Congo – Taxi-motos : Les services de traumatologie et de chirurgie orthopédique des hôpitaux de plus en plus débordés

La prolifération des taxi-motos dans les villes congolaises et particulièrement à Brazzaville la capitale, n’est pas sans conséquences sur la sécurité routière. Le nombre d’accidents de la route impliquant des cyclomoteurs ont augmenté de façon exponentielle au point que dans les hôpitaux, les services de traumatologie et de chirurgie orthopédique sont débordés.

Le conseil des Ministres tenu en date du 7 octobre 2023 a entre autres conclusions, décidé de « réglementer le transport public des passagers sur les motocycles, en concertation avec les collectivités locales concernées. Il s’agira notamment des conditions de sécurité et d’assurance, du port de l’uniforme et d’un numéro matricule, etc. »

Cette décision vient à point nommé et elle est saluée par tous, tant les taxi-motos surnommés « le moyen le plus rapide », sont également devenus le moyen le plus rapide pour aller séjourner à l’hôpital ou au cimetière.

La multiplication des taxi-motos dans la ville de Brazzaville, notamment à Poto-Poto, Moungali, Ouenzé et surtout en grande proportion à Mikalou, Talangaï, Nkombo ou Massengo, est devenue un véritable fléau, en terme d’insécurité sur les routes.

Sans réelle formation de conducteurs, encore moins qu’ils ne sont titulaires d’un permis moto, ces cyclomotoristes usent d’une conduite des plus dangereuses, surtout qu’ils ont à bord un, deux, voire trois passagers sur la même moto.

Roulant tantôt à gauche, tantôt à droite ou slalomant entre les véhicules, quel que soit le gabarit de ceux-ci ou l’angle mort qui n’offre aucune visibilité au chauffeur, les taxi-motos ont une conduite tellement dangereuse, tant pour eux que pour les autres usagers, qu’un accident est vite arrivé.

Les accidents impliquant les taxi-motos sont quasiment tous graves, bien souvent mortels.

Roulant au milieu de la chaussée, contrairement aux prescrits du code de la route, une collision par l’arrière propulse la moto sous les roues du véhicule venant dans l’autre sens. Ceux qui s’en sortent, présentent de graves lésions, sinon des poly traumatismes, des traumatismes crâniens, des fractures diverses avec des os broyés qui appellent à des soins de traumatologie et d’orthopédie, allant jusqu’aux amputations, devenues courantes.

Désormais, les services de traumatologie et de chirurgie orthopédique des hôpitaux ploient sous le poids du travail, les accidents de motos pourvoyant des blessés au delà des capacités réelles d’accueil des services hospitaliers.

À Brazzaville, les Plateaux techniques en orthopédie se résument à l’hôpital central des Armées Pierre Mobengo et au CHU, qui doivent également se rendre disponibles pour d’autres types d’interventions chirurgicales.

Les femmes parfois moins promptes à réagir face aux accidents sont les plus touchées.

Il est désormais courant de croiser à travers les rues, des femmes au pas claudicant, soutenue par des béquilles, un appareil d’ostéosynthèse au pied, si ce n’est une immobilisation plâtrée de celui-ci.

Face à ce qui devient un phénomène de santé publique, induit par un mode de déplacement sans règles, mais qui hélas a intégré les us des citoyens, une intervention des pouvoirs publics s’imposait, dans l’optique de ce qu’a initié le conseil municipal de la ville de Brazzaville.

Les taxi-motos ne sont pas assurés. Ils sont sans plaque minéralogique permettant de retrouver le propriétaire en cas d’accident. Beaucoup prennent la fuite après avoir heurté des tiers. Pire, les conducteurs manquent de formation élémentaire de conduite, ce qui prédispose à la mise en danger de la vie d’autrui.

Dans la mise en forme de ce dispositif, il s’agira ainsi de former les conducteurs de taxi-motos désireux de se lancer dans cette activité, et de les identifier au moyen d’un uniforme, d’immatriculer les motos et de les assurer sous le régime de véhicule de transport de personnes, de garantir la sécurité du conducteur et du client à bord par au moins le port d’un casque réglementaire, d’obliger la circulation des cyclomoteurs à droite sauf pour les dépassements.

Les services de police qui garantiront le respect du dispositif, devront le cas échéant, veiller à ce que le taxi-moto ne se réduise qu’au transport de personnes, non celui des marchandises, des charges souvent imposantes et susceptibles de créer des accidents.

Reste au gouvernement de diligenter les mesures prises en conseil des ministres à travers les spécialistes qui devront travailler sans complaisance sur la question, car le temps presse et la vie de nombreux citoyens en dépend.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville