leur mal-être au maire central de Nkayi.

«Nous sommes là pour faire part de nos revendications pour de meilleures conditions de travail. Nous sommes en quête d’un dialogue social rétabli qui s’est érodé au fil du temps, laissant place à un fossé entre les agents et le maire central de la ville de NKayi », nous a confié un gréviste, joint au téléphone par notre rédaction.

Les grévistes en colère, les visages courroucés, dénoncent et se plaignent également de « pression », « d’intimidations, d’un management autoritaire et d’une gestion scabreuse et artisanale des finances » et parlent aussi d’une « souffrance quotidienne ».

Selon eux, le président du conseil municipal, maire central de la ville de Nkayi, Michel Batomissa Malanda, aurait mis de côté de l’argent public de sa ville pour s’offrir d’importants biens immobiliers à Nkayi et ailleurs.

Et l’intersyndicale de la Mairie de la ville sucrière ne démord pas, brandissant la thèse de preuves de la vente de la caillasse d’une valeur de près d’un milliard de FCFA abandonnée par une entreprise chinoise notamment sur le premier site situé dans le district de Kayes, hors de sa zone de compétence,  et le deuxième en face du marché Dangoté à Nkayi, sans penser à payer même un mois d’arriéré de salaire à ses agents ou tout simplement liquider la dette vis-à-vis de la CNSS.

Mais, toujours selon l’intersyndicale, il y a aussi ses proches collaborateurs dont les noms ne nous ont pas été transmis qui ont aidé Michel Batomissa Malanda à réaliser la transaction pharaonique. Ils seraient eux aussi impliqués dans la vaste combine.

Forte de ses affirmations, l’intersyndicale demande à la justice de lancer une enquête, dans le but de voir clair dans l’affaire des biens immobiliers et de la vente illicite de la caillasse laissée par les chinois. Une demande d’enquête pour une affaire de bien mal acquis, en somme.

On rappelle qu'un premier avis de grève avait été présenté par les centrales syndicales et repoussé à la suite des négociations ouvertes entre les deux parties, tenues du 23 au 25 avril 2025.

A la suite de l'assemblée générale du 02 mai 2025, les agents municipaux ont refusé les termes des accords obtenus entre les deux centrales syndicales et l'exécutif municipal (mise en place d'un comité de gestion spéciale mixte chargée de collecter les différentes taxes locales et d'ordonner les dépenses), et exiger le paiement d'un mois de salaire sur les recettes liées à la vente des agrégats abandonnés par une entreprise chinoise et vendus par la Mairie de Nkayi.

Une grève illimitée qui risque de porter préjudice aux jeunes de Nkayi étranglés par le chômage car la présente période est caractérisée par la constitution des dossiers utiles au recrutement par la SARIS-Congo dans le cadre de la campagne sucrière.

Pour permettre au Préfet de la Bouenza (sud) d’entreprendre les négociations avec l’intersyndicale en grève, gage de la paix sociale en entreprise, Marcel Nganongo, a recommandé tous les grévistes de bien vouloir se conformer à la législation et la réglementation en vigueur en matière du travail en République du Congo.

Par conséquent, les dispositions des articles 248-11, 248-15, 249-4 du code du travail doivent être observées sans conditions. L’application des dispositions des articles susmentionnés obligerait le Préfet de la Bouenza de fixer la date de négociation, ce selon les dispositions de l’article 242 du code du travail, a-t-on appris auprès d’une source proche de la Préfecture de la Bouenza.

Jessy Gerfred Berdie / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photos : DR