« Bébés noirs » : Raymond Zéphirin Mboulou compte sur les chefs de quartiers pour éradiquer ce phénomène

Le ministre congolais de l’Intérieur, de la décentralisation et du développement local, Raymond Zéphirin Mboulou, veut garantir la sécurité des citoyens et rétablir l’ordre dans les quartiers de Brazzaville. Il a interpellé les chefs de quartiers, lors d’une réunion dans la capitale congolaise, à bien prendre le taureau par les cornes.

« La décision que nous avons prise, c’est de régler définitivement ce problème d’insécurité. Le gouvernement compte beaucoup sur vous en tant que premiers chefs. Nous constatons au niveau du Ministère que les chefs de quartiers n’exercent plus pleinement leurs pouvoirs, ils sont démissionnaires », a déclaré Raymond Zéphirin Mboulou qui veut que le peuple retrouve sa quiétude en vaquant à ses occupations, sans peur ni crainte d'agression, quelle que soit l'heure, dans tous les coins et recoins de la République.

La réunion a été l’occasion pour le "premier flic du Congo-Brazzaville" de recueillir les préoccupations des chefs de quartiers quant à la dénonciation de ces criminels organisés en gangs.

Face aux défis sécuritaires urbains qui imposent d’attaquer le mal à la racine et compte tenu des résultats mitigés engrangés dans la lutte contre tous ces fléaux d’insécurité pour lesquels tous les congolais sont pourtant unanimes, l’objectif du ministre Raymond Zéphirin Mboulou, est de mobiliser les forces locales pour collaborer avec les autorités en vue d’éliminer ces fléaux de manière collective.

La responsabilité de la sécurité, selon le ministre, repose en premier lieu sur les épaules des chefs de quartiers, car l’insécurité sévit directement dans ces quartiers.

Une décision responsable. Car autant, l’homme reconnait en toute humilité que l’on s’est peut-être trompé dans certaines approches de solutions, autant il s’arme de ce courage politique qui veut que ne compte que l’intérêt du grand nombre, ce peuple dont il a reçu mission du Président de la République, de garantir la paix et la sécurité, en veillant entre autres missions qui lui sont dévolues, à la quiétude et la libre circulation des personnes et des biens.

Les chefs de quartiers ont présenté diverses pistes de solutions, notamment l’amélioration des voies d’accès dans les quartiers, le renforcement de l’éclairage public, la sécurisation des écoles et des marchés, ainsi que la mise en place d’une politique efficace de lutte contre la vente illicite de stupéfiants.

«Bébés noirs », ce terme est le symbole d’une violence urbaine morbide équivalente à celle accouchée, voici peu, par les kuluna, autres enfants terribles de la délinquance urbaine exportée par Kinshasa (RDC).

Ils sont âgés de 10 à 27 ans et imposent leur loi à coups de gourdin ou de Douk-Douk, ce couteau de poche inventé par la coutellerie Cognet en 1929. Ils gagnent du terrain dans la capitale. Tant pis si, pour un téléphone, des bijoux ou quelques billets, ils doivent sortir la machette. Violents et sans états d’âme, les « bébés noirs » sèment la terreur dans les rues de Brazzaville. Ils sont là. Toujours en bande, armés et dangereux. Il y a des quartiers de la ville capitale, où l’on n’ose plus aller la nuit.

On parle d’un niveau d’attaque bestial ne faisant pas de quartier. Les victimes s’en sortent délestées de leurs biens avec, à la clef, de profondes balafres au visage, des bras amputées quand elles n’y laissent pas leur vie.

Les congolais avec leur manie de l’oxymore sont étonnés qu’on puisse être adolescent et se comporter en boucher !

Les « bébés noirs », arborent des cagoules noires quand ils passent à l’attaque, preuve que ceux qui sont attaqués sont des connaissances qui pourraient les reconnaître.

Dans certains quartiers de Brazzaville, les populations excédées sont parfois obligées de se constituer en « milices d’autodéfense », une pratique qui va pourtant à l'encontre des lois et règlements de la République.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville