Le prix du litre de super est passé à 2000 FCFA chez les revendeurs à la sauvette communément appelés « Khadaffi ». Les stations services quant à elles sont transformées en stations de gardiennage pour automobiles. Les Brazzavillois souffrent et les contrebandiers sourient.
Au Congo-Brazzaville, plusieurs jeunes étranglés par le chômage, se sont engagés dans la débrouillardise, notamment les « khadafi ». Leur raison sociale ? Vendre dans les rues de la capitale les carburants et autres produits sur les étagères en bois ou à même le sol : essence, mazout ou gazole, la graisse, du pétrole et l’huile pour moteurs dans des bidons en plastiques de 25L, 10L, 5L, 1L.
Pas un coin de Brazzaville sans Kadhafi. Un métier à haut risque parce que ces compatriotes ne disposent ni d’équipements de protection individuelle (EPI), ni d’autorisation pour exercer ce métier en plein air.
Malgré les interdictions diverses et la saisie de leurs marchandises, ceux-ci parviennent toujours, une fois que la Police leur tourne le dos, à revenir sur leurs lieux de prédilection, ignorant que toutes ces batteries de mesures prises par les autorités compétentes ne visent qu’à leur assurer sécurité et protection.
Pour la petite histoire, ce nom tire son origine du feu président de la Lybie, Mohamed Kadhafi, parce qu’à une certaine époque la Lybie fut le premier pays africain producteur du pétrole.
Malgré qu’ils soient souvent accusés de vendre des produits de mauvaise qualité, mélangée avec de l’eau, les Kadhafi rendent des bons et loyaux services à la population.
Les statistiques sur le nombre des « kadhafi » au Congo-Brazzaville ne sont pas disponibles.
Mais où est-ce qu’ils s’approvisionnent en carburants ?
Selon notre source, avec l'actuelle pénurie de carburant, des pompistes véreux, en complicité avec certains conducteurs de camion-citerne détournent les produits pour les faire revendre par les « Kadhafi », avec une plus-value qui procure à toute la bande des dividendes confortables.
Ainsi, frères, sœurs ou femmes de pompistes se sont transformés en « Kadhafi » jamais à sec, alors que le produit manque dans les stations-service où les personnes en quête de carburant blanchissent des nuits ou attendent de nombreuses heures, dans des files interminables avant d'être servis.
Parfois, après la rupture du stock, c'est le pompiste qui renseigne les automobilistes sur l'endroit où ils peuvent trouver un « Kadhafi » proposant un bon produit, celui sans additifs quelconques.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville