RDC - Musique : Décès de l’artiste Tshala Muana

Elle était donnée pour morte depuis une semaine, Tshala Muana était en fait en soins intensifs et vraisemblablement dans un coma irréversible. À 64 ans, « La reine du mutuashi » est finalement décédée aux premières heures de la matinée du samedi 10 décembre, à Kinshasa. La nouvelle a été annoncée par sa famille, notamment son époux.

« Aux petites heures de ce matin, le bon Dieu a pris la décision de reprendre la Mamu nationale Tshala Muana. Que le bon Dieu soit glorifié pour tous les bons moments qu’elle nous aura fait passer sur cette terre. Adieu Mamu de moi », a-t-il écrit dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Aucune précision n’a été donnée sur les causes du décès.

Élisabeth Tshala Muana Muidikayi est entrée dans la vie publique comme une danseuse, une chanteuse puis une productrice, avant d’embrasser une brève carrière politique.

Sa beauté, sa voix et son coup de rein dont la volupté prenait source dans le folklore du Kassï avaient conquis l’Afrique et séduit le monde, au point de faire de Tshala Muana une artiste de dimension planétaire.

Oui, elle est devenue célèbre en ayant modernisé et donné ses lettres de noblesse au folklore du peuple Luba, le Mutuashi. De fait, Tshala Muana en était devenue la reine, aussi l’appelait-on la « Reine du Mutuashi ».

Tshala Muana était aussi appelée par les congolais "Mamu Nationale" (mère de la Nation).

Sa discographie s’est imposée à travers tous les continents où ses chansons dont l’originalité du terroir est sublimée par l’orchestration toute aussi raffinée, ont presque toutes été acceptées comme des chefs-d’œuvre.

Au faite de sa gloire, Tsala Muana accumule les sollicitations des médias. De plus en plus de magazines féminins affichent en une le portrait de la sublimissime chanteuse dont la beauté et le déhanché mettent tous les hommes d'accord. Et il faut bien que jeunesse se vive. L'artiste en usera, sans regrets.

À Paris où elle est installée Tsala Muana décrochera même un contrat d’exclusivité avec Amina, « le magazine de la femme africaine », où son image tapisse de nombreuses pages d'articles tout aussi évocateurs, d'une actualité toujours riche.

En 1997, de retour au pays après une vingtaine d'années passées à Paris, Tshala Muana s'engage en politique. Ce qui lui vaudra plus tard, après le départ de Joseph Kabila, bien de démêlés avec les nouvelles autorités du pays et même des passages dans les locaux de l’Agence nationale du renseignement.

Certaines de ses prises de position et même ses chansons étant jugées subversives. Sa dernière composition : « Ingratitude » sera principalement ciblée.

Depuis de nombreux mois déjà, Tshala Muana faisait face à des ennuis récurrents de santé. Plusieurs fois elle avait été hospitalisée pour des problèmes d’hypertension artérielle, entre autres maladies.

Née le 13 mai 1958 à Élisabethville (aujourd'hui Lubumbashi), Tshala Muana s’est éteinte le 10 décembre 2022 à Kinshasa, à 64 ans.

Les mélomanes garderont de Tshala Muana, le souvenir d’une étoile qui aura brillé de toute sa clarté et ses chansons continueront de perpétuer sa mémoire.

Adieu l’Artiste !

Bertrand BOUKAKA / Les Échos du Congo-Brazzaville