Les congolais attendent toujours la publication de la liste des fonctionnaires fantômes

Après la première phase du recensement des fonctionnaires, lancée en octobre 2016 sur le territoire national et dans les représentations du Congo à l’étranger, les congolais attendent impatiemment la publication officielle de la liste exhaustive des fonctionnaires fantômes. Des sources dignes de foi évoquent le chiffre de 20 000 fraudeurs dans la fonction publique congolaise.

«La transparence oblige dans un pays où les autorités prônent sans cesse la rupture et la bonne gouvernance. Alors on aimerait mieux connaître, par ordre alphabétique, les noms de ces fonctionnaires fantômes et quel sera le montant des économies », nous a confié un fonctionnaire du Ministère congolais des Finances ayant requis l’anonymat.

« Au total un peu plus de 66 000 agents ont été enregistrés. C’est l’information officielle. Mais pour être complet, l’Etat doit communiquer aussi les noms des fonctionnaires fantômes, ville par ville, et région par région. Les députés doivent demander aux ministres des Finances et de la Fonction publique de faire ce travail. Il ne saurait y avoir de bonne gouvernance sans une maîtrise des effectifs de la fonction publique », a-t-il ajouté.

On rappelle que le président Denis Sassou Nguesso a parlé de rupture. Il veut en finir aussi avec le phénomène des fonctionnaires fantômes. Il a récemment instruit le gouvernement, et particulièrement les ministres des Finances et de la Fonction publique, de la nécessité que les premières mesures d’assainissement du fichier soient prises dans les meilleurs délais, afin que les cas les plus flagrants de fraude, d’absentéisme ou de dysfonctionnement manifeste soient traités dans le cadre de la liquidation des plus prochaines paies de la solde des fonctionnaires.

L’arnaque la plus répandue au Congo consiste à usurper l’identité d’une personne décédée, un membre de la famille profitant alors des lourdeurs administratives pour s’octroyer le salaire du disparu.

Les indélicats ont des profils variés : agent public recruté une seconde fois, voire plus, sous une autre identité, médecin fonctionnaire assidu à son poste en clinique privée et invisible à l’hôpital public, officiers et sous-officiers des corps habillés, enseignant… Ils sont plusieurs à profiter d’un système de gestion approximatif et archaïque.

Chaque année, les fonctionnaires fantômes coûtent plusieurs milliards de FCFA au pays.

Voulant s’attaquer aux fantômes militaires, l’ancien ministre des Finances, Roger Rigobert Andely, demanda à sa hiérarchie de lui fournir la liste intégrale des effectifs de l’armée. Mais, cette liste ne lui avait jamais été transmise jusqu’à son départ du gouvernement. Qu’à cela ne tienne, son successeur, Pacifique Issoibéka, parvint à économiser 29 milliards de francs cfa en 2009 dans sa lutte contre les employés fictifs de la fonction publique congolaise.

La première phase du recensement, réalisée du 31 octobre 2016 au 31 janvier 2017, a identifié soixante-six mille quatre cent vingt-deux (66.422) agents civils de l’Etat congolais. 39.300 d’entre eux (soit 59,14%) sont employés à Brazzaville, 8457 (soit 12 ,73%) à Pointe-Noire, 1511 dans le Kouilou, 2321 dans la Cuvette, 1088 dans la Cuvette Ouest, 1129 dans la Sangha, 741 dans la Likouala, 3520 dans le Niari, 1005 dans la Lékoumou, 1702 dans les Plateaux, 2656 dans la Bouenza, 2581 dans le Pool et 411 dans les représentations diplomatiques du Congo à l’étranger.

En définitive, le Congo doit repenser le vieux statut général de la fonction publique pour l’adapter à la situation actuelle et notamment au phénomène de fonctionnaires fantômes. Il faut également des textes réglementaires qui soient explicites sur la question. Il faut que les fonctionnaires soient informés aussi des sanctions et les peines qu’ils encourent. Cela peut contribuer grandement à freiner le phénomène.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville