Congo - Maison d'Arrêt de Brazzaville: L'effondrement du mur d'enceinte provoque l'évasion de la plupart des prisonniers

Une partie du mur d'enceinte de la Maison d'Arrêt de Brazzaville s'est effondrée dans la nuit de jeudi à vendredi. Cette situation a été une aubaine pour de nombreux prisonniers de droit commun qui en ont profité pour s'évader.

L'accident s'est produit vers une heure du matin, dans la nuit du jeudi 31 mars, au vendredi 1er avril. Un pan du mur de la Maison d'Arrêt, de près de 4 mètres de haut, s'est s'effondré sur une distance d'environ 15 mètres.

La violence du choc qui a produit un grand boum fortement ressenti dans le voisinage dont les maisons ont tremblé, a un temps "fait penser à l'attaque d'un commando venu libérer certains prisonniers dits sensibles", ont confié certaines personnes habitant le quartier et qui n'ont osé aller voir ce qui se passait, "de peur de ramasser une balle perdue", ont confié d'autres.

Un sentiment partagé. "On s'est réveillé en sursaut, tellement le bruit était imposant. Un énorme fracas, comme une chute d'obus. Là, on s'est dit, ça vient de la Maison d'Arrêt, on les attaque avec du lourd".

Du lourd, c'est également ce que l'on s'est sans doute dit au Poste de police de la Maison d'Arrêt où les 5 agents de garde n'ont pas osé sortir dans la pénombre et qui plus est, après une salve aussi déchirante, preuve de la puissance de feu des assaillants, face à laquelle leurs modestes fusils PMAK ne feraient pas le poids.

Pourtant, tous avaient tout faux, car ils imaginaient la situation à travers ce qui semblait être une grosse détonnation, sans rien voir de leurs propres yeux, même si la peur de mourir d'une balle perdue n'encourageait à aucune curiosité, de surcroît la nuit.

Ce sont plutôt les prisonniers qui jusqu'à cette heure si tardive, ne dormaient pas et, ayant la situation en visuel, qui se sont apperçus les premiers de ce qui se passait réellement. Une partie du mur venait de s'effondrer, leur ouvrant du coup la voie de la liberté que beaucoup d'entre eux n'ont pas tardé à prendre, dans le silence de la nuit, surtout que les policiers qui pouvaient les en empêcher, restaient planqués au Poste de garde.

Le décompte établi par l'administration pénitentiaire dénombre quelques 365 détenus de droit commun parmi lesquels de nombreux "bébés noirs", comdamnés ou en passe de jugement, désormais dans la nature.

D'autres détenus notamment des personnalités en détention ainsi que quelques prisonniers ayant presque purgé leur peine et en passe d'être libérés, ont choisi de rester.

C'est d'ailleurs un officier supérieur en détention qui a informé les surveillants pénitentiaires bien planqués, en attendant l'assaut des assaillants qu'ils redoutaient, de la chute d'une partie du mur d'enceinte.

Depuis la dernière grande pluie qui s'était abattue sur Brazzaville, le mur de la Maison d'arrêt avait présenté une fissure, après un affaissement de la fondation, du coté de la bretelle débouchant sur le cimetière du Centre-Ville. L'administration pénitentiaire avait évalué la situation, une entreprise missionnée pour le travail et on était en attente du déblocage des fonds pour entreprendre les travaux d'érection du mur.

Depuis la catastrophe, un mur en tolles a été érigé à cet endroit, en attendant des travaux en dur.

Un détachement de policiers armés jusqu'aux dents y monte la garde. Mais, des policiers qui sont plutôt postés dans le restaurant situé de l'autre côté de la rue. Un restaurant qui a pour spécialité le mboto, un poisson bien prisé des congolais.

Pourvu que ces policiers en faction, ne fassent pas une indigestion de poisson, surtout que cela est si fréquent en avril.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville