Congo – Religion : La paroisse Saint-Esprit de Moungali naviguerait-elle entre ‘’Dieu et Mammon’’ ?

Les parcelles bordant les grandes artères de la capitale Brazzaville ont une valeur attractive, au point que leurs devantures convoitées, abritent des commerces ou autres lieux où se brasse l’argent au quotidien. Bénéficiant d’un peu plus de 200 mètres de devanture donnant sur l’avenue des 3 Martyrs, la Paroisse Saint-Esprit de Moungali n’a pas échappé à l’appât du gain, en exploitant à des fins commerciales ce large espace. On est loin, bien loin du temps où Jésus chassa les marchands du temple.

« Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce.» Jean 2: 13-25. Ces propos de Jésus-Christ contenus dans les évangiles interpellent l’opinion, au regard de ce que la devanture de la paroisse Saint-Esprit de Moungali est désormais couverte d’établissements commerciaux, banque et autre salle de jeux.

Si ces établissements paraissent presque anonymes le jour, c’est le soir venu, quand leurs enseignes brillent des milles feux alors que la chapelle est dans le noir, que s’exhibe l’emprise que ces commerces ont désormais sur ce lieu emblématique de prière, qui a formé et façonné des générations de croyants.

De passage à la paroisse Saint-Esprit, le fidèle avisé qui fréquentait naguère ce lieu de prière est surpris de ce que certaines salles qui abritaient des cours de catéchisme ont été transformées en boutiques. C’est à se demander, si le catéchisme, processus de formation spirituelle et morale du jeune chrétien, s’y professe encore.

Parlant de formation et d’encadrement de la jeunesse, comment ne pas s’étonner, de ce que ce haut lieu de prière, abrite entre autres structures, une salle de jeux de hasard. Un loto sportif où de nombreux jeunes s’entassent du matin au soir , 7 jours sur 7, s’adonnant au jeu avec une addiction quasi maladive, sans parler des autres vices qui en résultent. N’allez pas rappeler : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». Qu’importe pour les autorités paroissiales, la structure qui procure le loyer, ce qui compte, c’est l’argent. « On appellera ma maison une maison de prière, mais vous, vous en faites un repaire de brigands". » Matthieu 21, 12-13. C’est presque une évidence !

Serait-ce la rareté des dons des fidèles et donc l’amenuisement des recettes de la paroisse qui a en outre de nombreuses charges, qui aurait conduit les autorités paroissiales à entrouvrir la porte de « Mammon » ?

En chassant les marchands du Temple, Jésus ne s'en prenait-il pas aussi directement à l'autorité des grands prêtres en condamnant leur opération mercantile ?

Il est vrai que le champ de notre conscience s’élargi sans cesse. Les faits anciens s’éclairent chaque jour de lumières nouvelles et leur aspect se modifie. Mais ne dit-on pas que la parole de Dieu, jamais ne passera ?

Que diraient le père Durand, créateur de la paroisse, le père Gevaudan, le père Aimé Poret, le père Didace Malanda, le père Jean, le père Ernest Nkombo, devenu Monseigneur Nkombo, l'abbé Louis Badila, ou encore l'abbé Isidore Malonga, qui, curés  en leur temps, se sont conformés aux respect des Écritures, en dépit des tensions de trésorerie, ne cédant pas à l'appel de Mammon?

« Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui, et éternellement». Hébreux 13 :8. Sans doute l'Esprit Saint a t-il quitté la paroisse Saint-Esprit de Moungali où désormais, l'évangile se lit selon "Saint Mammon".

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville