Des tirs d'artillerie lourde ont été entendus dans Goma, la grande ville de l'est de la République démocratique du Congo, alors que le mouvement M23 et l'armée rwandaise tentent de s'en emparer. Face à l’apprêté des combats, certains soldats gouvernementaux ont choisi de déposer leurs armes auprès des soldats de la Monusco. Kinshasa a rompu ses relations diplomatiques avec Kigali. Son ministre des Affaires étrangères a évoqué à l’ONU, une déclaration de guerre du Rwanda.
Les rebelles du M23 appuyés par l’armée rwandaise, ont revendiqué dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 janvier la prise de Goma, ville majeure de l’est de la République démocratique du Congo. Ils appellent l’armée congolaise à se rendre.
Auprès de plusieurs agences de presse, Corneille Nanga, chef de l’Alliance du fleuve Congo, qui comprend le M23, a indiqué avoir pris la ville et ordonné aux soldats de l’armée congolaise de déposer les armes.
Selon des témoins, les habitants ont vécu de longues heures d’angoisse, rythmées par des tirs nourris et des explosions dans plusieurs quartiers de la ville y compris à proximité de l’aéroport de Goma.
D’après des sources concordantes, des combats se poursuivent entre les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda et les forces armées de la RDC (FARDC) et leurs alliés, dans la périphérie de al ville, semant une psychose généralisée.
Les rebelles du M23 ont pris d’assaut certains quartiers dont Majengo, vers les stations Mutinga et Himbi, provoquant un exode des populations.
L’armée congolaise occupe toujours le centre de la ville, affirment des sources sur place, confortant l’imprécision sur, qui d’entre le M23 ou les FARDC, contrôlent réellement la ville.
Cependant, malgré cette situation tendue, l’aéroport international de Goma reste sous contrôle des casques bleus de la MONUSCO et les forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe déployées en RDC (SAMIDRC).
Entre-temps, toutes les activités sont paralysées dans la ville et certains habitants restent terrés dans leurs maisons.
Des scènes de pillages ont été notées dans certains quartiers, notamment au marché de Birere.
Dans le quartier de Majengo, à la place appelée Kimburu, le M23 s’est affronté avec les combattants pour l’auto-défense de la patrie, Wazalendo, ce qui accentue encore la peur de la population.
La situation sécuritaire demeure extrêmement instable, confuse et tendue.
Une évasion massive est intervenue lundi matin à la prison à Goma, qui compte environ 3 000 détenus. Le bâtiment a été totalement incendié, ce qui a causé de nombreux morts parmi les prisonniers. Des prisonniers en fuite ont été aperçus dans les rues alentour.
Des bus ont été organisés lundi à la frontière rwandaise avec l’est de la RDC, prêts à évacuer des personnels de l’ONU et leurs familles venant de Goma, à la merci du M23 et de l’armée rwandaise.
« Les membres du personnel de l’ONU et leurs familles qui ont travaillé en RDC » sont en cours d’évacuation de Goma, avec des bus à la frontière « en attente pour les transporter vers Kigali, où ils embarqueront sur des vols vers leurs pays respectifs », a indiqué RBA, une télévision rwandaise sur X.
Les personnels de plusieurs ambassades dont ceux de la France ont aussi été évacués.
Selon l’armée uruguayenne, quelques unités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont commencé à se rendre en remettant leurs armes à des Casques bleus à Goma.
La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) s’était engagée dans les combats contre le M23 au côté des FARDC.
Le président kényan William Ruto a annoncé dans un communiqué, réunir "dans les prochaines 48 heures" un sommet extraordinaire de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, en présence des présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.
Rappelons qu’une médiation RDC-Rwanda sous l'égide de l'Angola a échoué en décembre faute d'entente sur les conditions d'un accord.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville