Congo – Univers carcéral : "Le décès du général Mokoko gardé top-secret"

Le général Jean-Marie Michel Mokoko est décédé lundi à l’hôpital central des Armées Pierre Mobengo où il avait été admis quelques heures auparavant. La nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux mardi, surtout dans les milieux de la diaspora congolaise d’Europe. Une fois encore, les docteurs es fake-news sont passés par là.

« Le général Jean-Marie Michel Mokoko est décédé hier soir à l’hôpital militaire de Brazzaville. Actuellement, c’est encore top secret ». Tel est le faire part relayé aux quatre coins de la planète pour annoncer le décès du général Mokoko.

Dire que le style sibyllin du message, entouré du sceau du secret, pourtant dévoilé, répondait déjà aux caractéristiques de ces rumeurs infondées que les congolais se susurrent à l’oreille avec l’assurance de les tenir de « sources sûres », en se faisant le serment qui tient en cette phrase de confiance partagée : « je ne l’ai dit qu’à toi ». Sauf que de toi à toi, la rumeur se propage comme une trainée de poudre.

Pourtant, vérifications faites, et de sources concordantes, le général Jean-Marie Michel Mokoko se trouve toujours en détention à la Maison d’arrêt de Brazzaville et il est bien portant. De là à se demander, pourquoi ceux qui ont créé cette nouvelle ont-ils ciblé la personne de Jean-Marie Michel Mokoko ?

Des observateurs en géostratégie qui ont planché sur la question et que nous avons contacté, n’ont pas mis longtemps à comprendre qu’au moment où des tensions règnent à Kellé, en créer d’autres en allumant un foyer du coté de Makoua sur fond de décès du général Mokoko serait une façon pour les auteurs de ces fake-news, de propager et de générer la colère des populations. Un appel au soulèvement qui créerait une instabilité, voire dégénérerait en conflit ouvert, suite aux altercations avec la Force publique, chargée de rétablir l’ordre le cas échéant.

C’est sans doute ici, le lieu de rappeler qu’à l’heure des réseaux sociaux où la désinformation devient une arme de dé-crédibilisation et de déstabilisation par excellence, le gouvernement de la République se doit désormais, à travers ses circuits de communication, de dénoncer ces rumeurs par des communiqués produits en temps et en heure, pour rétablir la vérité, chaque fois que celle-ci est mise à mal, notamment dans des sujets hautement sensibles.

Même si le « mensonge peut faire le tour du monde, le temps que la vérité mette ses souliers » et le rattrape, jamais « un démenti ne peut effacer tout le tort que peut causer une nouvelle erronée ». La réactivité est donc de mise, pour éviter que le « faux », aux effets qui peuvent bien être dévastateurs, ne s’installe dans la durée.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville