Congo : En plein couvre-feu, des militaires surpris en train de voler un congélateur plein de provisions à Pointe-Noire

On en sait un peu plus sur les malfrats qui ont volé, vers 2 heures du matin, à l’heure du couvre-feu, un congélateur rempli des provisions au domicile de la famille Nkodia à Mpaka belle-vue, un quartier de Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Il s’agit, selon des témoins, des hommes en treillis  et portant des bérets rouges sur leurs têtes.

Malgré le confinement et le couvre-feu sur toute l’entendue du territoire national, les voleurs opèrent en toute tranquillité alors que les militaires, policiers et gendarmes sont visibles partout comme des mouches.

A travers la fenêtre, la famille Nkodia qui ne dormait pas à poings fermés, a vu comment trois militaires en armes venaient de défoncer la porte de leur cuisine externe et emportaient avec eux leur congélateur.

Aussitôt, ils ont crié au voleur, alertant tout le secteur. Pris de panique, les militaires ont déposé par terre le congélateur et ont tenté de fuir avant de demander à la famille d’effacer immédiatement les images de leur forfait dans leurs téléphones portables.

Après des négociations, les victimes ont accepté, la peur dans le ventre, d’effacer de leurs téléphones des images du vol et les militaires sont partis à bord de leur véhicule de patrouille.

Le congélateur a été ramené dans la grande maison au lieu de la cuisine externe. La famille Nkodia venait il y a deux jours de faire les provisions afin de supporter la période de confinement.

L’acte n’est tout simplement pas rassurant. L’on a du mal à admettre que des militaires congolais, en ces moments difficiles où le pays traverse une crise sanitaire, commettent pareil forfait. De quoi saper le moral de toute une institution.

Depuis que le couvre-feu est effectif dans la ville de Pointe-Noire de 20 heures à 6 heures du matin, les populations de la ville océane dénoncent de nombreux cas de vol nocturne. Les commerçants d’Afrique de l’Ouest se plaignent chaque jour des cas de vol dans leurs boutiques.

En novembre 2017, scène surréaliste au quartier Fond de Tié-Tié à Pointe-Noire. Une patrouille de police est hélée par un passant qui leur explique qu'il vient de se faire voler son iPhone 5s par un homme en uniforme quelques secondes plus tôt. La victime était juste à côté de son véhicule, moteur tournant, quand elle a vu approcher un homme en uniforme dont elle ne s'est logiquement pas méfiée. En quelques secondes, le militaire ivre a tiré l’iPhone 5s du sac à main de la victime et a pris la fuite sous le regard sidéré du propriétaire. Un peu surpris par cette version les policiers invitent quand même la victime à monter avec eux pour tenter de retrouver le présumé voleur en uniforme.

Le sergent-chef E, déchiré comme un drap de pauvre, a été vite retrouvé à l’angle d’une pharmacie de Tié-Tié, marchant clopin-clopant, son téléphone portable dans la poche de son treillis. Bien malin celui qui croyait que voler le bien d’autrui est un jeu d’enfant sans conséquences, il a demandé pardon les genoux fléchis au sol et sollicité un arrangement à l'amiable. Il ne voulait pas que sa hiérarchie soit au courant de son forfait.

En avril 2018, des riverains surprennent au quartier Loandjili, toujours à Pointe-Noire, un militaire en train de s’affairer sous le capot d’une Toyata Hilux double cabines. Le jeune soldat de 2ème classe de l’armée congolaise était en train de déconnecter les fils de la batterie pour la voler. Lorsqu’il a été coincé et encerclé par les jeunes du quartier en effervescence, il leur a expliqué, sans se démonter, qu’il comptait la revendre pour trouver un peu d’argent pour s’acheter un paquet de cigarettes.

Le soldat Hugues M. a été molesté et relaxé après l’intervention rapide du chef du quartier qui a jugé plausible que le linge sale soit lavé en famille car les parents du militaire habitent tous le quartier depuis 1983.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville