Deux vols Air France en provenance de Paris vont exceptionnellement rouvrir l’espace aérien congolais fermé au trafic international, pour rapatrier des citoyens français bloqués à Brazzaville et Pointe-Noire. Les aéronefs partiront à vide de Paris, alors que dans le même temps, un peu plus de 500 congolais rongent leur frein en France, dans l’attente de rentrer au bercail.
L’état congolais se serait-il fait duper, si ce n’est que ceux qui pour son compte ont négocié avec les autorités françaises une dérogation pour permettre à des avions de la compagnie Air France d’atterrir exceptionnellement au Congo, en cette période de fermeture des frontières pour cause de coronavirus, ont manqué de jugeote et d’esprit de négociation en jouant franc-jeu? Le fait suscite incompréhension et surtout amertume auprès de nombreux congolais bloqués en France.
‘’Ces vols commerciaux exceptionnels qui décolleront de Pointe-Noire et Brazzaville le dimanche 29 mars à 9 heures, permettront aux ressortissants français qui le souhaitent, de rentrer en France, peut-on lire dans une note du consulat de France à Pointe-Noire qui reprend un message de l'ambassadeur de France au Congo.
Mais, grande est l’amertume des congolais bloqués en France, de savoir que ces vols, partant de paris samedi 28 mars, voyagent vide de tout passager, alors que de nombreux congolais sont bloqués en France. Hommes politiques, commerçants, fonctionnaires en fin de mission ou autres voyageurs venus rendre visite à de la famille vivant en Europe, commencent à trouver le temps longs dans ce pays étranger et se demandent pourquoi les négociateurs de l’État congolais n’ont-ils pas fait valoir le principe de réciprocité ? C’est à croire que ceux-ci ont simplement avalisé en toute naïveté une démarche qui leur a été imposée, sans qu’ils ne trouvent à y dire, à moins qu’ils ne se préoccupent pas du sort de ces compatriotes, ce qui est le cadet de leurs soucis. C’est ‘’irresponsable’’ crient de nombreux congolais qui se sont rapprochés de notre rédaction.
« Alors que de nombreux gouvernements de par le monde affrètent des avions aux quatre coins du monde pour rapatrier leurs ressortissants, le notre n’est même pas capable d’imposer que des compatriotes bloqués en France rentrent par des avions qui voyagent vides. Cela s’appelle « échange de bons procédés ». Personne n’a jamais dit qu’il allait y monter sans payer. C’est un manque de considération coupable pour ceux qui nous gouvernent. C’est à ce demander si les congolais comptent vraiment pour eux ou qu’ils font semblant de se préoccuper des compatriotes car, ces deux avions étaient une aubaine, notre pays ne pouvant en affréter par ses propres moyens. Certains d’entre-nous ont laissé de la famille au pays. Avec toutes les mesures qui se prennent suite au coronavirus, vous imaginez l’angoisse ? Hélas… », a dit avec colère Adrien P…, un cadre administratif dont la mission en France a pris fin et qui attend de rentrer.
Quoiqu’il en soit, ces congolais bloqués à travers le monde devront attendre, en se demandant, pour beaucoup d’entre eux, de quoi sera fait demain, même si autre ‘’naufragé’’ a conclu son appel téléphonique à notre rédaction avec humour : « pour une fois qu’on peu séjourner longtemps en France, il faut vivre confiné comme dans une cellule de prison. C’est maintenant que je réalise que notre environnement au Congo respire la liberté et le Congo me manque. »
Oui, on est jamais mieux que chez soi. Le ‘’bonheur est chez soi’’.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville