Congo – Message sur l’État de la Nation : Denis Sassou N’Guesso conforte l’action de la justice dans la lutte contre les antivaleurs

« Face aux antivaleurs, il n’y aura ni bouclier de protection pour les uns, ni rampe de sanctions pour les autres. Il n’y aura ni menus fretins, ni gros poissons, tout passera dans la nasse de la justice ». Ces mots de Denis Sassou N’Guesso ont entre-autres passages de son discours, soulevé un tonnerre d’applaudissements, samedi au Palais du parlement, tant sur un ton alerte et péremptoire, le chef de l’État congolais a axé l’essentiel de son discours sur des annonces qui feront date et qui tranchent nettes d’avec des pratiques qu’il a de tout temps dénoncées.

Une heure, c’est le temps qu’aura duré le discours sur l’État de la Nation. La justesse du verbatim et la force des illustrations, ont tenu en haleine la représentation nationale et les corps constitués nationaux et étrangers, ainsi que la presse, qui avaient pris place dans la grande salle du palais du parlement, pour cette session plénière du parlement réuni en congrès, avec pour ordre du jour, le message du Président de la République sur l’État de la Nation.

Ouvrant la séance, le président du congrès, Isidore Mvouba a accueilli le président de la République, à qui il a traduit les civilités d’usage, avant de rappeler le caractère mémorable de ce jour, car le peuple veut écouter cette voix forte qui enchante ses rêves et surtout rassure, avant de convier le chef de l’État à prendre la parole.

Sur ce pupitre siglé aux armoiries de la République, Denis Sassou N’Guesso s’est tout d’abord acquitté du devoir de mémoire, celui d’une pensée envers des Êtres chers qui nous ont quittés en cette année. Aussi a-t-il marqué l’hommage posthume de la Nation à André Obami Itou président du Sénat, décédé en 2018.

Déroulant son message, le président de la République a mis l’accent sur ce que le parlement, laboratoire d’idées et cœur battant de la démocratie, devrait mobiliser les populations aux activités agricoles, piscicoles et d’élevage. Sur ces sujets et sur bien d’autres, il a émis le vœu d’une concertation permanente entre les deux chambres du parlement avant de convier les ministres à plus de rigueur et d’abnégation, dans l’action du gouvernement.

Instaurer une expression plus étendue et régulée de l’État de droit, c’est en substance, ce qui justifie la mise en place de tous les conseils nationaux, représentatifs des différentes sensibilités sociales.

Abordant le volet judiciaire qui est apparu aux yeux de tous comme le point focal de son discours, Denis Sassou N’Guesso a rappelé que la Haute Cour de Justice qui venait d’être installée dans ses attributions devait être urgemment dotée de textes de fonctionnement, afin de s’atteler à sa mission de poursuites de hauts fonctionnaires en délicatesse avec la loi. Aussi a-t-il exhorté ses membres à assumer leurs responsabilités avec efficacité. Désormais, à tous les échelons de l’État, chaque acteur est exposé à la rigueur de la loi, a-t-il dit.

Dans cette lutte contre les antivaleurs, Denis Sassou N’Guesso a rappelé le rôle essentiel de l’inspection générale d’État. Son action, a-t-il rappelé, a permis de mettre en évidence des cas de malversations, au détriment de l’État, dans le secteur de l’économie forestière.

Face à ces situations et à bien d’autres, le peuple attend que des têtes tombent, faisant fi du principe de la présomption d’innocence. Les têtes tomberons certes, mais dans le respect d’une justice indépendante, expurgée de toute pression car il n’y aura ni bouclier de protection pour les uns, ni rampe de sanctions pour les autres. Il n’y aura ni menu fretin, ni gros poisson. Tout passera dans la nasse de la justice.

Dénonçant la situation des jeunes empêtrés dans de nouvelles formes de violences urbaines, le présidant de la République a embrayé sur la situation du Pool dont il a salué le retour de la paix, fruit des accords du 23 décembre 2017.

Rappelant les vertus du pardon, Denis Sassou N’Guesso a rendu hommage à tous les acteurs de l’accord du 23 décembre, tout en se félicitant de ce que le Pool a retrouvé sa quiétude. Le rétablissement de l’autorité de l’État y est désormais effectif, le retour des populations est opéré ainsi que la reprise du trafic ferroviaire. Reste à réussir la réinsertion des ex combattants, un volet pour lequel Denis Sassou N’Guesso a salué l’apport des partenaires bilatéraux du Congo.

Abordant le volet économique, le Président de la République a mis l’accent sur l’urgence de la sortie de crise. Dans ce sens, le budget 2019 obéit aux prescrits du FMI. En outre, des mesures allant dans le sens d’une gouvernance ont été opérées avec entre autres, le réaménagement de la SNPC, la restructuration de la dette, l’audit sur la dette intérieure, rendre soutenable la dette, maximiser les recettes hors pétrole, maximiser la création du climat des affaires.

Des secteurs porteurs sont désormais en chantier, notamment la construction du débarcadère moderne au port de Yoro, la reprise du CFCO, ou encore la reprise imminente des activités de la compagnie ECAir.

Pour 2019, le président de la république a indiqué comme crédo, Travail et Discipline. Aussi a-t-il appelé à la réactivation des conseils de discipline ainsi que les contrôles inopinés dans les administrations car de nombreux cadres véreux profitent de cette absence de contrôle, au détriment de l’État. À titre d’illustration, le président a indiqué que 4525 agents civils de l’État non identifiés, percevaient le salaire. 11587 agents sortis de leur administrations d’origine continuaient à y percevoir des émoluments y afférents. 3154 agents perçoivent des indemnités pour des fonctions qu’ils n’occupent plus. 1430 agents exercent cumulativement des fonctions dans la fonction publique et au privé.

Denis Sassou N’Guesso a clos son adresse en souhaitant une bonne et heureuse année aux parlementaires et partant à tous les congolais.

Avant de lever la séance, le président Isidore Mvouba a mis un point d’honneur sur ce que pour Denis Sassou N’Guesso, cette heure de discours avait été un instant de « parler vrai ». Il l’en a remercié, avant de lui présenter, au nom de la représentation nationale, les vœux les meilleurs, pour l’année nouvelle.

Bertrand BOUKAKA envoyé spécial à Brazzaville