Congo – Fourniture d’électricité : 45 jours de « deuil du courant » assurément évitable

Brazzaville et Pointe-Noire, les deux plus grandes villes du Congo, subissent, depuis le 21 octobre et ce jusqu’au 5 décembre 2018 au moins, des délestages accentués pour cause de travaux dans la Centrale à gaz de Pointe-Noire. Cette situation qui cause de nombreux désagréments aurait pu être évitée si la société usait d’un professionnalisme managérial.

Le nom a changé, mais les pratiques restent les mêmes. Alors qu’elle a une mission de service public, la Direction générale de la société Energie électrique du Congo (EEC) a montré son incapacité à l’assurer, à travers une fourniture d’électricité garantie.

45 jours, c’est la durée minimum du deuil en république du Congo. 45 jours, c’est aussi le temps que durera le délestage annoncé par la société, pour cause de maintenance des installations à la Centrale à gaz de Pointe-Noire.

« La conséquence de cette opération de maintenance normale et utile est que le réseau électrique national connaîtra des perturbations. Il ne nous sera plus possible de garantir la distribution de l’énergie électrique à l’ensemble de notre clientèle de manière pérenne durant cette période. Nous procéderons à une distribution rotative de l’électricité », précisait le communiqué de la société.

Durant cette période, un déficit de production de 150 mégawatts sera noté sur le réseau électrique allant de Pointe-Noire à Makoua. La centrale à gaz de Pointe-Noire produirait près de 60% du courant devant satisfaire les besoins nationaux.

Même si la raison évoquée paraît plausible et oblige forcément les congolais à prendre leur mal en patience et surtout à fulminer sur le manque à gagner causé par ce désagrément, il va s’en dire que cette situation met à nu le manque de rigueur dans la gestion d’une société qui souffre à l’évidence d’un déficit managérial.

Avec la dernière acquisition, le barrage hydroélectrique de Liouesso, d'une puissance installée de 19,2MW, les congolais pensaient leurs problèmes d’électricité résolus. Ils pouvaient bien l’être, si les gestionnaires de la production et la fourniture d’électricité anticipaient sur la maintenance régulière de leur parc de production. Or celui-ci est carrément laissé à l’abandon, et faute d’entretien, les barrages existant ne peuvent fournir le plein rendement de leur puissance initiale. Et pour cause !

Le barrage de Moukoukoulou compte quatre turbines, pour une puissance totale de 74 MW. Faute de maintenance, sa production est réduite à près de 40% de sa puissance. Une turbine est carrément hors d’usage, une autre attend depuis des années, d’être réhabilitée, ceci, dans l’indifférence de la direction.

Le barrage d’Imboulou compte quatre turbines, pour une puissance totale de 120 MW. Sa capacité de production annuelle est estimée à 876 GWh. Pour des raisons inavouées, celui-ci ne débite pas au maximum de ses capacités. On y parle toujours de problèmes de maintenance.

Le barrage du Djoué avec ses 14 MW est quasiment compté au nombre du matériel indisponible.

C’est ici le lieu de se demander si l’apport de la RDC n’aurait pas tant soit peu, atténué un manque de courant pour lequel les autorités de la société EEC s’affichent désinvoltes, au point de dire presque, « ce n’est pas leur faute ».

Et il en sera toujours de même, jusqu’à ce que, dans quelques années, on trouve que le nom et le statut juridique de l’entreprise ne lui permettent pas de remplir sa mission de service public. Alors, on changera de nom, en gardant les mêmes gestionnaires, avec les mêmes tares.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville