Congo – Mœurs : Le phénomène « mon bébé M… » ou l’amour « antiâge » pour ces femmes mûres aux amants plus jeunes

Le phénomène était marginal, il s’est étendu depuis quelques temps. Des femmes d’âge très avancé ont pour amants des jeunes hommes à peine sortis de l’adolescence, appelés « mon bébé M… ». Même si des générations d’écart les séparent, chacun y trouverait son compte.

Au moment où la société congolaise est en proie à des mœurs de plus en plus décriées, surtout dans la couche juvénile, des séniores fortunées ont lancé à travers les villes de Brazzaville et Pointe-Noire un phénomène dit « mon bébé M… », acronyme du nom d’un président européen. Celui-ci consiste à vivre un amour décomplexé, en prenant un amant de loin, très loin, plus jeune que soi.

Ces « Tantine ya makambo » (la tante des affaires) ne lésinent pas sur les moyens pour conquérir les jeunes garçons ayant l’âge de leurs enfants ou petits enfants. Et le choix se porte sur ceux qui ont fière allure, avec un corps de sportif.

Si la « tantine » y met les moyens pour accommoder le jeune homme à un corps à la limite répulsif pour son âge lors des ébats, c’est qu’une croyance répandue dans le milieu prétend que la « semence » de jeune homme serait une véritable cure « antiâge ». Autant elle redonnerait de la vigueur, elle régénérerait aussi « mystiquement » la dame qui retrouverait le galbe et la prestance de sa jeunesse, atouts indispensables pour continuer à séduire ceux de son âge qui le cas échéant renflouent ses comptes en banque. Ainsi, la relation avec « mon bébé M… » ne serait qu’un amour purement platonique, guidé par un intérêt bien précis : sa jeune semence.

Certaines « Tantines » bien souvent veuves ou divorcées de longues dates, vont jusqu’à héberger le jeune amant, surtout quand leurs enfants devenus grands ont tous quitté le foyer. « L’étalon » est donc logé, nourri, habillé et bénéficie d’autant d’argent de poche. Il arrive que la vieille amante achète une voiture à son bien aimé qui en retour, doit se montrer très docile et disponible, même s’il lui est parfois permis de continuer à entretenir une relation marginale avec sa petite amie.

Attirés par l’argent facile, de nombreux jeunes, parfois en rupture familiale, du fait de leurs pratiques, espèrent se sortir de cet engrenage qui hélas devient presque inextricable, tant la « tantine » dispose de capacités de nuisance face auxquelles le « bébé M… » ne faits pas le poids. « Tu ne me connais pas très bien », s’entendent dire ceux qui ont tenté de s’affranchir de « ces liaisons dangereuses » car une autre croyance argue qu’après avoir été « rincé » de sa semence selon une quantité bien définie, le jeune garçon trouverait la mort.

Quelles que soient les raisons ou les motivations, le phénomène interpelle de nombreux parents sans ressources pour contenir leur progéniture de plus en plus portée vers l’appât du gain.

Face à une pratique certes pas morale mais dont la loi pour y mettre un frein est quasi inexistante, chacun y va de son interprétation. Un flou juridique qui permet toutes les dérives, dans une société qui hélas, se délite.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville