Congo : Pierre Ngolo interpelle Denis Sassou N’Guesso sur la lutte contre les antivaleurs

Les corps constitués nationaux et les forces vives de la nation ont, par le biais du président du Sénat, Pierre Ngolo, invité le 5 janvier, le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, à tout mettre en œuvre pour lutter contre les antivaleurs dans le pays.

«Ayant toujours foi en leur destin et jaloux de la relation qui les lie à votre personnalité, nos compatriotes ont la ferme conviction qu’aucune entreprise de construction du pays et de relance de l’économie nationale ne peut vraiment prospérer si se développe la passivité face à la montée des comportements déviants. À raison, ils attendent de vous que soit donné un contenu réel à la lutte contre les antivaleurs afin que se produise effectivement la rupture annoncée et appelée par vous avec force », a déclaré Pierre Ngolo.

La lutte contre les antivaleurs, le jour de son évocation, cette mesure avait valu à Denis Sassou N’Guesso, ‘’des applaudissements, nourris et prolongés’’. L’assistance euphorique et toute acquise, s’était même mise debout pour applaudir, au point que le Président fut obligé de se reprendre, pour terminer sa phrase.

Lutte contre les antivaleurs, avons-nous dit. Quelle institution peut-elle en dresser son rapport interne, dans le processus d’exécution de cette ‘’directive’’ présidentielle, que l’on avait applaudie en son temps ?

Sans faire dans la délation, qu’il s’agisse de l’Assemblée nationale ou du Sénat, aucune de ces institutions ne peut évoquer un début d’ouverture d’enquête parlementaire pour des faits se rapportant à des antivaleurs, afin, le cas échéant, d’en saisir la Justice.

À propos de la Justice justement, combien d’auto saisine, les différents procureurs à travers la République, peuvent-ils brandir, montrant qu’ils ont pris le problème à bras-le-corps. Crimes économiques, atteintes aux libertés individuelles, aliénation du patrimoine public etc. Les domaines d’investigation ne manquent pas, surtout quand par sa clameur, la population crie son exaspération. Même quand certains services d’Investigations ont mené des enquêtes devant déboucher sur des interpellations par le corps judiciaire, celles-ci restent, sauf deux rares exceptions à minima, presque classées sans suite. Hélas…

Quant à la Force publique, c’est dire si son lien avec le peuple s’est renforcé ou distendu. De partout, montent les cris des populations qui subissent les méfaits des agents ripoux, qui salissent l’uniforme dont la grandeur se lit à travers le sens du devoir vis-à-vis du peuple. Tout est prétexte pour extorquer, rançonner, brutaliser, au mépris des textes réglementaires. Chez eux, l’uniforme est devenu un passe-droit et l’arme un instrument de coercition.

Chez de nombreux responsables administratifs à tous les niveaux, qui souvent se battent ''bec et ongles'' auprès du protocole d'État, pour obtenir le carton d'invitation, et applaudir le Président, assis dans la salle, on est pas loin des figurants qui s'en retournent à leurs occupations premières, une fois les scènes de tournage terminées. L'avant message ressemble à s'y méprendre à l'après message.

Alors, entre les syndicalistes qui auront entre autres documents de travail, le discours du Président et un directeur qui leur répond "ce n'est pas vous qui m'avez nommé ici", la guerre est ouverte, avec parfois une paralysie de la structure.

Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo-Brazzaville