Gamboma est-elle devenue la ville la plus ringarde du Congo ?

Mieux valait ne pas écouter ces derniers temps les ressortissants de Gam City, une ville créée le 12 janvier 1909, située au centre dans le département des Plateaux, à 273 km de la capitale Brazzaville, si on était muté à Gamboma. En effet, le portrait peu élogieux de la ville qu’ils y faisaient avait de quoi rendre dépressif le nouvel arrivant. Les images d'habitations délabrées, de voirie vétuste, de saleté, absence d’eau potable, mauvaises conditions d’accueil et déficit en personnel soignant dans les centres de santé, manque d’enseignants qualifiés dans les écoles et insécurité grandissante... ne donnent franchement pas envie d'y vivre. Rien qui sauve l'honneur.

La communauté urbaine de Gamboma ne semble pas gouter, selon des témoignages de ses habitants, les délices de la municipalisation accélérée du département des Plateaux de 2013.

Des édifices publics inachevés, aucun centimètre de bitume sur des kilomètres promis, la « Grande cité du Nord » est l’ombre d’elle-même.

« Notre localité est négligée, trop de promesses non tenues, surtout pendant les campagnes électorales, des rues sont impraticables et rangées dans l’herbe. L’hôpital de référence n’existe que de nom, sinon c’est de l’argent avant les soins, les écoles sont tenues en majorité par des bénévoles, l’approvisionnement en eau potable reste un casse-tête. Le projet de bitumage des voiries urbaines est placé dans les tiroirs », a déclaré Obami, l’un des habitants de Gamboma.

Selon la population, l’état dans lequel se trouve la majorité des rues et le manque d’activités génératrices de revenus sont sources d’insécurité pendant la nuit.

En effet, la ville de Gamboma est considérée à tort ou à raison comme un foyer des jeunes délinquants en provenance de Brazzaville, malgré la présence des agents de l’ordre (policiers et gendarmes) dans la localité.

Couverts de boue, les véhicules zigzaguent pour éviter les nids-de-poule, mais ne peuvent contourner les énormes crevasses inondées: l'unique route qui permet de sortir de Gamboma pour rallier Brazzaville, est un enfer pour les chauffeurs.

Or cette route est un axe vital pour l'économie congolaise et l'approvisionnement de Brazzaville où vivent environ la moitié des quelque 5,244 millions d'habitants du Congo.

Une grande majorité des produits agricoles et alimentaires consommés par les brazzavillois viennent en effet du nord du pays.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville