Après trois ans de relation et vie de couple ponctuée par la naissance d’une fille âgée aujourd’hui de deux ans, un homme originaire de Brazzaville, a été obligé de programmer un voyage au Congo où il comptait aller s’acquitter de la dot auprès de sa belle-famille. Sa liste de dot atteignait 10.000 euros et avait enchaîné plusieurs boulots en France pour les réunir sous la pression de sa fiancée qui exigeait d’être honorée.
Selon Sacer Info qui rapporte les faits, la fiancée qui a vécu toute sa vie à Bacongo dans le deuxième arrondissement de Brazzaville exigeait d’être honorée. Au quartier Mbimi de Bacongo, la famille s’était concertée avant de faire parvenir au fiancé via sa famille la liste de la dot évaluée à plus de 6.500.000 frs (10000 euros).
Malgré tout l’amour que le fiancé donnait à Claudine M, cette dernière ne le trouvait pas suffisant jusqu’au point de menacer de quitter le foyer conjugal si la dot ne se faisait pas dans les délais qu’elle avait donné.
Fabrice dit Fabolo pour ses intimes qui est lui originaire du plateau des 15 ans s’était plié en quatre pour réunir les 10000 euros, sans compter qu’il devrait à lui seul supporter les frais des billets d’avion de sa fiancée et sa fille.
Claudine M qui pourtant travaillait à temps partiel jurait d’être au rouge, et ne pouvoir l’aider. Mais un coup de fil venant de Brazzaville va tout bousculer. L’interlocuteur au bout du fil de l’autre côté de Brazzaville n’avait pas su garder sa langue. Il a livré au fiancé le secret jalousement gardé de Claudine M.
Dans la conversation, Fabolo va apprendre que sa fiancée qui jurait être au rouge venait de s’acheter une parcelle à Diata d’une valeur de 15000 euros (10.000.000 frs). Celui qui livrait ce secret n’était entre autre que l’oncle de Claudine qui s’était occupé de l’achat dudit terrain. Un achat effectué à deux semaines de leur arrivée.
Très remonté et se sentant un peu exploité par sa fiancée qui du reste en gardant ce secret prouvait le peu de confiance qu’elle avait en son homme, Fabolo après consultation avec sa famille a décidé de l’annulation du voyage et de la dot.
Il a préféré envoyer son argent à sa famille afin d’acquérir aussi une parcelle. Malgré tout le bruit et les menaces de sa fiancée, Fabolo est resté sur sa décision, estimant même que la séparation lui viendrait bien.
Claudine M sans gêne aucun a quand même trouvé des prétextes pour se défendre et n’a pas toujours quitté son fiancé pour le moment.
Devrait-on encore payer la dot au Congo ?
La question vaut son pesant d’or, tant la pratique s’est répandue comme une traînée de poudre depuis longtemps au Congo où cette pratique est incontournable dans l’organisation d’un mariage. Dans la société africaine et particulièrement congolaise, sans la dot le mariage n’aurait pas de valeur car il constituerait l’atout majeur pour honorer la famille de la fiancée.
Au fil des années, la pratique de la dot a connu plusieurs revirements selon les traditions et coutumes. Rien ne dit qu’il faut payer une dot pour valider l’union entre deux personnes. Nous pouvons donner des présents sans contraintes, sans liste préalable et sans que la belle famille ne s’attende déjà à recevoir quelque chose pour les honorer. Cela doit se faire librement et sans contrainte de la part du futur marié.
Pourquoi aujourd’hui au Congo la dot est devenue une affaire de famille ? Pourquoi ce caractère commercial aux allures de ventes de nos mères, filles, sœurs, cousines et tantes ? Veut-on nous faire croire que les femmes congolaises seraient supérieures au reste de la junte féminine mondiale au point de les acheter ?
Aujourd’hui, plusieurs personnes n’arrivent pas à contracter les liens sacrés du mariage au Congo-Brazzaville à cause de la dot, d’autres brisent leurs fiançailles parce que le jeune homme n’a pas pu fournir tout ce que les parents ont exigé dans la liste.
Certaines sommes de cette dot atteignent même les 5 à 6 millions de nos francs. C’est dommage, quand on sait que Dieu nous a donné cette bénédiction gratuitement. Personne ne lui a donné quoi que ce soit en retour.
Au lieu d’aider les jeunes fiancés à construire leur avenir, la dot, serait soit disant une manière d’honorer la belle famille et de prouver aux parents que l’on aime sa future épouse. Drôle de manière quand on sait que le véritable amour est immatériel.
Nous reconnaissons le mariage familial, il faut bien comprendre notre logique. Nous ne disons pas que le mariage au niveau de la famille ne doit pas être célébré au détriment de la Mairie ou de "l’église", loin de là. Le mariage familial est le plus important aux yeux de Dieu, car c’est au père de marier sa fille. Mais étant donné que ce dernier ne procure aucune garantie et ne donne pas lieu aux actes d’état civil, la loi ne reconnaît donc juste que le mariage à l’état civil, et ce n’est pas un péché d’aller se marier à la Mairie. D’ailleurs, ce n’est que deux papiers à signer : l’acte de mariage et le livret de famille.
Alors nous réfutons cette autre forme de l’esclavagisme autour de cette pratique. Nous refusons la vente de la femme au Congo, et nous pensons que les autorités compétentes devraient simplement encadrer cette tradition par une loi pour éviter de déformer le vrai sens même de la dot et son caractère originel.
D’ailleurs, la définition du Petit Larousse 2004, corrobore ce que nous soutenons. Il définit la dot comme étant : "Biens qu’une femme apporte en se mariant. Biens donnés par un tiers et par contrat de mariage à l’un ou à l’autre des époux". Cette définition est très claire, ce n’est donc pas le patrimoine du nouveau ménage qui doit être soustrait, mais plutôt les biens des deux familles qui doivent apporter assistance au nouveau couple afin de les aider à démarrer une nouvelle vie.
La dot est une pratique qui remonte à l’Antiquité, particulièrement au Moyen-Orient où l’on observe déjà chez les Israélites, une sorte de compensation quand une fille juive était violée. Car "connaître" une fille juive avant le mariage était un signe de déshonneur non seulement pour la fille mais également pour toute la famille. Aller en mariage tout en étant vierge était un précepte très important dans la société israélienne.
La dot devrait donc servir en notre langage actuel, de dédommagement moral en vue de réparer le préjudice causé, c’est-à-dire, du viol. On peut avoir un exemple dans la bible Genèse 34 où l’histoire, nous enseigne que Dina, fille de Jacob fut violée par Sichem. Malgré le fait que le jeune homme ai voulu payer la dot, cela ne pu calmer la colère de ses frères. Ces derniers tuèrent toute sa famille et refusèrent de recevoir la dot car ils considéraient cet acte impropre.
Cette tradition mérite d’être perpétuée certes, mais elle doit être encadrée juridiquement.
GERFRED / Les Echos du Congo Brazzaville/ source : Sacer Info