RDC : Vital Kamerhe, de la prison au perchoir de l’Assemblée nationale

Trois jours après l’attaque de son domicile lors d’une présumée tentative de coup d’Etat, Vital Kamerhe, 65 ans, ministre de l’économie dans le gouvernement sortant de la République démocratique du Congo (RDC), a été élu, mercredi 23 mai 2024, président de l’Assemblée nationale. Un processus de sélection avait fait de lui l’unique candidat, et son élection au perchoir, lors d’une séance publique de l’Assemblée, était une formalité. Les seules voix qui lui ont échappé étaient 36 bulletins nuls ou blancs, sur un total de 407 votants.

Vital Kamerhe, figure de la politique congolaise, retrouve un poste qu’il avait occupé de 2006 à 2009, sous la présidence de Joseph Kabila. Passé ensuite dans l’opposition, il avait fondé son parti, l’Union pour la nation congolaise (UNC), avant de devenir un allié de Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019 et largement réélu le 20 décembre.

Le 25 janvier 2019, il a été nommé directeur de cabinet du président de la République. Le 7 mars 2019, il renonce à son mandat de député.

Le 8 avril 2020, Vital Kamerhe, directeur de cabinet et principal allié politique du président de la RDC Félix Tshisekedi, est placé en détention provisoire à la prison centrale de Kinshasa. Il est entendu dans le cadre de l'enquête sur les travaux des 100 jours.

Le 20 juin 2020, il est condamné à 20 ans de travaux forcés, 10 ans d’inéligibilité et d'interdiction d'accès aux fonctions publiques, pour détournements, corruption aggravée et blanchiment d’argent, par le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe.

En juin 2021, la cour d'appel de Kinshasa a réduit de 20 ans à 13 ans de prison sa peine. Kamerhe est remis en liberté provisoire le 6 décembre 2021 sur décision de la Cour de cassation.

En avril 2022, la cour de cassation annule la condamnation de Kamerhe. Le dossier pénal retourne désormais devant la cour d'appel de Kinshasa-La Gombe.

En juin 2022, la cour d'appel de Kinshasa acquitte VK dans son procès pour corruption et détournement de fonds.

Le 23 mars 2023, il fait son entrée au sein du gouvernement Lukonde II, devenant vice-Premier ministre ainsi que ministre de l'Économie.

Le 24 avril 2024, il est désigné candidat de l'Union sacrée de la nation (en) pour la présidence de l'Assemblée nationale. Le 19 mai 2024, lors d'une tentative de coup d'État, une vingtaine d'hommes armés s'attaquent à sa résidence dans le quartier huppé de la Gombe, avant d’investir, non loin de là, le palais de la Nation, qui abrite des bureaux de Félix Tshisekedi. Kamerhe réussit à se cacher avant que la garde républicaine ne reprenne le contrôle.

L’élection du bureau de l’Assemblée devrait dégager la voie pour la mise en place du gouvernement. Plus de cinq mois après la réélection de Félix Tshisekedi, la nouvelle équipe tarde à se mettre en place alors que l’est du pays est confronté à une grave crise sécuritaire, la rébellion M23, soutenue par le Rwanda, occupant de larges pans de la province du Nord-Kivu.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville