Congo – Finances : Le manque de devises en euro provoque le ralentissement du commerce d’importation semi informel

Depuis le mois de mai, de nombreux commerçants, surtout des femmes spécialisées dans l’import, depuis Dubaï ou la Chine, connaissent un ralentissement de leurs activités, faute de devises. Désormais, pour ces commerçants, tout voyageur en provenance d’Europe représente un espoir de s’approvisionner en Euros.

Arrivé par le vol Air France vendredi soir, Axel avait à peine posé ses valises, que deux charmantes jeunes dames étaient entrées dans la concession familiale où il était descendu. Visiblement bien renseignées, les deux dames s’étaient dirigées vers lui, le gratifiant d’un « bonsoir tonton » dont la sensualité du ton l’emplit d’étonnement. « Excusez-nous de ne pas vous avoir laissé vous reposer. Nous cherchons de la ‘’monnaie’’, au cas où vous aurez des euros ». « Mais je viens d’arriver, mesdames. » « Justement tonton, nous allons repasser plus tard. Voici nos numéros de téléphone. C’est Agnès et Bertille. Ne nous oubliez pas s’il vous plait. »

À peine les deux dames étaient-elles parties, que Jonathan, le neveu d’Axel, était venu voir son oncle. «Tonton, qu’est ce qu’elles voulaient, ces ‘’ femmes de Dubaï ‘’. Des euros sans doute. Non, j’ai déjà causé avec une ‘’sœur à moi’’, qui viendra demain. Elle va les prendre avec un très bon taux. Ici, les euros, ça devient de l’or. On les cherche à la torche».

Des scènes de ce genre sont désormais récurrentes au Congo où la Banque des États de l’Afrique centrale a suspendu fin mai, le traitement des demandes de devises en euros, du fait de l’épuisement des stocks. Depuis lors, la situation n’a pas changé.

Même si la parité Euro - Franc CFA est fixe, ce désagrément risque à terme, de créer de graves déséquilibres économiques. Déjà, les changes sont désormais ‘’flottants’’ avec un marché noir, sinon informel qui a pris le monopole de l’activité officielle et laisse fluctuer les taux de change au gré des variations de l'offre et de la demande de ces agents privés. Cela pourra induire une hausse de certains produits importés.

Outre les commerçant importateurs, cette situation impacte aussi les voyageurs privés en partance pour l’Europe à qui on demande de produire des preuves de subsistance en euros lors de la demande de visa.

Désormais, une seule solution s’impose : les transferts de banque à banque. Une opportunité qui n’est hélas pas du ressort de tous les citoyens.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville