Les discussions et la polémique sur le destin du franc CFA préoccupent la Commission de la CEMAC. Aussi son président, Daniel Ona Ondo préconise-t-il un colloque sur la question dans les semaines à venir.
«Je suis détenteur du mandat des chefs d’Etat de la sous-région. Je dois leur apporter une réflexion d’intellectuels. Le franc CFA, quels en sont les avantages, les inconvénients ? Le compte d’opérations est-il bon ou mauvais pour les chefs d’Etat ? Est-ce que le franc CFA doit flotter ou pas ? Les chefs d’Etat doivent le savoir. Mon rôle c’est de faire des anticipations rationnelles et voir, à partir de tout ce qui se dit aujourd'hui, comment relancer la machine », explique le président de la Commission.
Pour Daniel Ona Ondo, la question de la monnaie étant sensible, il revient aux décideurs du continent de trancher.
«En tant qu'Africains, il ne revient qu’à nous seuls, de savoir si le franc CFA est bon ou pas. En matière d’avantages, le gouverneur de la banque centrale n’est pas un Français, c’est un Tchadien ; avant il y avait un Gabonais, ensuite un Equato-Guinéen, donc nous avons fait l’apprentissage », précise-t-il.
Les experts au colloque qui s’annonce, indique la commission de la CEMAC, vont réfléchir sur la stratégie monétaire de l’espace communautaire en tant que peuple souverain désireux de construire une croissance durable et inclusive.
« Si on estime qu’il faut sortir du franc CFA, ce sera en toute souveraineté et en toute conscience pas sur un coup de tête », prévient le président de la Commission.
Le débat sur Franc CFA fait l’actualité. Les derniers développements intervenus avec le procès et l’expulsion de l’activiste Kémi Séba qui a brûlé un billet de 5.000 FCFA au Sénégal l’a relancé de plus belle.
L’opportunité du maintien ou non du franc CFA et de ses mécanismes est un sujet sérieux qui mérite des analyses rigoureuses et, si nécessaire, des décisions responsables.
Comme tout système, celui du franc CFA a ses avantages et ses inconvénients que seule une évaluation scientifique permettrait d’établir. Si les responsables politiques et les gestionnaires du franc CFA ne trouvent pas nécessaire de le rejeter, c’est que dans leur majorité, ils considèrent aujourd’hui que le résultat de cette évaluation est avantageux pour les pays et les populations ayant cette monnaie en partage.
Le jour où ils seront convaincus du contraire, ils n’attendront personne pour agir.
Ils savent aussi que comme tout système, celui du franc CFA est, par définition, perfectible et ils y travaillent certainement à l’abri de toute agitation.
Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville