Ce qu’il faut retenir du message de Denis Sassou N’Guesso sur l’état de la Nation devant le Parlement réuni en congrès

Le 28 novembre dernier, le Président de la République, chef de l’Etat, Denis Sassou N’Guesso s’est adressé au Parlement réuni en congrès sur l’état de la Nation 2020, sous la présidence de l'honorable Léon Alfred Opimbat, premier vice-président, en lieu et place du président empêché, Isidore Mvouba, dans la salle des congrès, du Palais des Congrès, ancien siège du Parlement congolais. Devant les vénérables sénateurs, honorables députés, le gouvernement puis les ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques vivant au Congo, le Président de la République a fait un état des lieux du pays dans toutes ces dimensions. Il a ainsi abordé tous les problèmes cruciaux qui minent la vie des Congolais, ses compatriotes. Le Président s’est entre autre appesanti sur la sécurité alimentaire, qui est du reste un crédo fondamental et la lutte contre la corruption, véritable fléau qui gangrène le pays.

En effet, la date de cette activité présidentielle (l’événement ayant un aspect impératif et constitutionnel), n’est pas fortuite. C’est le jour anniversaire de la proclamation de la République du Congo. Le Moyen-Congo avait ce jour-là, donné naissance à une République, celle du Congo. D’où, son caractère symbolique. Denis Sassou N’Guesso a profité de ce jour anniversaire, le 64e, puisque la République du Congo fut proclamée, le 28 novembre 1958 à Pointe-Noire.

A l’entame de son discours, le Président de la République, chef de l’Etat, a rendu un hommage déférent aux Pères fondateurs de la Nation : « Je voudrais rendre un hommage mérité à nos illustres Pères, pionniers bâtisseurs d’un Etat moderne ainsi qu’à la génération de ceux qui ont porté à leur côté ou assumé, par la suite, le destin de la République et de la Nation », a-t-il fait remarquer.

« S’agissant de l’an 2022, la particularité provient de ce que cette adresse est faite aujourd’hui, 28 novembre, Journée de la République instituée au terme de la loi n°18-2010 du 27 novembre 2010. En effet, à la différence des seules évocations historiques d’antan à la Place qui porte son nom, sur les thèmes correspondant à cette cérémonie, l’hommage à la République, le 28 novembre de chaque année, sera à l’avenir rendu, avec plus de solennité et de densité », a-t-il précisé.

Il a par ailleurs confirmé que désormais, à l’instar de cette édition, la célébration de la Journée de la République se déroulera sur fond de message sur l’état de la Nation devant le Parlement réuni en congrès. « C’est l’opportunité, pour nous, de magnifier les symboles de la République ; à savoir notre Devise, notre Drapeau et nos Armoiries », a-t-il ajouté.

Le Président de la République a également rappelé l’évolution des différents services administratifs embryonnaires que comptait la République à la proclamation de la République du Congo. Sur le plan sanitaire par exemple, le Congo n’avait qu’un seul hôpital général, affecté aux quatre (4) Etats membre de l’Afrique Equatoriale Française (AEF), à savoir : le Moyen-Congo (actuel Congo) ; le Gabon ; l’Oubangui-Chari (actuelle Centrafrique) et le Tchad.

Abordant le domaine de l’agriculture, Denis Sassou N’Guesso a eu à rappeler quelques engagements pris lors de la dernière campagne électorale. « L’agriculture au sens large est véritablement recentrée au cœur de notre marche vers le développement. Je ne rappellerai jamais assez ’’qu’un peuple qui ne produit pas ce qu’il consomme, n’est pas un peuple libre’’. Ainsi, nous réaffirmons la nécessité de renforcer notre résilience devant les chocs survenant sur les marchés agricoles et de réduire nos importations alimentaires. Plusieurs initiatives entamées en 2021 et prolongées en 2022 méritent d’être poursuivies. Une attention particulière devrait être accordée à la stratégie de développement des zones économiques spéciales protégées, des fermes aquacoles et des unités de fabrication de l’aliment de bétail pour soutenir l’effort de nos éleveurs.

Le projet manioc-banane plantain devrait être pris en compte dans le cadre des Zones agricoles protégées. De même, l’appui aux producteurs du secteur café-cacao devra s’amplifier à travers le Projet de développement de l’agriculture commerciale », a-t-il réitéré.

Par conséquent, « La mobilisation de l’investissement privé participe d’un ensemble de préalables liés à l’attractivité du climat des affaires ainsi qu’à la crédibilité et l’image de marque de notre pays. Dans cette optique, nous appelons une fois de plus, au ressaisissement de nos cadres, pour s’abstenir de toute attitude rétrograde, de nature à décourager nos investisseurs, en subordonnant l’accomplissement d’un acte ou d’un service administratif au paiement d’une commission. J’exhorte également notre justice à un réel réajustement des comportements, des attitudes et des pratiques des personnels en charge de dire le droit au nom du peuple congolais. L’intensification de la lutte contre la corruption, la fraude et la concussion, à travers la consolidation de la bonne gouvernance au sein de l’appareil étatique en général et judiciaire en particulier, reste l’un des leviers majeurs de notre action pour rassurer nos partenaires », a renchéri et appuyé le chef de l’Etat congolais.

D’ailleurs, « la tenue de la prochaine session du Conseil supérieur de la magistrature offrira l’occasion de mettre un coup d’arrêt à ces pratiques qui risquent de ruiner des pans entiers de l’économie nationale », a déclaré Denis Sassou N’Guesso, en sa qualité de premier magistrat. Il a en outre invité l’ordre au gouvernement de poursuivre cette œuvre de redressement des mentalités par des conseils de disciplines et des sanctions exemplaires à l’endroit des fonctionnaires indélicats ».

« De façon général et malgré les turbulences de l’économie mondiale, les efforts déployés par le gouvernement pour garantir le paiement régulier des salaires et des pensions de retraite devraient être maintenus, voire redoublés, en intégrant, désormais, les bourses des étudiants actifs pendant que se poursuit la réflexion en cours sur l’arriérés de bourse des étudiants et de pensions de retraite. En outre, j’exhorte solennellement le gouvernement à : œuvrer pour des réponses judicieuses à la demande sociale et aux besoins vitaux de nos populations ; poursuivre les efforts de modernisation des systèmes éducatif et sanitaire ; intensifier, au-travers des filets sociaux, le soutien nécessaire aux compatriotes les plus démunis ; engager des solutions appropriées pour éradiquer la délinquance juvénile, l’insécurité péri-urbaine et les violences au genre qui prennent des proportions inquiétantes », a-t-il souligné.

A ce sujet, des sites de rééducation, de réinsertion et de formation aux métiers et au civisme ont été identifiés par le gouvernement à Bokania et à Aubeville.

« […] De même, j’ose espérer que la loi n°19 – 2022 du 4 mai 2022 (loi dite mama Mouebara) contribuera à donner un nouvel élan à la lutte contre les violences faites aux femmes au Congo», a souhaité Sassou N’Guesso.

En définitive, « après deux années consécutive de récession, due essentiellement à la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 et aux effets néfastes de la forte baisse des cours des matières premières, notamment du pétrole, l’économie nationale se redresse progressivement, ce qui se traduit par un taux de croissance de 2,6% en 2022. Les activités et les réformes à impact durable sur la vie économique, financière et sociale à venir de notre pays augurent de perspectives encourageantes avec, notamment : la révision de la Charte des investissements ; l’accélération du processus de simplification de la fiscalité ; la poursuite du paiement de la dette sociale. La consolidation des finances publiques se poursuit et la croissance devrait se raffermir davantage.

(…) Je ne le dirai jamais assez : la Paix constituera toujours la clé de voute de notre édifice commun le plus précieux, le Congo, sur une superficie de 342.000 km2, peuplé de 5 millions (5.000.000) d’habitants. Plus de la moitié de la population est jeune, un atout de choix en terme de ressources humaines. Le progrès doit être cumulatif et ne pas porter les germes de construction-destruction-reconstruction, d’où, l’impérieuse nécessité de préserver la PAIX. C’est à ce prix que notre marche vers le développement aboutira à des résultats pertinents », a-t-il conclu.

Pendant plus d’une heure et demie, le Président de la République, chef de l’Etat, Denis Sassou N’Guesso, s’est ainsi adressé aux congressistes pour un état des lieux économique, politique et socio-culturel de notre pays. Sans lunette, il a égrené son discours dans une salle plus qu’attentive et concernée puis un auditoire captivé par les propos du locuteur.

VALDA SAINT VAL / Les Echos du Congo-Brazzaville