Congo – Vœux des Corps constitués nationaux : Pascal Tsaty Mabiala a réitéré à Denis Sassou N’Guesso son idée de lui aménager une porte de sortie honorable

Les corps constitués nationaux ont présenté mardi au Palais du Peuple, leurs vœux au couple présidentiel. La cérémonie qui s'est déroulée dans la salle des Ambassadeurs, a offert l'image d'une Nation rassemblée autour de l'Homme qui préside à sa destinée. Ce moment d’échange et de communion a pris toute sa charge symbolique à travers le rituel de la poignée de mains qui a rythmé la cérémonie.

Au sortir de la salle, certaines personnalités se sont prêtées aux questions de la presse, au nombre desquelles, le chef de l’opposition, Pascal Tsaty Mabiala qui a reprécisé son idée de demander au président de la République de tirer sa révérence, en ne se présentant pas à l’élection présidentielle de 2021.

L.E.C-B : Les challenges sont énormes pour 2020. Comment les entrevoyez-vous.

Pascal Tsaty Mabiala : Ce que j’ai dit et qui a été très mal compris par la presse ; moi, j’ai fais une proposition. Nous sommes à quelques mois d’une élection majeure, l’élection présidentielle et rien ne se dit ni dans la presse, ni chez les acteurs majeurs que sont les experts du ministère de l’Intérieur, ni le président dans son message, aucun mot sur l’élection présidentielle. Moi, ça me préoccupe, parce que la paix, c’est cela aussi. La manière dont nous allons préparer et organiser les élections, notamment l’élection présidentielle dépendra la paix et tous nous en avons besoin. J’ai donc fais une proposition, une sortie qui a été mal comprise. J’ai dis que je n’ai pas le sentiment qu’en 2021, que nous serons prêts pour l’élection. Je peux bien être démenti. De toutes les opérations pré-électorales, aucune n’a commencé, sauf à bricoler. Et le bricolage nous entraîne à la contestation, la contestation qui elle-même suscite des conflits avec pour effet domino la violence et les désordres. Est-ce que l’on ne peut pas prendre le temps de bien préparer nos élections. La constitution est faite par nous, on peut prendre le temps de préparer de façon consensuelle l’élection présidentielle. Un mois, deux ou trois mois, qu’importe pourvu que cela se passe de façon consensuelle. Et pendant ce temps, on dit, que sera le président. Bien-sûr qu’il reste dans ses fonctions avec toutes ses prérogatives constitutionnelles. On conduit le pays jusqu’à l’élection et à la fin on se pose la question sur ce que devient le président. Je vous assure, le président aura 80 ans, 37 ans de pouvoir, il faut il lui aménager une porte de sortie honorable. Et je pense que le moment était venu pour le président de la République de tirer sa révérence, en ne se présentant pas à l’élection présidentielle.

L.E.C-B : Des relents de la conférence nationale ?

Pascal Tsaty Mabiala : Il n’y a pas la conférence nationale là dedans. À la conférence nationale, il a été totalement dépouillé. Ce n’est pas la même chose. Il restera le président avec toutes ses prérogatives et il nous permettra à la fois d’appliquer le programme avec le FMI donc il faut bien qu’il soit là et deuxièmement, de conduire le pays jusqu’à une alternance, on en a besoin. Et je crois que tout le monde se ment.

L.E.C-B : Est-ce que ce n’est pas le fait que vous demandez au président de la république de ne pas se représenter qui pose problème.

Pascal Tsaty Mabiala : Mais, c’est ça la contrepartie de ce compromis historique. Je l’ai dis tout à l’heure au président : vous êtes devenu l’otage de ceux qui veulent vivre indéfiniment avec leurs biens. Dès qu’on dit Sassou va quitter, eux se demandent ‘’qu’est ce que je vais devenir’’. Mais ce n’est pas leur problème. Mes frères, et je vais terminer par là. Qu’est ce qui peut tarauder dans la tête du président aujourd’hui. Ce n’est pas tant quand il quittera le pouvoir, quel jour il quittera le pouvoir, c’est Dieu aussi qui le sait. Mais, ce qu’il doit se dire aujourd’hui et je le lui ai dit, ‘’Monsieur le Président, c’est de savoir, comment vous quitterez le pouvoir. Comment vous laisserez ce pays après vous. Est-ce un pays uni, déchiré ? Un pays enrichi, un pays appauvri ?’’ Aujourd’hui, c’est ça qui taraude dans la tête du président. Il faut que nous l’aidions nous tous à s’offrir une porte de sortie honorable.

Reportage au Palais du Peuple : Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville