La grève des travailleurs de la société « SAPRO » se poursuit à Mayoko. Ces travailleurs revendiquent le paiement de trois (03) mois d’arriérés de salaires. En désespoir de cause, ils ont recouru au ‘’Ndzobi’’, un fétiche redouté dans la contrée.
Alors qu’ils accumulent déjà de nombreux jours de grève, avec le sentiment de ne pas être compris par la tutelle qui jusque là ne propose pas de voie de sortie de crise, les travailleurs de Sapro Mayoko ont procédés au dépôt des fétiches Ndzobi devant l’entrée principale de l’entreprise.
Selon certains ‘’grands prêtres du Ndzobi’’, ainsi placé en cet endroit, ces fétiches ''esprit de la pierre'' et donc des minerais, pourrait empêcher le bon fonctionnement de l’entreprise à travers ses esprits libérés, en rendant rare sinon inexistant le minerais.
Le Ndzobi est exclusivement pratiqué par les groupes ethniques Bambamba, Kota, Ndassa Nzabi, Obamba, Téké et Wandji, concentrés au sud-est du Congo et au Gabon.
Le Ndzobi est très fonctionnel et normatif. Son activité concerne autant la socialisation, la lutte contre la sorcellerie, le contrôle social que le règlement des conflits, l'activité économique, les relations entre les hommes.
L'originalité du Ndzobi réside dans son ambivalence : il est à la fois dangereux et salutaire, voire ésotérique. Malgré sa multifonctionnalité et son efficacité affirmée, sa perception est très contrastée dans l'opinion publique. Il est, pour certains, une association de sorciers; et une société initiatique pour d'autres.
Quoi qu’il en soit, relevant du domaine magico-religieux le recours au Ndzobi est toujours réputé dangereux, pour ceux contre qui il est dirigé.
Même s’ils donnaient satisfaction aux revendications des travailleurs, les dirigeants de Sapro devront également payer pour le cérémonial de retrait du Ndzobi, un ‘’désenvoutement’’ en somme, pour ‘’décolérer’’ les ''puissants'' esprits du fétiche.
Entre-temps, pour les dirigeants de Sapro, « croire ou ne pas croire » au Ndzobi, là est toute la question pour un fétiche qui une fois libéré, conduirait parfois jusqu'à la mort des personnes ciblées.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville