Il se faisait simplement appeler Borgia Samba, pourtant à l’état civil, il était bien Borgia Miguel Samba Bouesso. Ce journaliste émérite, maniant avec aisance autant le Français que l’Anglais, avait su conquérir le cœur de nombreux téléspectateurs, tant il mettait un point d’honneur à l’excellence et au travail bien fait. Le verbe facile, l’expression raffinée, le directeur de l'information de la Télévision Nationale Congolaise avait tout pour s’inscrire dans la lignée des grands journalistes qui ont marqué la profession en lettres d’or. L’homme s’est éteint jeudi soir, au CHU de Brazzaville, trois jours après un accident vasculaire cérébral.
Licencié en Sciences et Techniques de la Communication de l’Université Marien Ngouabi et diplômé de la State University of Arizona où il s’est spécialisé dans les nouveaux médias, Borgia était un journaliste ouvert sur le monde et en phase avec son temps. Pour son mémoire de fin de cycle, il planchera sur le thème ‘’la relation entre médias et gouvernement dans un contexte d’état démocratique’’.
Ardent travailleur, Borgia Samba avait fait des mots de Victor Hugo, dans les Misérables, son leitmotiv. "Ceux qui vivent sont ceux qui luttent". Aussi, luttait-il avec comme armes, le travail.
Son tempérament courtois était une porte ouverte sur les autres qu’il acceptait sans préjugés ni à priori, usant toujours de tact pour reprendre ou corriger un collègue. Il comprenait toujours les autres, même quand lui n’était pas toujours compris. « Contre les extrêmes en toutes circonstances, toujours relativiser, tel est mon principe », aimait-il à rappeler.
Quand il arrive au journal de 20 heures de Télé-Congo, Borgia Samba accroche tant de par sa prestance, son phrasé que sa photogénie. C’est avec aisance qu’il tient son édition, au point que nombreux l’assimilent à Jean Claude Kakou dont ils pensent la relève assurée, comme présentateur-vedette. D’ailleurs, Jean-Claude Kakou ne l’a-t-il pas accompagné dans les circuits-fermés ? Presque une passation de témoin, entre la génération qui s’en va, et celle qui lui succède.
Après un peu plus de huit ans à la Télévision congolaise ce passionné de l'Art gréco-romain et de littérature avait encore tant à donner. Le ministre de la Communication et des Médias, Thierry Moungalla qui l'avait nommé à la direction de l'information croyait en ses compétences, son savoir-faire, ainsi que son savoir-être. Hélas, à la fleur de l’âge, la mort l’a fauché alors qu’il était en pleine ascension.
Une étoile était née, une étoile s’est éteinte trop tôt. L’éclat de son passage brillera toujours au firmament de la presse congolaise.
Adieu Borgia. Adieu cher confrère.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville