La Délégation de l’Union Européenne en République du Congo en collaboration avec la Primature, a organisé, le samedi 28 octobre 2023 à Kintélé, en marge du Sommet des trois Bassins tropicaux mondiaux, la cérémonie de signature de la feuille de route du partenariat pour les forêts. Les signataires de cet accord sont : le Comissaire Virginijus Sinkervicius pour la partie européenne et la ministre de l’Economie Forestière, Mme Rosalie Matondo, en présence de l’ambassadeur de l’Union Européenne au Congo, sous la haute autorité du Premier Mininstre, Chef du Gouvernement, Anatole Collinet Makosso.
A l’initiative du Gouvernement du Congo, une délégation de la commission Européenne, conduite par M. Sinkevicius, Commissaire à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche, représentant la Présidente de la Commission européenne a pris part aux travaux du Sommet des Trois Bassins (Congo-Amazonie- Bornéo-Mekong d’Asie du Sud-Est).
Dans son allocution, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Anatole Collinet Makosso a, de prime abord fait un rappel historique sur la genèse de ce Partenariat.
« L’accord de Paris sur le climat, adopté lors de la 15e conférence des partis à la convention cadre des Etats-Unis sur le changement climatique, tenu en 2015 en France, avait marqué un tournant décisif dans la dynamique globale relative à la lutte contre le dérèglement du climat. En saluant unanimement cet instrument, les dirigeants mondiaux affichaient alors leur enthousiasme à œuvrer pour l’atteinte de son objectif à long terme, à savoir : maintenir l’augmentation de la température moyenne de la planète bien au-dessous de 2° Celsius par rapport au niveau préindustriel et de préférence de limiter l’augmentation à 1,5° Celsius, en reconnaissant que cela réduirait considérablement les impacts du changement climatique. Après la mise en œuvre dudit accord, force est de constater, à en croire le 6e rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat paru au mois de février 2022, que le dérèglement climatique s’accélère et que de nombreux risques climatiques sont plus importants que prévu, en particulier, pour les pays d’Afrique en raison de leur vulnérabilité. (…) Il est plus que jamais temps d’agir pour notre survie à tous. Prenant toute la mesure liée à ce climat, le Congo mon pays, multiplient depuis un peu plus de deux décennies les initiatives lui permettant de contribuer de manière significative à la conjuration de cette menace. Tel est le sens que mon pays donne à son engagement irréversible de gérer durablement les forêts, de conserver la biodiversité et de promouvoir les plantations forestières et agroforestières, sous le leadership de Son Excellence, M. Denis Sassou Nguesso », a-t-il déclaré.
« Le lancement de l’initiative de la décennie africaine et centrale de l’afforestation lors de la COP 27, tenue en Egypte en 2022 ainsi que la signature du partenariat pour les COP avec l’Union Européenne pour la même occasion compte parmi les déclinaisons de cette glorieuse posée par le président Denis Sassou Nguesso », a renchéri Anatole Collinet Makosso.
Parlant du partenariat pour les forêts, le Congo se réjoui de la clarté des objectifs et les définis notamment : les précisions des indicateurs.
Pour le Commissaire européen, « la feuille de route d’aujourd’hui précise de manière détaillée, les objectifs clés et les interventions de notre Partenariat. Il nous rapproche de la mise en œuvre et cela représente un pas important pour nous tous. Pour la République du Congo, mais également, pour l’union Européenne et pour tous les Etats membres représentés ici à Brazzaville. En leurs noms, je suis heureux de dire que nous sommes unis derrière ce Partenariat pour les forêts, et avant de me pencher sur les détails, regardons un tout petit peu en arrière et demandons-nous ce qui est en jeu. Les forêts sont nos poumons, je viens d’en discuter avec le premier Ministre, lors de notre réunion bilatérale. Elles couvrent 30% de la masse terrestre de la planète et accueillent 80% de sa biodiversité. En dépit de cette importance des forêts, la déforestation et la dégradation des forêts se poursuivent. Il y a l’impitoyable expansion d’une agriculture non durable, cela dit, ici en République du Congo, les taux de déforestation sont très, très faibles et je dois véritablement vous féliciter pour vos efforts que vous devez conserver à ce niveau. Mais il est également clair que, la pression sur les forêts ne cesse de s’accroitre. Et nous voulons vous aider à atteindre vos objectifs de développement. Il y a un potentiel énorme d’agriculture durable et d’une économie durable », a affirmé M. Virginijus Sinkervicius.
« Donc, je suis heureux d’annoncer qu’aujourd’hui, l’UE mobilise un financement supplémentaire de 25 millions d’Euro, pour soutenir la mise en œuvre de ce Partenariat des forêts sur 7 pays, y compris la République du Congo. Si nous voulons mettre un terme à la déforestation, nous devons nous pencher sur les aspects que constituent l’offre et la demande, avec le nouveau règlement de l’Union Européenne sur la déforestation et la dégradation des forêts, nous essayons de faire les deux choses. Nous reconnaissons que les citoyens de l’UE ne veulent pas que leur consommation contribue à la déforestation. Il y a un élément important de cette nouvelle législation, c’est celui d’une coopération plus étroite avec nos pays partenaires pour encourager les transitions mondiales par des pratiques agricoles qui soient plus durables. Ça signifie aussi, de faire en sorte que les économies forestières soient durables. Une économie forestière durable c’est quoi ? C’est une économie qui tient vraiment compte, non seulement de la faune et de la flore, mais également des communautés qui dépendent de ces forêts, notamment, les peuples autochtones. La gestion durable ça veut dire écouter la voix des communautés locales, entendre leur plaidoyer, en faveur d’une exploitation durable, équitable et respectueuse de la terre. Le partenariat sur les forêts UE-Congo offrira un cadre de long terme de coopération entre l’UE, ses Etats membres et la République du Congo. Un cadre pour gérer de manière durable la forêt du Bassin du Congo, tout en créant de la valeur en termes de développement socioéconomique d’emplois décents. Tous nos Partenariat sur les forêts comme celui-ci, se fondent sur un ensemble de principes et de valeurs clés, ils sont ouverts, ils sont inclusifs. Au cours de ces derniers mois, l’UE et ses Etats membres ont travaillé en étroite collaboration avec la République du Congo sur cette feuille de route et, avec la mise en œuvre, de notre nouveau règlement, et cette feuille de route, il y aura plein de cohérence avec cette nouvelle législation. Travailler avec la feuille de route permettra le développement des systèmes de traçabilité, aidera les petits exploitants, permettra de développer l’agroforesterie dans l’état dégradé et dans les savanes. Notre règlement déforestation, la feuille de route et sa mise en œuvre reflèteront tous ces éléments », s’est exprimé le Commissaire.
« Comme je l’ai dit tout au début, c’est un grand plaisir que de travailler avec la République du Congo pour développer cette économie forestière durable. Le gouvernement a un rôle important à déployer et notre coopération dans la mise en œuvre dans l’accord de partenariat volontaire Flect a été très efficace. Au nom de mon équipe, je vous remercie pour votre effort et pour cette coopération harmonieuse. Nous sommes déterminés à continuer de soutenir nos partenaires et leur engagement dans ce processus complexe de transition vers un développement économique durable. La clé, ce sera les chaines de valeurs résilientes pour les produits agricoles et le bois. Nous allons vous accompagner, nous partageons vos objectifs, le climat, la biodiversité, le développement social, nous avons tout à gagner de faire ce beau voyage ensemble » a-t-il conclu avec satisfaction.
Quant à la ministre de l’Economie Forestière, Madame Rosalie Matondo, s’estime comblée et plus qu’heureuse pour la signature de la feuille de route du Partenariat pour les forêts entre l’Union Européenne et le Congo « Nous sommes très heureux parce que nous avons eu dix (10) années de coopération dans le cadre de l’accord de partenariat volontaire avec l’Union Européenne. Un partenariat avec succès, que nous allons célébrer au mois de novembre. L’Union Européenne a pensé qu’il fallait signer un nouveau partenariat pour les cinq prochaines années et celui-ci a été signé en marge de la COP 27 et aujourd’hui, on vient de le signer devant Monsieur le Premier Ministre, Chef du gouvernement, nous venons de signer notre feuille de route de toutes les activités que nous allons mener ensemble, grâce à l’appui de l’Union Européenne. Donc, imaginez notre joie ! La priorité ici, c’est la gouvernance forestière, j’allais dire la bonne gouvernance forestière, comme l’UE l’a fait dans la traçabilité de la légalité forestière. Elle avait aussi commencé de nous appuyer dans le cadre de la gestion, de la cogestion des aires protégées, vous le savez bien que le Congo entreprend de créer des nouvelles aires protégées et nous avons besoin de cet appui. L’union Européenne a aussi promis de nous aider dans le cadre des formations et de l’accompagnement en matière de recherches. La coopération avec l’UE est une coopération agissante où les résultats ne se font pas attendre et nous pouvons voir ces résultats sur le terrain. Je crois que cette 2e édition du Sommet des trois Bassins forestier est un grand succès pour l’Economie Forestière, dans la mesure où, les Chefs d’Etats venus à Kintélé, même ceux qui sont intervenus par vidéoconférence, ont tous dans leurs propos, ont tous pris l’engagement dans le cadre de la gestion durable des écosystèmes forestiers, dans le cadre de l’aménagement des forêts et dans le cadre de l’attribution de surface à la conservation de la biodiversité ».
Se faisant, l’Union Européenne est donc déterminée à faire en sorte que ses engagements deviennent une réalité sur le terrain et reste attachée à la protection des aires protégées et à l’ambition « 30% d’ici 2030 » afin d’accompagner ses partenaires dans leur démarche de développement durable.
L’objectif est de garantir l’utilisation durable de ces ressources, promouvoir la biodiversité forestière, construire des chaines de valeurs vertes et créer des emplois décents.
Valda Saint Val / Les Echos du Congo-Brazzaville