Congo – Circulation routière : un chauffeur précipite son bus dans la Mfoa

Un chauffeur en ‘’panne’’ de lucidité a précipité son véhicule en panne de freins dans la rivière Mfoa, vers le rond-point Moungali, vendredi dernier.

Le chauffeur avait « pris la pression », c'est-à-dire, quelques ‘’verres d’alcool’’, pour soi-disant, « se sentir plus à l’aise au volant ». Une pratique entrée dans les mœurs de certains usagers de la route et qui semble n’émouvoir personne.

Alors qu’il avait quitté le terminus du marché Total de Bacongo, pour effectuer un énième tour sur son itinéraire Total-Hôpital-Moungali-Moukondo, le chauffeur a vite fait de remarquer que son bus ne freine plus. Il a beau appuyer sur la pédale de freins, rien n’y fait.

Afin de ne pas mettre en danger la vie des passagers, le chauffeur et le contrôleur décident de les débarquer tous, à hauteur du contre-rail de la rue Mbochi, arrêt Métro.

La décision est prise, d’amener le véhicule au garage. Non en le tractant, mais en le conduisant, quoique sans freins, en empruntant les voies non encombrées, mettant potentiellement la vie des tiers en danger.

Libéré de ses clients, le bus emprunte le bord de la Mfoa où la circulation est plus fluide. Le klaxon dont le chauffeur use sans discontinuer doublé des feux de détresse, servent à écarter les autres usagers croisés, surtout les piétons. Le but est de rejoindre le Plateau-des-15 ans où se trouverait le mécanicien qui répare le véhicule d’habitude.

Tout semble bien se passer, jusqu’à l’intersection de la rue Mayama, une légère montée en pente raide qui débouche sur un tournant-serré où le bus en obligé de céder le passage à un taxi déjà engagé et dont le chauffeur a visiblement manqué de courtoisie face à ce véhicule dont le contrôleur crie à la portière, à ceux dont il croise le chemin : « frein éza té ! ». « Il n’ya pas de frein ! ». Un avertissement qui le rend presque prioritaire.

Empêché donc de monter pour s’engager dans la rue Mayama, le bus, moteur coupé, dégringole cette pente du bord de la Mfoa, en marche arrière. Le chauffeur qui n’est pas en possession de toute sa lucidité, du fait de la « pression » qu’il a consommée, ne parvient pas à effectuer la manœuvre de recul. La clameur monte des personnes qui assistent à cette manœuvre hasardeuse, qui sent le péril.

À ceux qui tentent de l’orienter, le chauffeur exhibe son expérience, en brandissant ses années de service. Les badauds qui ont accouru pour assister à la scène, retiennent leur souffle. Un pneu, puis un deuxième enjambent le trottoir. Le chauffeur tente de remonter en accélérant de toutes ses forces. Il oublie que sa marche arrière est restée enclenchée.

Plutôt que de remonter, le véhicule se projette dans la Mfoa et s’étale de tout son long. Le chauffeur et le contrôleur s’extirpent du bus non sans mal, avec quelques boursouflures, sous les hués de la foule qui ri aux éclats. Le chauffeur se perd en conjectures pour justifier, à qui veut l’entendre, sa mésaventure, sur ce véhicule, pas à jour pour son contrôle technique.

Encore ce contrôle technique, une disposition de plus en plus contournée par de nombreux propriétaires de véhicules de transport en commun, avec la complicité manifeste de certains policiers véreux.

De Brazzaville : Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville