Congo : l’extraction du sable, une activité qui nourrit son homme à Impfondo

Sur les eaux sombres et boueuses de la rivière Oubangui, un affluent majeur du fleuve Congo qui percent la forêt équatoriale, plusieurs chômeurs de la ville d’Impfondo, la capitale départementale de la Likouala (nord) qui compte près de 20 000 habitants, ont choisi l’extraction du sable pour survivre.

La période estivale est donc mise à profit par plusieurs jeunes pour se lancer dans l’extraction du sable, une activité artisanale et lucrative qui a permis depuis des années à la jeunesse de la ville préfecture de la Likouala de vivre décemment et de financer les études.

Ces jeunes âgés de 16 à 40 ans travaillent durement au péril de leur santé pour subvenir à leurs besoins.

La tonalité des pioches et des pelles raisonne, un soleil tapant brûle le visage de ces «pilleurs » qui continuent leur besogne sans relâche.

Aux moyens des pirogues, les jeunes entreprenants voguent jusqu’au large de la rivière. Les encres des pirogues sont déposées et bien fixées. Ils plongent ensuite dans les eaux plus au moins glaciales avec des seaux en fer pour y extraire le sable. L’objectif de chaque ‘’sablier’’ est de remplir la pirogue avant de se rendre sur la rive pour le déchargement.

Le travail est fastidieux. Il faut plusieurs tours pour obtenir la quantité requise. Les ouvriers sont armés de courage, de ténacité et d’ardeur pour exercer cette activité qui ne se fait pas sans risques. Les morsures de serpents dans les eaux sont légion. Toutefois, cette pénibilité offre au bout du compte le sourire.

Le sable récolté est vendu 25 000 francs CFA le mètre cube. Les clients sont des entreprises du bâtiment et des particuliers. Les extracteurs du sable gagnent 45 000 francs CFA la journée et les piroguiers 50 000 francs CFA. Le salaire mensuel peut être évalué à 135 000 franc CFA pour les premiers et 150 000 pour les seconds.

Le sablier peut remplir selon sa force un camion de 4 m3 par jour. Son tarif flambe jusqu’à 60 000 FCFA pendant la saison de pluie. Quand les eaux sont en cru, le sable qui dérive de l’amont de la rivière devient rare.

Peu de décideurs politiques ont pris la pleine mesure du danger. Il semble pourtant urgent d’agir pour protéger le sable. Sans quoi nos balades au bord de l’Oubangui pourraient n’être bientôt qu’un lointain souvenir.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville