L’archevêque métropolitain de Brazzaville, président de Caritas du diocèse de la capitale congolaise, Monseigneur Anatole Milandou a déclaré mercredi aux déplacés du département du Pool (sud), à la paroisse Saint-Benoît de Nganga-Lingolo que le fusil ne nous apportera rien.
«Ce que nous devons enseigner aux élèves, c’est le cahier, c’est le stylo, c’est aller à l’école. Le fusil ne nous apportera rien. Nos parents du Pool l’avaient vite compris, ils ont envoyé les enfants à l’école et on sait comment les cadres du Pool étaient très célèbres. Mais aujourd’hui, on repart vers le fusil, je crois que cela ne nous emmène pas à grand-chose. Ce que j’ai dit un jour et les gens m’en ont voulu d’avoir dit cela », a déclaré l’homme de Dieu, originaire du Pool.
«L’histoire ne se répète pas, elle bégaie ». Cette phrase de Karl Marx (ou qui lui est attribuée) peut être illustrée par la recrudescence des crises dans le département du Pool (sud). Les méthodes musclées pour pacifier la région ont dramatiquement échoué à chaque fois. On est loin du discours triomphant sur les vertus du projet de «Congo moké ezali Congo monéné » qui ramène dans un même ensemble tous les départements du Congo à vivre dans la paix dans un pays démocratique et prospère.
Ne faut-il pas utiliser le diktat, voire la force pour imposer le progrès ? Ne l'évoque quasiment plus. C'est que depuis, bien des événements ont montré l'inanité de cette stratégie dans le département du Pool.
Un survol de la région montre d'ailleurs que loin d'être apaisées, les tensions ont été toujours ravivées par la politique menée d’abord par l'administration coloniale et ensuite par les régimes qui ont suivi bien après le soleil des indépendances en Afrique centrale.
Tous ont prôné le modèle du coup de pied dans la fourmilière, y compris par la guerre dans ce département du pool, le poumon vert aux portes de Brazzaville.
De 1944 à nos jours, nous sommes à notre 19ème « crise dans le Pool ». Les jeunes, au lieu de les voir devant un tableau noir, sont souvent instrumentalisés et enrôlés dans les milices privées pour tuer ou se faire tuer.
Germaine Mapanga / Les Echos du Congo Brazzaville