Congo-La débrouillardise au féminin : La vente des fruits et légumes, un véritable gagne-pain pour Marlène

Au Congo-Brazzaville, où trouver un emploi dans la fonction publique ou dans le secteur d'économie moderne privé relève de l'exploit, et où la pauvreté persiste et signe, la gente féminine se lance plus que par le passé dans le système « D » (débrouillardise), au même titre que les hommes, dans la vente à la criée et à la sauvette de certains produits à travers les rues de la capitale congolaise pour subvenir aux besoins de leurs familles.

A Brazzaville principalement, dans les grandes artères de la ville et même dans les marchés, la vente des fruits et légumes est parmi les activités exercées par certaines jeunes filles congolaises.

«C’est depuis un an que je vends les fruits et légumes dans les rues de Brazzaville. Certes je n’ai pas beaucoup de bénéfice, mais au moins cette activité m'aide à subvenir aux besoins de ma petite famille. Au regard de diverses activités auxquelles les gens se livrent dans les quartiers de Brazzaville, je peux dire que tous les moyens sont bons pour vivre dignement », nous a confié Marlène, 22 ans, de nationalité congolaise.

Marlène et ses cris au petit matin

Pendant les premières heures de la journée, la voix de Marlène, se fait déjà entendre malgré différents chants d’oiseaux et des bruits des moteurs des véhicules.

« Avocats, tomates yang’oyo eleki », hurle-t-elle portant sur sa tête une bassine de fruits et légumes.

Elle fait le tour des avenues dès l’aube. Ses cris réveillent les habitants des quartiers exploités : « Moi, je marche partout pour bien vendre donc je ne reste pas sur place ».

Très courageuse, Marlène qui vit à Mfilou dans le 7e arrondissement de Brazzaville, est obligée de crier à tue-tête à longueur des journées pour pouvoir survivre. Elle vit ainsi de la débrouillardise. Elle sait faire le marketing de ses fruits et légumes achetés au marché Total à Bacongo.

Marlène parle de l’article 15, ce fameux article n’ayant figuré dans aucune Constitution du pays. Dans l’entendement du Congolais, « débrouillez-vous » est le contenu de l’article 15. Il autorise à tout citoyen de faire ce qu’il peut selon ses moyens et énergie pour survivre, à défaut de bons boulots que peut offrir un État.

Dans cette ville fascinante, chaotique et envoutante à la fois, chacun essaie de vivre ou de survivre en pratiquant l’article 15 synonyme de débrouillardise.

Vêtue simplement d'un tee-shirt décolleté avec un pagne et une paire de babouches, Marlène parcourt environ quatre arrondissements par jour pour vider sa marchandise.

Des légumes dans les marchés de Brazzaville sont devenus très chers et un peu rares. La population ne peut plus s'en procurer comme elle le voudrait vu le prix. Les légumes sont maintenant un luxe et le prix ou encore la quantité varie selon une vendeuse à l'autre. Pourtant très nécessaire à la santé, les gens de certains quartiers peinent à l'avoir.

«Quand j’achète les fruits et légumes de 10.000 FCFA au marché Total, je peux avoir un bénéfice de 3.000 à 6.000 FCFA parfois rien du tout. Mais je ne baisse jamais les bras, je continue toujours et depuis un an déjà, j’exerce toujours ce commerce», précise Marlène.

Notez que Marlène est mère d’un enfant mais femme célibataire. C’est grâce à ce commerce des fruits et légumes qu’elle arrive à subvenir aux différents besoins de son enfant et de sa famille.

Un exemple à suivre dans un pays où la pauvreté à un visage féminin.

Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville