La croissance de l’Afrique n’est pas du goût des Africains, selon Carlos Lopes

La croissance de l’Afrique – qui devrait s’établir à environ 3 % en 2016 et 4,4 % en 2017 – n’est pas du goût des Africains, se désole le secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. Carlos Lopes.

«La croissance actuelle de l’Afrique ne crée pas suffisamment d’emplois et ne profite pas à une fraction de la population suffisamment large pour pouvoir réduire considérablement la pauvreté», a-t-il expliqué lors de la session ministérielle de haut niveau de la Semaine du développement de l’Afrique à Addis-Abeba (Ethiopie), en présence notamment de plusieurs personnalités dont la présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini Zuma.

Entres autres justifications, le patron de la CEA souligne que cette croissance, qui est portée pour un tiers par la flambée des cours des produits de base et les dépenses publiques, est « fragilisée » par les fluctuations de ces cours.

Rappelant que la chute des cours des produits de base a des effets négatifs et considérables sur les pays africains, Carlos Lopes indique qu’en 2015, quelque 42 des 46 produits de base suivis par la Banque mondiale s’échangeaient à leur prix le plus bas depuis le début des années 80.

Etant tributaires des importations ainsi que de leurs exportations de produits de base et de ressources naturelles dont les acheteurs sont peu nombreux, rappelle-t-il, les pays africains sont ainsi « très vulnérables » à la volatilité des prix et aux chocs commerciaux.

S’attaquer à la transformation structurelle des économies africaines

La plupart des pays africains sont des importateurs nets de produits de base et devraient par conséquent tirer profit de la baisse actuelle des cours, selon le secrétaire exécutif de la CEA, également secrétaire général adjoint des Nations Unies.

M. Lopes en appelle ainsi à «l’impérieuse nécessité pour l’Afrique de s’attaquer à la transformation structurelle de son économie en la centrant surtout sur les possibilités qu’offrent l’industrialisation ».

Il s’est toutefois félicité de l’année « exceptionnelle » vécue par l’Afrique, en dépit des « amalgames entretenus par beaucoup de sceptiques ».

Co-organisé par la CEA et l’Union africaine, la Semaine du développement africain réunit les ministres africains de l’Economie des Finances.

Germaine Mapanga