Les villes congolaises confrontées à une forte montée de la dépravation des mœurs, à qui la faute ?

L’accès facile aux réseaux sociaux et leur utilisation à des fins de propagandes immorales par les jeunes au Congo-Brazzaville soulèvent l'indignation générale depuis un moment. En effet, pour créer le buzz ou se donner un semblant de notoriété, des jeunes, de surcroît des enfants de 5 à 15 ans, n'hésitent pas à se dévoiler au monde par des scènes choquantes, frôlant parfois l'immoralité la plus abjecte, via le réseautage social sur internet.

Dans cette situation que l’on pourrait qualifier d'inédite au Congo-Brazzaville, et qui révèle au grand jour le niveau de déclin morale au sein de la jeune génération qui a, semble-t-il, résolument fait le choix de la déperdition au dépend de l'éducation, on se demande bien qui ou quoi pourrait être le grand coupable? Une chose restant certaine, parents et pouvoirs publics auront du mal à se dédouaner.

Si le phénomène n’est pas nouveau, ses proportions semblent monter en puissance en même temps que l’utilisation de ces medias de partage de contenus en réseau chez les jeunes, surtout en milieu scolaire. De Facebook à Whatsapp, passant par TikTok pour ne citer que ceux là, les élèves se donnent à cœur joie à ces nouvelles applications web et mobile, excellant au passage, dans le partage de contenus qui laisse véritablement penser à « l’approche de la fin des temps ».

On se pose la question de savoir s'il sera encore possible, en misant sur l'avenir, de dire que « la jeunesse est sacrée », ou encore de savoir sur quoi va se reposer «le fer de lance » de la nation congolaise et des pays africains en général, avec une telle dérive de mœurs?

En tout cas, le phénomène qui inquiète une fois de plus aujourd'hui, avait déjà fait couler beaucoup d'encre et ébruiter la toile avant le foisonnement des réseaux sociaux.

Et que dire de l’avenir des générations futures dont les politiques se fondent sur la jeunesse actuelle ?

Si rien n'est fait de façon à mettre un frein à cette montée de perversité morale au sein des écoles et des jeunes en général, alors tous les efforts consentis par l'État en faveur du développement durable aura été un grand gâchis; parce que si les Etats arrivent à gagner le pari de préserver les biens et les ressources naturelles pour les générations futures, alors ce patrimoine tombera inéluctablement dans les mains d'une jeunesse désorientée et pris au piège des mondanités. Avec pour conséquence le retour à la case départ, à la recherche de l’équilibre entre les ressources naturelles et leur utilisation !

Le Congo n’a pas travaillé à créer un corps social qui est régit par un ensemble des mœurs. Les mœurs se définissant comme étant un ensemble d’usages et d’habitudes qui régulent la vie d’un corps social.

Un pays ne peut être seulement punitif exclusivement. D’ailleurs, quand on puni, ce qu’on a raté à prévenir, ce qu’on a échoué à éduquer.

Une chose est d’élever son enfant, une autre est de l’éduquer. Lui donner à manger, par exemple, est différent de servir de modèle en inculquant des valeurs culturelles qui relèvent de notre substrat. Or, c’est visiblement le contraire de ce que le commun des mortels observe ces derniers temps.

Les cérémonies festives organisées par les adolescents, parfois à l’insu des parents pour se retrouver entre camarades, sont devenues des occasions de s’adonner au strip-tease.

Par le passé, chacune des danses obéissait à des règles héritées des ancêtres et que les filles devaient respecter. Aujourd’hui, ces dernières inventent de nouvelles danses obscènes.

Les cours d’éducation civique et morale enseignés à l’école permettant à l’enfant d’intégrer certaines notions de civisme et de discipline ne sont pas du tout appliqués. Le déclin de la traditionnelle éducation collective, le débat sur la correction ou non de l’enfant et l'abandon de responsabilité des parents constituent des faisceaux d’indices expliquant l’absence d’un code moral pour jeunes et adultes d’aujourd’hui.

Seul l’indiscipliné est violent, voleur, violeur et tueur.

Dans la société congolaise d’hier, les veillées mortuaires par exemple  étaient considérées comme de hauts lieux d’intense douleur et de compassion pour les familles éprouvées. De nos jours, elles deviennent des points consacrés aux comportements déviants. Cadres idéaux pour exprimer son attachement au disparu, les veillées mortuaires sont transformées en lieux impudiques. Certains jeunes abusent de la famille éplorée, d’autres par contre, se livrent à la consommation immodérée de l’alcool en quête de nouvelles conquêtes.

Abandonnés à leur triste sort, les enseignants, appelés à compléter l’éducation, n’ont plus le cœur à l’ouvrage. Par conséquent, les jeunes recourent à l’école buissonnière qui les déforme dans leur comportement.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville