Congo – Suspension du Stade Massamba-Débat : Une défaite personnelle pour le Ministre des Sports

Il y a quelques jours, nous relevions qu’en rendant seul l’entraineur Paul Put responsable de la débâcle des Diables Rouges, le Ministre Hugues Ngouélondélé semblait couvrir ses propres erreurs, en s’abritant derrière son costume de Ministre des Sports. Un costume qui au regard de ses performances en termes de résultats, semble ne plus lui convenir, depuis des années que dure la descente aux enfers du sport congolais, avec lui à sa tête. Beaucoup nous ont fait le reproche d’avoir été discourtois vis-à-vis du Ministre des Sports. La dernière décision de la CAF, suspendant le Stade Alphonse Massamba-Débat pour non-conformité aux normes d’homologation, alors que le sursis courrait depuis plus de trois ans, semble nous conforter dans notre analyse selon laquelle, le déclin du sport congolais résulte avant tout de la panne d’idées managériales qu’accuse le Ministre des Sports.

Dans une correspondance de la Confédération Africaine de Football en date du 18 octobre 2021, signée du directeur Développement, Raul Chipenda, l’institution sportive continentale notifie au Congo « qu’une interdiction formelle est placée sur le Stade Alphonse Massamba-Débat, dans tous les matchs internationaux des équipes nationales, séniors et aussi pour la phase de groupes des compétitions interclubs masculines de la CAF ».

La CAF justifie sa décision par le fait que « le Stade a besoin de travaux pour répondre à toutes les exigences des stades de la CAF pour accueillir des matchs de hauts niveaux ».

Voila qui vient mettre à nu toute la politique de gestion du patrimoine sportif du Ministre des Sport, tout au moins le Stade Alphonse Massamba-Débat, les autres stades construits à la faveur des municipalisations départementales étants des terrains en friche.

Le Ministre disons-nous, car les dirigeants de la Fédération congolaise de football avaient relevé le 4 février 2020, que le stade Alphonse Massamba-Débat était menacé de fermeture, au cours d’une réunion avec le ministre des Sports et de l’Education physique.

Le ministre s’était engagé à prendre les mesures nécessaires pour que le stade Alphonse-Massamba-Débat réponde aux normes exigées par la CAF avant le match de la troisième journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations, Cameroun 2021. Un engagement dont le résultat fait désormais une honte nationale pour un pays qui avouons-le, a bénéficié des largesses de la CAF, avec un sursis qui aurait pu être mis à profit, s’il y avait un peu de sérieux, auprès des gestionnaires du sport congolais.

Avant les experts de la CAF, les congolais eux-mêmes décriaient déjà certaines anomalies sur l’installation, sans que leur cri de détresse ne soit entendu par le premier responsable du sport, qu’est le Ministre.

Tenez : lors du match des Diables rouges contre la Guinée Bissau, l’un des quatre pylônes qui alimentent le stade en éclairage avait cessé de fonctionner. Il y a aussi le marquoir qui beugue de temps en temps. Quant aux vestiaires, combien de fois les équipes visiteuses ont-elles formulé des réserves hélas non suivies de correctifs de la part des Congolais.

Désormais, même la pelouse en matière synthétique ne répond plus à la pratique du football. Elle est « à changer », intime la CAF.

Les commentaires et remarques concernant le Stade Alphonse Massamba-Débat, notifiés par la CAF, montrent le manque de sérieux des autorités sportives congolaises qui savaient qu’à terme, l’issue serait une sanction implacable.

Désormais, à défaut de déclarer forfait, le Congo sera contraint de livrer ses rencontres hors du territoire national. Non pour des raisons de sécurité qui peuvent se comprendre, le cas échéant, mais pour incompétence de ses décideurs sportifs. Une aliénation de la souveraineté pour laquelle le gouvernement devrait s’expliquer devant la représentation nationale. Bien-sûr que pour le Ministre des Sports, principal auteur de cette forfaiture, la crise sera une fois de plus le bouc-émissaire idéal.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville