Brazzaville : Le parc automobile de la Société Averda est amorti et ses bacs sont devenus obsolètes, selon les autorités municipales

Pas terrible au niveau des odeurs et des mouches : le ramassage des ordures ménagères perturbé à Brazzaville. C'est nauséabond, ça défigure la ville. Cette fois, il ne s'agit pas d'une énième grève des éboueurs. Chargée de collecter les ordures, la Société Averda connaît des défaillances depuis plusieurs mois : son parc automobile est amorti et ses bacs sont devenus obsolètes, selon les autorités municipales. Les populations de la ville capitale hurlent de colère alors que la société de ramassage n’est plus en contrat avec le gouvernement depuis le 12 avril dernier.

«Les ordures ménagères à ciel ouvert représentent un danger permanent pour ses populations, les exposant à diverses maladies pulmonaires, mais aussi au paludisme et même au cancer », a déclaré l’environnementaliste Arsène Rigobert Guélélé Kintono, président exécutif d’Action pour l’environnement et la solidarité internationale sur Rfi.

Il suffit de tourner le dos au centre-ville de Brazzaville, la capitale congolaise, jadis appelée « Brazza la verte », pour tomber sur les déchets qui débordent des bacs le long des avenues et ruelles qu’ils rétrécissent. On les trouve également devant des endroits sensibles, comme les marchés.

Au nord de la ville, la célèbre avenue de la Tsiémé est devenue un dépotoir en plusieurs endroits, en plus de ses béants nids de poule.

La société privée chargée de collecter les ordures ménagères à travers les quartiers populaires de Brazzaville passe parfois des semaines sans opérer dans certaines zones où des immondices s’amoncellent devant des points sensibles comme les marchés.

L’État ne lui verse plus régulièrement ce qu’il lui doit conformément au contrat signé. Plusieurs véhicules de ramassage d’ordures sont sur cale. Leur entretien pose problème.

Le 4 avril dernier, lors de la question orale avec débat au gouvernement à la chambre haute du Parlement, les sénateurs ont interpellé l'exécutif sur le manque de rendement de cette société.

Face à ce désastre environnemental, les sénateurs ont voulu comprendre ce qui justifie les contreperformances de la société Averda sur le terrain, mais aussi pourquoi celle-ci a du mal à couvrir l’ensemble des deux villes.

Répondant à cette préoccupation, le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a reconnu les défaillances de la société sur le terrain mais a promis des solutions correctives.

« Nous sommes conscients de ce que la société Averda éprouve des difficultés dans sa mission d’assainir nos deux grandes villes. Le contrat que le gouvernement avait signé avec ladite société arrivera à son terme sous peu, et lors de son renouvellement, nous allons réorienter ses termes afin de lui donner l’occasion de se refaire », a indiqué le chef du gouvernement.

Brazzaville accueille plus d’un tiers des habitants du Congo. Ses infrastructures de drainage pluvial et sa filière de collecte et de gestion des déchets présentent des faiblesses qui rendent la ville vulnérable aux inondations.

Au centre-ville, où se concentrent les activités économiques, certaines zones sont fortement impactées par les inondations et les érosions en période de pluie. La gestion des déchets se caractérise par l’absence de textes institutionnels encadrant le secteur, une filière de précollecte faiblement structurée, un nombre insuffisant de sites transitoires de dépôt des déchets, des dispositifs de gestion des déchets à l’échelle de la Mairie qui souffrent d’un manque de moyens humains et financiers.

La gestion de l’environnement urbain est devenue une préoccupation majeure de la plupart des pays en voie de développement.

Vivement qu’un plan d’urgence soit mis en place pour éviter que la capitale du pays croule sous le poids des ordures ménagères.

Albert SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville