Congo - Protection des enfants contre les violences : L’UNICEF insiste sur l’impérative nécessité d’agir

Le 4e module de l’atelier de formation des professionnels des médias à la promotion des droits de l’enfant s’est déroulé le vendredi 26 avril 2024, dans la salle du Bureau de pays Congo, du Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF) à Brazzaville.

Des femmes et les hommes des médias ont pris part à cet atelier a eu pour objectif majeur, de renforcer les capacités des acteurs des médias dans la promotion des droits de l’enfant, mais aussi de les informer sur la protection de l’enfant contre la violence, de les sensibiliser à l'impact de la violence à l’égard sur les enfants, d’encourager les acteurs des médias à s’engager dans le plaidoyer contre la violence faite à l’enfant.

Les acteurs des médias sont désormais équipés dans leur connaissance de la protection de l’enfant contre la violence et aussi, de même qu’ils s’engagent dans le plaidoyer contre la violence faite à l’enfant.

L’ODD n°16, c’est-à-dire, le 16 Objectif de Développement Durable appelle à mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants.

Dans son mot de circonstance, Gauthier Ferran de la section Communication et Partenariat de l’UNICEF, a exhorté les médias à s’impliquer de manière permanente et continue à faire le plaidoyer contre cette violence faite à l’enfant, à s'impliquer dans la lutte contre la violence à l’égard des enfants et diffuser ou publier des images de violences à l’égard de l’enfant, afin de sensibiliser de plus près son environnement le plus immédiat.

Pour Stevie Sianard, la catégorisation des acteurs associés à la violence peut nous aider à mieux comprendre les causes et les conséquences de la violence. « Cette catégorisation des acteurs associés à la violence peut nous aider à mieux comprendre les causes et les conséquences de la violence.

Le caractère individuel : considère l’influence des facteurs liés aux caractéristiques personnelles de l’individu sur la survenue de la violence.

Le relationnel : examine l’influence des relations sociales étroites (famille, partenaires amoureux, amis ou pairs, etc…).

Le caractère communautaire : s’intéresse à l’influence des caractéristiques des contextes et des milieux (milieu scolaire, sport, voisinage, lieu de travail) dans lesquels ont lieu les relations sociales.

Le caractère sociétal : tient compte de l’influence des caractéristiques de la société (ex. : normes culturelles et sociales, lois, inégalités) sur l’adoption de comportements violents.

Le temporel : ou historique (notion de temps) transcende tous les niveaux du modèle », a-t-elle expliqué.

Cependant, la violence à l’égard des enfants reste pourtant cachée et tolérée par la société. Elle est d’ailleurs souvent perçue comme un tabou ou comme une forme de discipline nécessaire rarement dénoncée, la conséquence est que les statistiques officielles n’en reflètent guère l’ampleur ou la fréquence La violence est souvent le fait de personnes connues des enfants et qui jouissent de leur confiance, si bien que les victimes se sentent, ouvertement ou implicitement, contraintes de se taire. Ce phénomène répandu s’entoure d’une culture du silence, du secret et de l’indifférence sociale, ouvrant ainsi la voie à une impunité généralisée.

La violence a un impact profond et durable chez l’enfant et provoque des effets graves sur le développement physique, émotionnel et mental. Avec : le traumatisme causant des symptômes tels que : cauchemars, des flashbacks, de l'anxiété et de l'hyperactivité ; problème de santé mentale, dépression, l'anxiété, les troubles de l'attachement et les troubles de stress posttraumatique (TSPT) ; difficulté à établir et à maintenir des relations saines et positives avec les autres, problèmes de confiance et de défiance envers les adultes, difficultés relationnelles ; comportements agressifs eux-mêmes. Ils peuvent devenir intimidants, se battre avec leurs pairs ou présenter des troubles de conduite Comportements agressifs ; retards académiques et des difficultés d'apprentissage ; difficultés académiques ; une perception négative d'eux-mêmes. Ils peuvent se sentir coupables, honteux ou responsables de la violence qu'ils ont vécue.

Nonobstant les violences faites à l’enfant, la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) garantie les cinq droits primordiaux réservés à l’enfant : Le droit à une identité à une nationalité ; le droit à la santé ; le droit à l’éducation ; le droit à la participation et le droit à la protection.

Selon les études, dans le monde, 1,5 milliard d’enfants sont victime de violence, sous une forme ou une autre par an ; des enfants, parfois âgés de 12 mois (1 an) seulement, sont victimes de violence, souvent de la part des personnes chargées de s’occuper d’eux.

En 2023, selon le Rapport annuel de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants : le nombre d’enfants qui travaillent a augmenté pour atteindre 160 millions à l’échelle mondiale ; au moins 200 millions de filles et de femmes vivant aujourd’hui dans 31 pays ont subi des mutilations génitales féminines ; chaque année, environ 12 millions de filles sont mariées alors qu’elles ne sont pas sorties de l’enfance et, si les tendances actuelles se maintiennent, plus de 100 millions de filles supplémentaires se marieront avant d’avoir 18 ans d’ici à 2030. Aussi, dans la majorité des pays, plus de 2 enfants sur 3 sont soumis à une discipline violente par les personnes qui s’occupent d’eux ; 105 enfants sur 100 000 sont placés en institution ; 30 sur 100 000 se trouvent en détention ; 35 % des enfants sont victimes de la traite ; 3,3 millions d’enfants sont victimes des formes modernes d’esclavage notamment le travail forcé dont plus de la moitié sont exploités sexuellement à des fins commerciales ; en ligne, les enfants sont de plus en plus à risque : l’OMS a souligné que 15 % des enfants avaient été victimes de cyber harcèlement.

Par contre, l’étude sur les violences de genre et les violences en ligne en milieu scolaire en République du Congo, réalisée par le gouvernement en 2019, avec l’appui technique et financier de l’UNICEF, fournit des informations essentielles.

En effet, les résultats de l’étude ont montré qu’en milieu scolaire : 73,8% des élèves sont victimes de violences verbales et psychologiques ; 37,4% des élèves sont victimes de violences physiques ; 33,0% de violences sexuelles ; 31,1% de violences économiques ; et 12,4% de violences en ligne. L’étude sur les enfants victimes de violences basées sur le genre, réalisée en 2021 dans sept départements sur douze que compte le pays, a permis de disposer de données récentes et fiables sur l’ampleur et l‘impact des violences sur le fonctionnement de la société congolaise. 1,338 cas de violences basées sur le genre (VBG) ont été recensées dont 312 dans les commissariats de police et 1026 dans les centres de santé. Parmi ces cas de VBG, on dénombre 248 cas de viols dans les commissariats de police, dont 85 % perpétrés dans les deux grandes agglomérations du pays (Brazzaville et Pointe-Noire), et 841 cas de viols dans les formations sanitaires ; les violences sexuelles représentent 90,38% des violences constatées par les services de la police judiciaire, suivies par les violences physiques (5,45%) et autres (4,17%) ; dans la majorité des cas, les VBG sont commises par les membres de l’entourage de la victime (parents, frères, cousins, voisins, etc.) ; les filles sont plus exposées aux que les garçons aux VBG.

En effet les filles représentent 97,1% des victimes contre 2,9% chez leurs pairs garçons ; 77% des cas de viols recensés dans les commissariats de police n’ont pas eu de suite ; L’âge moyen des victimes est de 12 ans ; Moins de 25 % des enfants victimes de VBG sont pris en charge tant sur le plan médical, psychologique, juridique et judiciaire ; parmi les cas de viols recensés dans les commissariats de police, seuls 2% des cas ont été présentés devant les tribunaux contre 21% des cas qui ont bénéficié d’un règlement à l’amiable.

En définitive, la protection des enfants contre toutes les formes de violence est un droit fondamental, que la communauté internationale s’est fermement engagée à garantir à tous les enfants, partout et en tout temps. Malheureusement, cette violence demeure une dure réalité pour des millions d’enfants à travers le monde et particulièrement au Congo-Brazzaville.

VALDA SAINT-VAL/Les Échos du Congo-Brazzaville