Congo : La guerre contre les « voleurs de la République » a commencé

Le président de l’Assemblée nationale du Congo, Isidore Mvouba a donné mission à la Commission Economie, finances et contrôle budgétaire de son institution de se pencher sur les cas avérés de corruption.

Le président de la chambre basse du parlement congolais a fait cette proposition à l’ouverture de la deuxième session ordinaire dite administrative, le 1er février 2018 à Brazzaville.

«Le Congo est classé au bas de l’échelle en 2017 en ce qui concerne le marqueur de perception de la corruption de Transparency International. Notre pays occupe, en effet, le 159e rang sur 177 pays, et dans l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance en Afrique, nous sommes classés 42e sur 54 pays », a rappelé Isidore Mvouba avant d’ajouter :  «la commission Economie, finances et contrôle budgétaire aura pour missions, entre autres, d’interpeller les ministres de tutelle et d’ouvrir sans délai des enquêtes parlementaires, parce que le phénomène a gagné en ampleur au Congo avec des effets pervers et néfastes sur les finances publiques ».

Le président de l’Assemblée nationale a reconnu également que les structures anticorruption mises en place par le Congo n’ont pas fourni des résultats escomptés, au bout de plusieurs années d’exercice.

On rappelle qu'au Congo-Brazzaville, il est devenu de plus en plus ardu d’obtenir normalement un document administratif ou un service dans les délais normalement impartis. Tout recours à l’administration publique ou privée pour un papier ou une pièce spécifique, voire un service dont la délivrance est censée être régentée, du type passeport, carte d’identité, intervention des forces de sécurité, un poste budgétaire, une facture au Trésor public, nécessite un pot-de-vin.

A quelques exceptions près, la corruption est devenue endémique au Congo-Brazzaville et sévit à toutes les étapes de quelque processus que ce soit, particulièrement lorsque de fortes sommes sont en jeu.

La corruption et ses infractions connexes ou assimilées comme la concussion, le trafic d’influence, la soustraction et le détournement des biens, la gestion frauduleuse, l’enrichissement illicite, le favoritisme, la prise illégale d’intérêt, les abus des biens sociaux et le blanchiment des capitaux constituent un obstacle à l’éradication de la pauvreté et sape la capacité du pays d’atteindre ses objectifs du développement.

Au Congo Brazzaville, aucun secteur n’est épargné par la corruption.

Le 31 juillet 2016, le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Lamyr Nguelé, a accusé le Parquet de Brazzaville de ne pas engager les poursuites judiciaires contre les tierces sur certains dossiers avérés.

«Il y a à craindre que tout le travail que fait la commission soit annihilé par le silence du parquet. La commission n’a aucun moyen de droit pour contraindre le parquet ou le procureur à poursuivre coûte que coûte les prétendus fraudeurs », a indiqué Lamyr Nguelé.

Qui dit corruption, dit aussi corrupteur et corrompu. Mais qui doit-on réellement blâmer ? Et surtout, comment combattre le phénomène ?

Ce qui est certain, c’est que l’économie et le développement du Congo-Brazzaville en pâtissent.

Germaine Mapanga / Les Echos du Congo Brazzaville