Congo - Aviation civile : Imminence de la reprise des activités d’ECair, mais avec quelle direction ?

Presque tous les aéronefs de la compagnie ECair sont en phase finale de leur révision, afin d’acter leur opérationnalité, en vue d’une reprise très prochaine des activités de la compagnie. Si la nouvelle réjouit les congolais qui saluent les efforts entrepris par le gouvernement, pour « redonner des ailes » à cette compagnie nationale, beaucoup attendent la nomination en conseil des ministres, d’une nouvelle équipe managériale pour ECair. De l’avis de tous, la précédente équipe a failli à sa mission. Elle devrait plutôt rendre des comptes, que d’être reconduite, car elle reproduirait la même incompétence qui a conduit la compagnie à mettre la clé sous le paillasson.

L’incompétence par la preuve, l’équipe managériale sortante de la compagnie ECair en a servi les congolais, tant les nombreux documents comptables de la compagnie qui ont inondé les réseaux sociaux au lendemain de la faillite de celle-ci, ont montré un réel amateurisme dans la gestion de ce qui était pourtant considéré comme le fleuron de l’aviation civile congolaise.

Si cette compagnie est dite nationale, lesdits documents sans doute dévoilés par les différents cadres qui se rejetaient la responsabilité de la débâcle, ont relevé que les recettes d’ECair ne figuraient sur nul registre au trésor public congolais.

De même la gestion de la compagnie a été des plus hasardeuses. La direction ne rendait de comptes à personne, comme si la compagnie appartenait à sa directrice générale, car progressivement, elle n’a plus déposé même ses comptes annuels.

Alors qu’elle dégageait une réelle embellie financière, la compagnie a soudain commencé à battre de l’aile. L’ardoise des salaires impayés des agents s’est alourdie. Les différents fournisseurs et prestataires de services n’ont plus été payés.

Criblée de dettes, ECair a vu tous ses avions cloués au sol. Certains de ses biens ont été saisis, notamment en France où elle avait conservé des locaux commerciaux et des agents accusant de nombreux mois d’arriérés de salaire. Des agents qui avaient saisi la justice.

Il y a à dire que les différents plans entrepris par le gouvernement, dont les caisses ne recevaient pourtant pas un seul sou, pour remettre en course ECair se sont révélés improductifs. L’État s’est retrouvé devant un « tonneau des danaïdes ».

Dire que les responsables d’ECair, la directrice générale en tête, s’étaient comportés comme un malade cachant à son médecin certaines pathologies, lors de la mise en place du traitement.

Pourtant, le rapport d'audit commandé par le ministère des Finances, avait conclu à de graves dysfonctionnements de gestion.

Cet audit était commandé pour tenter de comprendre comment cette entreprise dans laquelle l'État a investi plus de 325 milliards de francs CFA depuis 2011 a pu faire faillite, au point de cesser toute activité.

En réponse, la direction générale d'ECAir accusait les auteurs de ce rapport d'avoir conduit un audit «à charge» pour «nuire à sa réputation».

En matière de ‘’GARE’’, gestion axée sur les résultats, que l’on exige des « capitaines d’industrie », il va s’en dire que la direction d’ECair a failli à sa mission. Pour preuve, « la compagnie est tombée », aux dires des congolais.

Quoi qu’il en soit, avec la volonté du Président de la République et l’engagement du premier ministre pris devant la représentation nationale, ECair va bientôt retrouver ses ailes. L’État y a mis des moyens et ils sont assurément colossaux, eu égard à la taille de la compagnie et surtout au passif à apurer.

Demain sera un autre jour pour ce précieux fruit que représente ECair.

Pour reprendre la métaphore du Président de la République, va-t-on remettre dans le fruit, ces vers qui ont conduit à son dépérissement ?

Tant le Premier ministre Anatole Collinet Makosso que le Ministre des Transports Honoré Sayi, se retrouvent devant un cas de conscience vis-à-vis des congolais qui attendent un changement d’équipe managériale à ECair. Et, tout leur donne raison, au regard du bilan calamiteux de l’équipe sortante.

Depuis qu’a été évoquée la reprise des activités d’ECair, les congolais ne se privent pas de dire les choses en termes clairs. Fini le copinage. Qu’importe, que l’on soit « fille ou fils de.. », cela ne donne droit à aucun privilège. Il faut montrer ses compétences et mériter sa place.

Sans faire de dessin, ni indexer qui que ce soit, le message est clair pour les autorités.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville