Interview de Hervé Diaz, Président de l’Ecole de Commerce de Lyon

L’identité de l’Ecole de Commerce de Lyon, sa particularité, ses domaines phares, Comment se concrétise l’accompagnement des étudiants congolais ou africains, les challenges à relever pour cette nouvelle année 2022, Hervé Diaz nous partage sa vision.

Les Echos du Congo-Brazzaville : Bonjour et merci de vous présenter à nos lecteurs ?

Hervé Diaz : Bonjour. Je m’appelle Hervé Diaz, à 52 ans, je suis chef d’entreprises et professeur dans l’enseignement supérieur depuis une trentaine d’années. Marié, mon épouse et moi avons deux enfants de 22 et 26 ans. En fait, j’ai toujours enseigné (depuis l’âge e 22 ans ou j’effectuais des remplacements de professeurs de terminales)…Et j’ai toujours été chef d’entreprise puisque j’ai créé ma première entreprise à 18 ans (j’en ai créé beaucoup depuis).

J’ai eu un passage de quelques années à l’armée en tant qu’officier, où là encore j’enseignais puisque j’étais aussi moniteur parachutiste et moniteur de mise en œuvre de mines et explosifs accessoirement à mes fonctions de commandement d’une section de combat. J’ai beaucoup apprécié l’armée et sa rigueur, le sens du dépassement et de la loyauté qui correspondent aux valeurs que mon défunt père m’a enseignées. Il était, lui aussi, un chef d’entreprises, un grand humaniste qui a embauché les personnes que personne ne voulait. Ami de l’abbé Pierre, il en partageait des valeurs de solidarité.

Nous sommes ce que nos parents font de nous. Ainsi, tout ce que je fais de bien, je le dois à mes parents et quand je me trompe c’est que j’ai oublié les enseignements de mes parents.

Vous me demandez de me présenter ? Je suis l’époux d’une femme exceptionnelle, peut être la personne la plus compétente que je connaisse dans son domaine d’activité, le père de 2 diablesses que j’adore, et le manager de collaborateurs dévoués et courageux mais j’essaie aussi d’être un fils honorable.

Maintenant je suis aussi un ancien militaire et un enseignant passionné.

Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs quelle est l’identité de l’Ecole de Commerce de Lyon, sa particularité, ses domaines phares etcomment décririez-vous cette école ?

L’école de commerce de Lyon est une école très particulière, d’amitié et de travail. Dans ce sens là : d’abord l’amitié, ensuite le travail. Nous sommes une des écoles les plus internationales de France puisque nous accueillons plus de 80 nationalités parmi nos étudiants et nos enseignants, provenant des 5 continents. Ecole de fraternité et d’amitié, notre devise est cor unm et anima una. Un seul cœur, une seule âme.

Nous accueillons ainsi 7 fraternités étudiantes dans lesquelles chacun de nos apprenants peut se retrouver en fonction de sa personnalité. Un peu comme dans le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley ou Divergente plus récemment au cinéma : ainsi ceux qui sont empreints de culture, iront dans la maison Omicron (cette fraternité vient de réserver un théâtre pour une pièce exceptionnelle qui sera jouée devant 300 personnes le 28 février ou organise un concert pour 10000 personnes avec NRJ le 9 avril à Lyon par exemple).

Ceux qui aiment le sport, dans la maison Tau et affronteront dans des compétitions sportives les écoles du monde entier (pure information nous avons de nombreux sportifs professionnels issus de nos rangs comme Bertrand Traore qui préparer une licence cette année, Samuel Eto’o qui a un MBA de l’école ou Cheick Sissé médaille d’or olympique ivoirienne de taekwondo et actuel champion du Monde qui a une licence de l’école et prépare actuellement son MBA). Les cœurs généreux eux, iront chez les Kappas et partiront construire des fermes pour les éléphants en fin de vie en Thaïlande, ou construirons des orphelinatsau Togo…

Nous avions d’ailleurs proposé de reconstruire le zoo de la Patte d’Oie de Brazzaville, afin d’en faire un lieu d’accueil pour les brazzavillois et un refuge pour les animaux …mais cela à notre grand regret, cela n’avait pu se faire …(nous ne désespérons pas de le faire un jour car son Excellence Denis Sassou N’Guesso y était favorable mais ledit zoo avait déjà été donné en concession avant notre proposition en 2019, chose que nous ignorions lorsque nous nous en étions évoqués…) du coup les équipements que nous avions acheté pour ce chantier sont partis équiper une coopérative agricole pour les femmes veuves en Côte d’Ivoire…

Nous sommes une école de corporation et les fraternités consolident le lien entre nos étudiants car tout étudiant qui intègre l’école intègre une fraternité (même s’il peut évidemment en changer par la suite) : chaque étudiant a une Maison au sein de l’ECL dans laquelle il peut cultiver des amitiés avec des personnes qui partagent ses affinités.

S’agissant de l’enseignement pédagogique, nous nous distinguons également par notre didactique : ainsi nos exigences pour le diplôme sont très élevées et il est vrai qu’en tant qu’ancien militaire de troupes opérationnelles, je n’ai qu’un crédo : entraiment difficile - guerre facile...

De fait nous surentrainons nos étudiants non pas pour remplir les cerveaux de connaissances caduques mais pour les rendre agiles, leur faire acquérir bien plus que de simples connaissances, (ça, c’est le travail de l’université), mais aussi des savoirs faire et peut être surtout des savoirs être. Il ne suffit pas d’avoir une connaissance livresque du webmarketing : nos étudiants doivent pouvoir coder une site internet ou une application mobile, faire eux même des campagnes digitales (savoir ânonner un livre, c’est bien mais appliquer les techniques apprises c’est mieux).

Il ne suffit pas d’avoir des connaissances en ressources humaines, nos étudiants doivent savoir imaginer, négocier et écrire un contrat de travail ou une convention collective … Surtout, nous formons des dirigeants.

Donc tous nos étudiants sont de fins juristes et des financiers accomplis a minima ; Ils sont aussi des marketeurs, des logisticiens ou des experts comptables (…/…) mais s’ils sont marketeurs, ils doivent savoir proposer une campagne en ayant appréhendé leurretour sur investissement, s’ils sont des RH, ils doivent pourvoir proposer une embauche et être capables de l’insérer dans un compte d’exploitation.

Ainsi, dès la première année après le bac, tous nos étudiants sont appelés à créer une entreprise. Dès la première année après le bac, tous nos étudiants écrivent un mémoire dans les mêmes conditions qu’à l’université en 5eme année.

Enfin, tous nos étudiants ont un parcours international et chaque année vont faire une partie de leurs études sur un autre campus que celui de Lyon : à Dublin pour les techniques digitales, à Washington pour le management, à Dubaï pour le marketing, la mode ou le tourisme, mais encore, N’Djamena au Tchad, Dan Nang au Vietnam…//...

Pour que chacun puisse partir quelle que soit sa fortune ou son infortune, nous payons le billet d’avion et nous occupons sur place de l’hébergement. Ainsi, nos bachelor 3ème année reviennent à l’instant de nos campus de Dubaï et nos MBA 1ere année partent dans 15 jours pour notre campus de Washington…

Quels sont les challenges à relever pour cette nouvelle année 2022 ?

Nous sommes en train de construire un nouveau campus à Ndjamena qui sera spécialisé sur l’entreprenariat et souhaitons ouvrir un nouveau campus à Dakar spécialisé dans la logistique portuaire.

Les enjeux de cette année sont d’ouvrir en Russie et au Japon. C’est un peu compliqué avec le COVID et les tensions géopolitiques actuelles. Mais nous savons gérer l’adversité.

Ainsi pendant la crise centrafricaine, nous avons apporté notre concours à la République de Centrafrique en apportant du matériel et en créant pour l’université de Bangui, une université digitale gratuite pour les centrafricains (et pour l’Etat !!) dotée de 1000 cours.

Je me souviens que nous étions bien peu d’occidentaux dans l’avion a ce moment là du fait de la guerre et le quai d’Orsay m’avait recommandé de ne pas partir compte tenu des fortes tensions du moment. Nous avons malgré l’adversité, livré cette université, ces cours et ce matériel gratuitement, sans aucune contrepartie financière car le président de la République de Centrafrique son Excellence Faustin Touadera est un Docteur honoris Causa de l’école comme l’était le regretté Clément Mouamba et nous sommes loyaux à nos amis. Il avait besoin de solutions pour ses populations et sa jeunesse qui ne pouvait plus se rendre à l’université du fait des violences et nous avons créé des clefs USB chargés des cours et des examens faciles à expédier dans les villages et qui s’activaient sur un simple portable sans besoin de connexion internet …

Cela a été tout à fait exceptionnel et opportun pour permettre à une partie de la jeunesse de continuer sa progression pédagogique malgré la guerre et le confinement armé. J’ai par la suite été élevé à la dignité d’officier de la reconnaissance centrafricaine. Cette décoration n’a fait qu’accentuer les devoirs envers la nation centrafricaine et son excellence Faustin Touadera qui est un ancien universitaire et que je conserve en grande estime et affection.

Comment l’Ecole de Commerce de Lyon parvient-elle à émerger dans un environnement concurrentiel ?

Nous sommes une petite école au regard de nos concurrents : nous sommes à taille humaine : ainsi sur Lyon nous ne diplômons chaque année que 500 à 700 étudiants seulement (nos cours sont transmis a plus de 15000 étudiants dans 11 universités et Écoles) et pourtant , malgré notre modeste taille, nous accueillons plus de chefs d’états que la Mairie de Lyon, la ville de notre siège.

Surtout nous sommes peut-être l’école la plus accueillante avec les étrangers : les autres écoles hésitent par exemple à embaucher des étrangers car pratiquent la préférence nationale (il y a une pénalité financière en Europe, comme aux Etats-Unis, lorsqu’en Europe, une entreprise embauche un étranger tiers Schengen)… Et bien, nous sommes indifférents à ce sujet ,et Winona, par exemple, en charge de la qualité chez nous,est …congolaise ! Nos étudiants apprécient cela et se sentent moins isolés quand dans le staff de l’école, ils retrouvent aussi des compatriotes. Cela les valorise et ils comprennent qu’ils ont des perspectives. Et nous ne faisons pas ou peu, de salons, de communication institutionnelle … nous ne fonctionnons que sur cooptation et recommandation.

Du coup, quelles que soient les crises, nous continuons à émerger lorsque d’autres s’effondrent et n’avons pas besoin de dépenser des millions d’euros pour la pub car nous replaçons cet argent économisé sur la communication et la promotion, dans les services à nos étudiants comme les billets d’avion de nos étudiants ou dans les investissements des fraternités par exemple, l’aide alimentaire pendant le confinement sanitaire, …/…

A quoi aspirent vos étudiants aujourd’hui ?

Je crois qu’ils aspirent comme nous tous, à être heureux, à vivre décemment, à être utiles. C’est pour cela que nous avons un très fort taux de création d’entreprises. Nous avons d’ailleurs un accord avec le parlement panafricain pour participer à la création d’écoles d’entrepreneuriat sur le continent africain.

En effet, le continent souffre d’avoir une économie inclusive peu développée au regard d’une économie de rente surreprésentée. Or il est nécessaire de développer cette économie inclusive pour développer une middle class qui fait défaut en Afrique : beaucoup de pauvres, pas assez d’entrepreneurs et donc d’emplois salariés, pas assez de classes moyennes, de cadres, et au final, pas assez de riches. C’est la condition de l’émergence de l’emploi et donc du partage de la richesse : avoir un entrepreneuriat dynamique. C’est le secret du Maroc ou de la croissance Française sous la pandémie (7% de croissance avec 800000 créations d’entreprises), et pour le Maroc avec l’aménagement d’un statut de micro entreprise, le nombre de créations d’entreprises a explosé…).

Ensuite nos étudiants aspirent à avoir la réussite de certains de nos alumnis (anciens diplômés) qu’ils observent en exemple.

Cela se traduit-il dans vos enseignements ?

Oui évidemment : chacun de nos étudiants est capable de créer une entreprise en quelques heures. Et chacun de nos étudiants a des amis partout dans le monde pour l’aider dans ses affaires (nous servons aussi de relais pour cela) ; c’est l’ADN même de l’école : si un étudiant ou un diplômé de l’école de commerce de Lyon appelle, ou demande de l’aide, on répond d’abord présent, on réfléchit ensuite. Cor unum et anima una : la corpo et le service à l’Autre d’abord.

Pour garantir cette expérience éducative, votre corps professoral peut apparaître atypique dans l’univers des grandes écoles de commerce ?

Oui et non, de plus en plus d’écoles s’orientent vers notre didactique et utilisent comme nous des professeurs issus du monde professionnel (ainsi nos enseignants en droit sont de magistrats, des professionnels du droit, des professions règlementées et pour ce qui me concerne puisque je suis professeur de droit, mes cours ont lieu souvent au tribunal, nos professeurs de comptabilité, sont des experts comptables …

Nous sommes une école d’amitié alors nous mettons en relations des enseignants qui sont en fonctions car ils vont participer à la création du réseau de nos étudiants. Nos enseignants comme nos étudiants le savent : nous sommes un peu comme une grande famille et nous entraidons.

Par exemple , dans quel autre endroit que l’Ecole de Commerce de Lyon, un étudiant pourrait-il échanger avec le premier Ministre de Belgique Elo Di Rupo,  un industriel comme Olivier Dassault, le Général Peraldi Gouverneur militaire de la région Sud-Est, le procureur de Lyon ou votre compatriote le Docteur Innocent Peya lui-même diplômé du PhD de l’école par le ministre des Affaires Etrangères de France, son Excellence Hervé de Charrette qui présidait son jury d’examen dans lequel figurait le président du Conseil de la Concurrence du Royaume du Maroc, Driss Guerraoui ?

Bien sur, nous gardons aussi un socle de professeurs universitaires car l’administration ou la construction des savoirs restentimportantes et nécessitent de méthodologie. Comme la Recherche fondamentale et la recherche appliquée ; y compris dans les Sciences de gestion.

Ainsi nous organisons par exemple un colloque le 23 juin sur la francophonieéconomique et ce colloque est présidé par notre conseil scientifique qui est constitué de recteurs comme le recteur Jean Tabimanga ou le recteur Phillip, de professeurs universitaires comme les professeurs émérites Joubert et Ziadi et nous avons associé des universités publiques partenaires…

S’agissant des enseignements digitaux, pendant la crise nous avons prêté des cours digitaux à nos confrères qui n’avaient pas de plateformes pédagogiques digitales (100 % de nos cours sont disponibles en supports digitaux sur nos plateformes ou nos applications mobiles) donc nous n’avons pas du tout été impactés par le crise et même pendant le confinement, la progression pédagogique de nos étudiants n’a pas pris un jour de retard (ainsi nos étudiants ont un examen tous les jours que ce soit en ligne ou en présentiel) et en cela nous avons sans doute été leaders… mais depuis, et fort heureusement, toutes les écoles ou presque se sont dotées d’outils digitaux et de plateformes d’enseignement en ligne …

Comment se concrétise l’accompagnement des étudiants congolais ou africains à l’École de Commerce de Lyon ?

Pour les congolais nous sommes partenaires de l’Association des Congolais du Grand Lyon (l’ACGL), très active sur la région lyonnaise. Mais au surplus, et encore une fois, personne n’est isolé chez nous et toutes les nationalités africaines sont représentées. Même parmi nos collaborateurs salariés, nous avons de nombreux africains ; du coup le lien est facilité et la barrière est inexistante : nous sommes habitués à accueillir des étudiants qui viennent de loin et nos structures d’accompagnement sont très efficace ne serait ce que pour les remises à niveau car bien évidemment les socles universitaires, les programmes et les acquis pédagogiques sont différents d’un Etat à l’autre.

Et je connais TOUS mes étudiants sans exception. Ma porte est toujours ouverte et je reçois chaque jour, 5, 7, 10 étudiants qui passent juste me saluer ou me demander un conseil. Nous sommes une école d’amitié. Imaginez que lorsqu’un étudiant sollicite un cours particulier, il choisit son prof et nous payons le cours : les cours particuliers sont gratuits pour nos étudiants à l’ECL : je préfère payer 50 heures de cours particulier, plutôt qu’un redoublement (les redoublements non disciplinaires sont offerts par l’école : les étudiants ne paient rien s’il leur faut une année de plus pour réussir et en cas d’échec il m’appartient de payer la scolarité de l’étudiant à l’école pour que l’étudiant n’ait pas à supporter notre incapacité à l’accompagner à la réussite).

Lorsqu’un étudiant perd un parent, nous lui offrons sa scolarité intégralement jusqu’à son terme. Lorsqu’un un étudiant a un souci il n’est pas rare que ce soit moi qui aille avec lui devant l’administration française pour régler le problème. Je pense que je suis le seul président d’université ou d’école qui ait jamais franchi les portes de la préfecture ou desservices de l’immigration pour régler telle ou telle situation plus ou moins délicate ou compliquée pour notre étudiant.

Comme je suis juriste, souvent mes étudiants me demandent conseil ou assistance et à chaque fois que je le peux, je me mets bien volontiers à disposition.

Quels conseils pouvez-vous donner à un étudiantcongolais qui veut poursuivre ses études supérieures à l’Ecole de Commerce de Lyon ?

Il doit être très courageux, honnête et pugnace. Car la simple dignité exige qu’il honore sa famille en réussissant ses études. Car c’est un grand sacrifice que d’envoyer son enfant, de se séparer de lui : sacrifice financier et sacrifice moral de la séparation.

L’étudiant doit être conscient de ce sacrifice consenti par sa famille et être digne de cela, donc s’investir sans limite dans sa réussite. Ensuite, l’étudiant malicieux n’a aucune place chez nous et si nous avons de belles réussites (comme Samuel Eto’o par exemple qui récemment a passé un MBA chez nous ou Daoud qui vient de prendre la direction financière de Douanes du Tchad, Loïc qui vient de monter une start up numérique qui connait un très grand succès…) ou avons aussi le record d’exclusion des académies françaises car nous ne laissons aucune chance aux auteurs de plagiat par exemple.

Honnête droit et courageux dans le travail voilà les armures que doit revêtir un étudiant de l’école de commerce de Lyon. Et s’abstenir de tout jugement : le jugement est proscrit chez nous comme le prosélytisme religieux ou politique. Notre fermeté nous vaut parfois de bien mauvais et injustes commentaires d’étudiants qui ont été renvoyés… ou d’enseignants d’ailleurs ! car un enseignant qui a moins de 80 % de réussite dans sa discipline est renvoyé.

Nos équipes pédagogiques ont tout un arsenal pour permettre la réussite de nos étudiants et un étudiant dont on s’occupe réussi : ce sont les étudiants que nous abandonnons qui échouent et c’est pour cela que j’offre le redoublement à nos étudiants qui échouent.

Par contre,  si l’étudiant « perd » un an de sa vie à redoubler, et si moi je dois payer 6000 euros un redoublement à l’école, l’enseignant responsable de cet échec perd son emploi. C’est évidemment contractuel. Ainsi il y a quelques années sur un BTS nous avons eu 67 % de réussite, le jour de la publication, les 14 enseignants et le responsable pédagogique ont été licenciés.

Je considère que nous sommes responsables de la réussite ou de l’échec de nos étudiants et il serait injuste qu’ils en supportent les conséquences financières mais il serait aussi injuste que je sois seul à supporter les conséquences de notre inattention. Ainsi les enseignants ne sont pas là pour lire un cours mais doivent individualiser les parcours et surtout être vigilants à la COMPREHENSION et à l’assimilation dudit cours d’autant que les jurys sont indépendants chez nous et que les enseignants ne notent pas les étudiants.

Je comprends que cela puisse choquer mais un étudiant qui ne vient pas en cours ou qui ne fais pas son travail ou qui triche est renvoyé ensuite d’un unique avertissement : nous ne sommes pas là pour refaire l’éducation qui n’a pas été faite pendant 20 ans : nous n’avons ni le temps ni les ressources pour cela ; par contre à l’étudiant honnête et valeureux, nous garantissons un parcours individualisé et la réussite et c’est ce qui fait que nous ayons un si fort taux de cooptation et de recommandations qui font que chaque année nous ouvrons un nouvel établissement qu’il y ait une crise planétaire ou pas.

Votre lien avec le Congo en particulier et l’Afrique en général ?

C’est un lien d’affection très profond. Et une responsabilité. Je souhaiterais que mes enfants vivent dans un monde plus apaisé et plus équitable. Qu’il y ait moins de corruption (vos dirigeants, que j’ai en grande estime, qu’il s’agisse de son Excellence Denis Sassou N’Guesso qui m’a fait l’honneur de me recevoir plusieurs fois et même de me nommer consule (ce que le corps consulaire Lyonnais a refusé à raison car mes confrères lyonnais savent que j’abhorre les hypocrisies de salon et préfère au cadre de la grande Bourgeoisie Lyonnaise et au milieu feutré de la diplomatie honoraire, celui plus frustre mais sincère, du terrain et du service à l’autre) ou qu’il s’agisse encore de feu, son Excellence Clément Mouamba.

Chaque dirigeant africain sait que je suis très respectueux mais n’accepte que très exceptionnellementune invitation gratuite ne serait-ce que pour un café : je paie mes propres vols et mes hôtels et tiens à ne pas être un prédateur de plus en Afrique.

Ainsi apolitique, respectueux et habité de la simple idée de servir les plus petits et les plus humbles, vos dirigeants sont en général à l’aise avec moi, car ils savent que je n’attends rien, que je ne poursuis aucun intérêt financier ou personnel en Afrique. Les étudiants qui viennent sur nos campus français, paient leurs études mais ce que nous faisons en Afrique est bien souvent gratuit et aussi souvent que nous le pouvons, nous apportons une aide désintéressée.

Je vous laisse contacter la diaspora congolaise de Lyon et je pense que vous serez éclairéset surpris sur notre lien vers l’Afrique en général et le Congo en particulier.

D’ailleurs je ne désespère pas un jour d’y ouvrir une université privée. Ou une école vétérinaire …/…. Qui sait ?

De manière plus globale, comment concevez-vous l’Ecole de Commerce de Lyon dans les 10 ans à venir ?

Sans moi (rire) en tant que dirigeant. J’ai tant à faire : je voudrais me consacrer davantage à la durabilité et à l’écologie (valeurs que je partage d’ailleurs complètement avec votre Président et mon ami, le Dr Peya).

J’espère que d’autres prendront le relais à la Présidence du groupe et apporteront leur pierre à l’édifice mais je n’ai aucune inquiétude sur ce sujet. Ainsi je pourrai me consacrer à la défense de la faune et de la flore et au mieux vivre ensemble sur cette plan être dans mes modestes capacités.

Pouvez-vous résumer l’Ecole de Commerce de Lyon en 4 mots ?

Cor unum anima una.

Parler nous maintenant de votre consulat et de ce que vous aller faire pour la Diaspora congolaise de la région Auvergne Rhone Alpes ?

Son excellence Sassou N Guesso m’a fait l’honneur de me nommer Consul. Ce qui a déplu au corps consulaire lyonnais qui avait souhaité imposer une autre personne.

Qu’importe l’honneur qui m’a été fait de toute manière ne donnait aucun droit mais comprenait de nombreux devoirs : il en incombait de grande responsabilité. Je garde volontiers les devoirs et laisse volontiers le titre.

Bien sur les congolais de Lyon n’ont donc pas la possibilité de faire leurs visas à Lyon et doivent donc comme auparavant monter sur Paris pour faire leurs papiers, mais ils conservent un lieu d’accueil, des immeubles, des conseils et un groupe d’enseignement qui est à leur disposition.

Par exemple, quand la pandémie a fait rage, les congolais de la diaspora pouvaient recevoir des paniers repas dans nos établissements ou des produits de première nécessité (hygiène …) sans autre condition que d’être congolais. Et nous avons donc accompagné quelques mamans en grandes difficultés car elles avaient perdu leur emploi ou ne pouvaient plus se déplacer du fait du confinement.

Mes écoles sont ouvertes aux congolais. Nous accueillons aussi gratuitement dans nos établissements quelques boursiers congolais que nous présentent soit la diaspora via l’ACGL , soient vos instances dirigeantes a qui nous avons offert plusieurs bourses d’études pour des enfants congolais qui manqueraient de moyens.

L’argent n’est pas notre moteur. Bien sûr, nous sommes un établissement privé notre groupe est constitué d’entreprises ; mais nous cultivons le lien et le service à l’autre. Et refusons toute subvention : l’argent public doit servir aux services publics et c’est là la garantie de notre indépendance.

Ensuite cela ne nous empêche pas de nous mettre au service des nations et des peuples mais nos fonds sont 100 % privés.

Pour conclure cette interview, votre message aux étudiants congolais et à la Diaspora congolaise de France ?

Pour la diaspora congolaise de Lyon en particulier, de France en général, vous avez un sanctuaire et un ami a Lyon. N’hésitez pas à nous solliciter et à solliciter l’ACGL : si nous sommes compétents nous répondrons présents avec plaisir.

Merci infiniment et plein succès !

Merci à vous pour l’honneur que vous nous avez accordé et merci de transmettre nos amitiés à tous les congolais du Monde.

Propos recueillis par Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville