Congo-Diplomatie : L’Ambassade des USA à Brazzaville fermera-t-elle ses portes ?

Depuis janvier dernier, le 47e Président des États-Unis, Donald Trump, a décidé de faire des économies dans tous les secteurs. Et la diplomatie américaine n’est pas épargnée. Plusieurs recommandations sont émises par le département de l’efficacité gouvernementale géré par Elon Musk. Parmi elles, fermer des dizaines d’ambassades et de consulats américains à l’étranger, dont une partie significative en Afrique. Le Congo-Brazzaville est aussi concerné.

Sur le continent, les Ambassades concernées sont celles de la Centrafrique, du Congo, de l’Érythrée, de la Gambie, du Lesotho et du Soudan du Sud.

Les autorités américaines envisagent également de fermer leur consulat à Douala, au Cameroun, et à Durban, en Afrique du Sud.

Pour le reste du monde, la liste comprend les Ambassades de Malte et du Luxembourg ou encore des consulats en Corée du Sud, en France et en Allemagne.

Une des mesures proposées est également de diminuer l’ampleur des missions diplomatiques en Irak et en Somalie, deux pays où la présence américaine a été importante ces dernières décennies, et de « redimensionner » d’autres avant-postes diplomatiques.

Le secrétaire d’État Marco Rubio a-t-il approuvé ce plan de fermetures massives ?

Pour le moment, aucune information n’a fuité sur la question.

Sur quoi ces choix sont-ils basés ?

Le document consulté mentionne simplement que « les postes ont été évalués sur la base des réactions et remarques des bureaux régionaux […] de la charge de travail consulaire, du coût par poste, de l’état des installations et de l’évaluation de la sécurité ».

Il s’agirait par exemple d’avoir une « direction à double casquette » dans les postes à missions multiples, ou des postes plus flexibles avec des effectifs limités.

Reste que si ces recommandations venaient à être mises en place, elles constitueraient une difficulté de plus pour les citoyens des pays africains souhaitant obtenir un visa américain.

Le document propose en effet que les fonctions des Ambassades fermées soient assurées par des avant-postes situés dans les pays voisins.

Mais cela augmenterait encore les coûts pour les bénéficiaires s’ils devaient se rendre à l’étranger pour effectuer ces démarches, alors que le prix d’un visa américain est souvent de plusieurs centaines de dollars.

Partenariat, croissance et engagement continu, voilà comment se caractérise les relations entre le Congo-Brazzaville et les USA.

On rappelle qu’au cours des seize derniers mois, les USA ont eu de nombreux échanges de haut niveau entre les représentants des gouvernements américain et congolais sur des questions d’intérêt mutuel, notamment la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique, la sécurité régionale et l’autonomisation des jeunes.

Les États-Unis sont le plus grand donateur pour la protection et la conservation de l’environnement dans le bassin du Congo, ayant fourni 760 millions de dollars au cours des 30 dernières années par l’intermédiaire de plusieurs agences gouvernementales américaines, y compris l’Agence américaine pour le développement international (USAID).

Les USA ont lancé trois nouveaux programmes dans ce secteur au cours de l’année dernière, d’une valeur d’environ 23 millions de dollars pour cinq ans.

Les États-Unis participent à la création et au développement du parc national de Nouabale-Ndoki depuis plus de 25 ans.

Leurs augmentent les capacités et les opportunités pour les travailleurs locaux, contribuent à l’économie locale, protègent les animaux en danger et aident à conserver les précieuses ressources naturelles du Congo. Tous ces programmes ont une approche de la conservation centrée sur les personnes, ce qui signifie qu’ils contribuent également à améliorer les moyens de subsistance des personnes, des communautés rurales et des populations autochtones.

Dans le parc national de Nouabalé-Ndoki, par exemple, où le gouvernement américain a investi plus de 105 millions de dollars à ce jour, environ 90 % des ménages qui y travaillent reçoivent des revenus du partenaire de mise en œuvre financés par le gouvernement américain, la Wildlife conservation society.

Le Président de la République du Congo, Denis Sassou-N’Guesso considère la protection de l’environnement comme une priorité essentielle pour l’avenir du pays et de la planète, et les USA continuent à soutenir le gouvernement congolais dans la préservation de cet écosystème essentiel qui joue un rôle clé pour le monde dans la lutte contre le changement climatique.

Les USA et le Congo-Brazzaville sont concentrés aussi sur plusieurs autres domaines, y compris l’aide humanitaire, le renforcement des capacités et le développement de la jeunesse.

Les USA sont prêts à soutenir le gouvernement et le peuple congolais en cas de catastrophe naturelle et ils s’efforcent d’accroître les capacités nationales par des possibilités d’éducation, de formation et de partage des connaissances dans tous nos secteurs prioritaires. Cela inclut le soutien à l’apprentissage de l’anglais, afin d’améliorer la quantité et la qualité des pratiquants de cette langue mondiale essentielle.

Le gouvernement américain a donné plus de 15 millions de dollars pour soutenir les efforts humanitaires en République du Congo au cours des trois dernières années. Les États-Unis ont fourni environ 5,7 millions de dollars de financement en 2022 au Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations-Unies, en réponse à de graves inondations, leur permettant de mener à bien des programmes d’assistance alimentaire critiques en République du Congo.

En 2022, grâce au soutien du gouvernement américain, le PAM a aidé plus de 12 000 réfugiés de la République centrafricaine (RCA) dans la Likouala et des demandeurs d’asile de la RDC dans les Plateaux.

Ils ont atteint plus de 10 600 personnes touchées par les inondations dans les régions de la Cuvette, de la Likouala, des Plateaux et de la Sangha grâce à une assistance en espèces qui leur permet de répondre à leurs besoins alimentaires de base.

Une grande partie de l’aide multilatérale (dans les secteurs de l’éducation, des finances publiques, de la santé et de l’agriculture) fournie au Congo pour soutenir son développement économique est financée par le gouvernement américain.

Alors que le gouvernement et les milieux d’affaires congolais cherchent à améliorer le climat des affaires, les États-Unis et son secteur privé sont également intéressés à soutenir et à encourager tous les progrès qui peuvent être réalisés.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photo : DR