L'effarant témoignage des élèves du lycée de Mossendjo confrontés à la misère

Des enfants sans uniformes scolaires, des fournitures scolaires, qui dorment mal et ne mangent pas à leur faim... c’est l’effarant témoignage de plusieurs élèves du lycée de Mossendjo dans le Niari (sud), originaires de Moungoundou Sud, Moungoundou Nord, Mayoko et Mbinda. Ils racontent la détresse à laquelle ils sont souvent confrontés loin de leurs parents et de leurs villes natales. Une multitude de témoignages bouleversants des élèves confrontés de plein fouet à la misère que l'on retient. Une situation aggravée par la crise économique.

Dans les villes de Moungoundou Sud, Moungoundou Nord, Mayoko et Mbinda, plusieurs enfants, soit neuf enfants sur dix, sont des enfants de familles pauvres. Et leur prise en charge au lycée construit à une centaine de kilomètres pose problème.

A Mossendjo, on explique que pour un élève, une matinée le ventre vide jusqu'au soir ou pendant plusieurs jours, c'est long et cela peut compromettre son investissement dans son travail scolaire car il ne mange pas correctement chez lui.

Plusieurs élèves ont faim et l'expriment spontanément ou se manifestent par des vols réguliers des tubercules et autres primeurs dans des plantations qui entourent la ville de Mossendjo, le chef-lieu de la région de la Nianga Louessé.

Certains énoncent spontanément le fait de ne pas avoir mangé depuis trois jours. La boite à sardine devient alors le repas de prédilection des ces élèves à la recherche de la voie du bonheur.

Face à certaines situations et difficultés observées, nombreux abdiquent et repartent chez eux par manque de soutien.

Dans ce lycée qui accueille une forte proportion d'élèves de familles pauvres originaires de Moungoundou Sud, Moungoundou Nord, Mayoko et Mbinda, la seule solution idoine reste la réouverture de l’internat, complément détruit depuis plusieurs années, pour faire face à cette grande détresse sociale.

Actuellement certains des élèves vivent dans des squats sans eau, sans électricité, d’emblée, dans des logements insalubres.

Si l'on considère divers quartiers dont nous avons une connaissance directe, on observe en effet dans les rues, qu'une large part des élèves qui fréquentent le lycée n’est pas originaire de Mossendjo.

Comment un enfant peut-il bien apprendre à l'école quand il ne mange pas à sa faim ?

En septembre dernier, la population de Mayoko dans le Niari (sud) a manifesté son mécontentement, face à ce qu’elle considère comme un « délaissement » de leur contrée. Les sages et les jeunes ont transmis leurs doléances aux élus de la ville.

Pour ce qui est des doléances, il s’agit entre autres, de la construction d’un lycée général dans le district afin d’éviter le parcours du combattant pour les élèves qui sont obligés d’aller très loin à Mossendjo.

Si cette doléance peut paraître légitime de prime abord, tout citoyen congolais ayant le droit d’espérer un mieux vivre, peut aussi comprendre qu’au fur et à mesure que la crise financière qui secoue le pays s’enlise, le gouvernement peine à respecter certains cahiers de doléances dans la mesure où les jarres de l’Etat restent toujours bien percées. La chute des cours du pétrole réduit de façon drastique les finances publiques.

En attendant donc une perfusion financière de la part du FMI qui a élevé à 120% la dette du pays, le calvaire des élèves originaires de Moungoundou Sud, Moungoundou Nord, Mayoko et Mbinda continue au lycée de Mossendjo.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville