Insécurité au Congo : Le regard sévère et critique de Pierre Ngolo

Le gouvernement congolais n'a de cesse de promettre un « Etat fort » pour répondre au phénomène des « Bébés noirs ». Mais il n'est pas aujourd’hui crédité de résultats positifs sur la question de la lutte contre l'insécurité. Le président du Sénat, Pierre Ngolo n’est pas convaincu du tout. Il a donné, lors d’une descente parlementaire, le week-end dernier, avec le collectif des sénateurs élus à Brazzaville et les conseillers municipaux, le sentiment que le gouvernement ne prend pas le sujet à bras-le-corps.

« A Brazzaville, à une certaine époque, nous quittions Talangaï pour Bacongo ou Makélékélé pour rentrer chez nous à 3 heures ou 4 heures du matin sans le moindre souci. Mais, aujourd’hui, la terreur s’est installée et lorsqu’il est à peine 18 heures, les gens se précipitent chez eux. Même lorsqu’ils sont à la maison, les malfaiteurs peuvent défoncer la porte pour aller les tuer à domicile. Le gouvernement doit prendre des dispositions nécessaires pour assurer la sécurité des citoyens », a déclaré Pierre Ngolo, faisant le point de la dernière session du Sénat et répondant aux préoccupations de ses mandants.

Pierre Ngolo, qui a dénoncé un festival des horreurs à Brazzaville, a également rappelé aux conseillers municipaux qu’ils ont aussi une grande part de responsabilité pour combattre le phénomène « Bébés noirs» qui prend de l’ampleur et qui crée l’émoi dans les quartiers périphériques.

« Les élus locaux ont aussi une part de responsabilité dans cette affaire car nous ne devons pas rester passifs face à la dégénérescence que nous observons dans la ville. Les parlementaires que nous sommes devons réfléchir afin de trouver des solutions à ce problème récurrent », a-t-il ajouté.

«Bébés noirs », ce terme est le symbole d’une violence urbaine morbide équivalente à celle accouchée, voici peu, par les kuluna, autres enfants terribles de la délinquance urbaine exportée par Kinshasa (RDC).

Ils sont âgés de 10 à 27 ans et imposent leur loi à coups de gourdin ou de Douk-Douk, ce couteau de poche inventé par la coutellerie Cognet en 1929. Ils gagnent du terrain dans la capitale. Tant pis si, pour un téléphone, des bijoux ou quelques billets, ils doivent sortir la machette.

Violents et sans états d’âme, les « bébés noirs » sèment la terreur dans les rues de Brazzaville. Ils sont là. Toujours en bande, armés et dangereux. Il y a des quartiers de la ville capitale, où l’on n’ose plus aller la nuit.

On parle d’un niveau d’attaque bestial ne faisant pas de quartier. Les victimes s’en sortent délestées de leurs biens avec, à la clef, de profondes balafres au visage, des bras amputées quand elles n’y laissent pas leur vie.

Les congolais avec leur manie de l’oxymore sont étonnés qu’on puisse être adolescent et se comporter en boucher !

Les « bébés noirs », arborent des cagoules noires quand ils passent à l’attaque, preuve que ceux qui sont attaqués sont des connaissances qui pourraient les reconnaître.

Dans certains quartiers de Brazzaville, les populations excédées sont parfois obligées de se constituer en « milices d’autodéfense », une pratique qui va pourtant à l'encontre des lois et règlements de la République.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville