Sommet sur le financement des économies africaines : Denis Sassou N’Guesso a tranché !

Le Président congolais, Denis Sassou N’Guesso a plaidé mardi, lors du sommet sur le financement des économies africaines à Paris en France, pour l'affectation des droits de tirage spéciaux (DTS) à l'allègement des dettes commerciales et la création d'un mécanisme de stabilisation panafricain pour atténuer les chocs économiques ou sanitaires futurs.

 

 

Le président français, Emmanuel Macron, accueille ce mardi 18 mai 2021, le Sommet sur le financement des économies africaines au Grand Palais Éphémère, à Paris.

39 millions : c'est le nombre d'Africains qui pourraient tomber dans la pauvreté en 2021 si rien n'est fait. Une trentaine de dirigeants africains et européens se réunissent ce mardi à Paris avec les grandes organisations économiques internationales, à l'initiative de la France, pour tenter de sauver l'Afrique de l'asphyxie financière qui la menace après la pandémie.

L'Afrique fait figure de continent relativement épargné sur le plan sanitaire, avec seulement 130.000 morts du Covid-19 sur un total mondial de près de 3,4 millions de morts. Mais elle en sort financièrement exsangue. Son économie est dans le rouge.

La réunion de Paris, sous la houlette d'Emmanuel Macron, est divisée en deux sessions, l'une sur le "financement et le traitement de la dette" publique, l'autre sur "le secteur privé africain".

Le dirigeant français conclura le sommet par une conférence de presse conjointe avec le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, à la tête de l'Union africaine.

L'idée de ce "Sommet sur le financement des économies africaines" a germé à l'automne 2020, quand le Fonds monétaire international (FMI) a calculé que le continent risquait de se heurter à un déficit de financement de 290 milliards de dollars d'ici 2023. Certes, la croissance du continent, qui a connu sa première récession en un demi-siècle l'an passé à cause de la pandémie, devrait rebondir de 3,4% en 2021 et de 4% en 2022. Et un moratoire mis en place dès avril 2020 a permis de donner un peu d'air au pays africains les plus endettés. Mais cela ne suffira pas. Les dettes publiques explosent sur le continent, comme la pauvreté : en 2021, 39 millions d'Africains pourraient tomber dans l'extrême pauvreté, selon la Banque africaine de développement (BAD).

Sur le front épidémique, "seule une victoire totale, incluant pleinement l'Afrique, pourra venir à bout de cette pandémie", ont mis en garde de leur côté 18 dirigeants africains et européens mi-avril. Réclamant un "moratoire immédiat sur le service de toutes les dettes extérieures (...) jusqu'à la fin de la pandémie" et une sanctuarisation de l'aide au développement, ils ont également exhorté le FMI à attribuer des droits de tirage spéciaux (DTS) aux pays africains pour leur fournir "les liquidités indispensables à l'achat de produits de base et de matériel médical essentiel".

Ces "DTS" peuvent être convertis en devises par les pays qui en ont besoin sans créer de dette supplémentaire. Le principe d'une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars est acquis, les Etats-Unis s'y étant déclarés favorables fin mars. Reste à savoir ce qui sera alloué aux pays africains. En effet, ces fameux "DTS" sont répartis en fonction des quotes-parts de chaque pays au FMI: le plus gros va aux pays les plus riches. Sur le papier, l'Afrique ne bénéficierait que de 34 milliards de dollars.

D'où la discussion qui va s'engager sur une réallocation par les pays développés de leurs précieux DTS aux pays les plus pauvres.

La France entend aussi mobiliser l'investissement privé pour financer les besoins immenses de développement d'un continent qui aspire à sortir de la logique de l'assistance.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville